Elizabeth Arden | l'Encyclopédie Canadienne

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Elizabeth Arden

Elizabeth Arden (née Florence Nightingale Graham), entrepreneure, fondatrice d’Elizabeth Arden Inc. (née le 31 décembre 1881 à Vaughan, en Ontario; décédée le 18 octobre 1966 à New York, dans l’État de New York). Elizabeth Arden est connue pour son innovation dans l’industrie et la culture des cosmétiques et de la beauté. Elle a utilisé avec succès le marketing de masse pour promouvoir ses produits et changer la perception du maquillage chez les gens (voir Publicité). Parmi sa clientèle, citons notamment des membres de la famille royale et des célébrités, comme Marilyn Monroe et Elizabeth Taylor. Malgré ses humbles débuts, elle devient l’une des plus riches femmes au monde.

Portrait d’Elizabeth Arden. Photo d’Alan Fisher, v. 1939.

Jeunesse et éducation

Elizabeth Arden, née sous le nom de Florence Nightingale Graham, est la fille de William et Susan (née Tadd) Graham, des immigrants du Royaume-Uni (voir Immigration au Canada). On en sait peu sur les premières années de Florence Arden, en raison du manque de documentation et des détails qu’elle inventera plus tard dans sa vie. Un document officiel signé en 1933 par son frère, William Pearce Graham, atteste toutefois le lieu et la date de sa naissance. Susan Graham décède alors que sa fille a six ans. Pour soutenir sa famille, William Graham occupe différents emplois, sans toutefois sortir la famille de sa situation financière précaire. Pour cette raison, Florence reçoit une éducation de base, étant contrainte de travailler dès son jeune âge. Elle devient donc tour à tour caissière, secrétaire et assistante dentaire. Elle suit brièvement une formation en soins infirmiers à Toronto, qu’elle ne terminera pas.

Débuts dans l’industrie de la beauté

En 1907 ou 1908, Florence Graham déménage à New York, où son frère, William, est déjà installé. Elle décroche alors un emploi auprès d’Eleanor Adair, une pionnière de l’industrie des cosmétiques et de la beauté dont les salons de New York, de Londres et de Paris sont destinés aux femmes de statut social élevé. Pendant ce court laps de temps passé auprès d’Eleanor Adair, Florence aurait appris à donner différents soins esthétiques, notamment les massages, les traitements faciaux, les traitements pour les yeux, les programmes de perte de poids et l’électrolyse.

Naissance d’« Elizabeth Arden »

En 1909, Florence Graham quitte son emploi auprès d’Eleanor Adair et forme un partenariat avec une autre esthéticienne, Elizabeth Hubbard. Ensemble, elles ouvrent un salon sur la 5e Avenue de New York, avec le nom d’Elizabeth Hubbard sur la vitrine. Le partenariat est toutefois de courte durée, et Florence devient rapidement la seule gestionnaire du salon. Elle décide alors de conserver le prénom d’Elizabeth, mais remplace le nom de famille par Arden, possiblement parce que son poème préféré est « Enoch Arden » (1864) de lord Alfred Tennyson. Certains avancent également qu’elle se serait inspirée du domaine Arden, appartenant à Edward Henry Harriman, un magnat des chemins de fer. Même si Florence continue d’utiliser son nom d’origine dans certains cas, elle se présente désormais comme Elizabeth Arden dans sa vie professionnelle.

Création d’un empire

L’établissement d’Elizabeth Arden, nommé le Salon d’Oro, connaît un succès immédiat. Esthéticienne talentueuse, Elizabeth Arden est également une femme d’affaires avisée et fait une promotion active de ses traitements et de ses nouveaux produits de beauté (voir Publicité). En plus de vendre par la poste ses produits, comme la crème pour les pores vénitienne et le sérum vénitien pour la pousse des cils, elle réussit à convaincre de grands magasins, comme Stern Brothers à New York, de les tenir en boutique. L’étoile montante se rend également à Paris et à Londres, où elle visite des instituts de beauté à la recherche de nouveaux produits et traitements. Elle en profite d’ailleurs pour observer comment les femmes européennes distinguées utilisent les cosmétiques. De ses voyages, elle ramène des parfums et d’autres produits de beauté à New York pour les analyser. En 1913, Elizabeth Arden agrandit sa succursale de New York et ouvre un autre Salon d’Oro à Washington DC. Elle ouvre ensuite d’autres boutiques à Boston, à San Francisco, à Palm Beach et à Detroit, en plus d’un laboratoire de produits de beauté à New York. En 1920, elle traverse l’océan et ouvre un salon à Paris. Au cours de la décennie suivante, la femme d’affaires s’installe tour à tour à Londres, à Cannes, à Biarritz, à Madrid, à Rome et à Berlin, marquant ainsi la naissance d’un empire international. Tandis que se développe son entreprise, Elizabeth Arden doit rivaliser avec des marques comme celles de Helena Rubinstein et Dorothy Gray. Réputée pour son entêtement et son caractère impitoyable en affaires, elle impose une concurrence féroce aux rivales.

Femmes remplissant des pots de crème pour le visage à l’usine de produits de beauté d’Elizabeth Arden à Toronto, v. 1959.

Révolution de la culture de la beauté

Elizabeth Arden joue un grand rôle dans la révolution et la perception publique de l’industrie de la beauté, surtout en Amérique du Nord. Avant les années 1920, le maquillage, surtout appliqué en couches épaisses, est jugé peu convenable et est signe de manquements moraux puisqu’il est surtout associé aux travailleuses du sexe et aux femmes de classes sociales inférieures. Elizabeth Arden est l’une des « expertes » de la beauté qui réussit à rendre le maquillage respectable.

Avant l’avènement des produits d’Elizabeth Arden, les femmes ont seulement accès à deux couleurs de fond de teint, blanc et rose, et bon nombre de leurs produits, comme les crèmes à main, sont artisanaux. Elle introduit aussi de nouveaux produits, comme le mascara et le fard à paupières. Parmi ses articles, l’esthéticienne vend également des mentonnières spécialement conçues et d’autres accessoires de beauté. Sa gamme de produits s’élargit finalement pour inclure des shampoings, des savons, des déodorants, des sels de bain, de la poudre de talc et des crèmes dépilatoires. Elle publie également des livrets, comme « The Quest of the Beautiful » (La quête de la beauté), qui expliquent comment réaliser des traitements à la maison. Elle réussit ainsi à intégrer la culture de la beauté dans la notion d’un mode de vie sain, tout comme l’exercice, l’alimentation et le contrôle du poids. Les spas d’Elizabeth Arden, comme la Maine Chance Farm à Mount Vernon, sont les premiers établissements de leur genre à devenir des lieux de villégiature. On attribue d’ailleurs les citations suivantes à la célèbre esthéticienne : « Je veux que les gens se sentent bien et aient l’air jeunes et beaux » et « Je ne vends pas des produits de beauté, je vends de l’espoir. »

Vie personnelle, fin de vie et décès

En 1915, Elizabeth Arden épouse Thomas Jenkins Lewis, un banquier qu’elle embauche comme directeur général de son entreprise. Même si ses affaires profitent des conseils professionnels de son mari, elle ne l’autorise pas à détenir des parts dans l’entreprise. Après leur divorce en 1934, Thomas Jenkins Lewis commence à travailler pour Helena Rubinstein, une autre entrepreneure de l’industrie de la beauté. En 1942, Elizabeth Arden épouse le prince Michael Evlanoff, un immigrant russe, mais la relation se termine en divorce en 1944. Il s’agit de son dernier mariage. Aucun enfant ne naît de ces unions.

Passionnée de chevaux de course, Elizabeth Arden est propriétaire de plusieurs pur-sang (voir Courses de pur-sang). En 1945, ses chevaux remportent 589 170 $ sur le circuit. L’un de ses pur-sang, Jet Pilot, remporte quant à lui le derby du Kentucky de 1947. En raison de son implication dans la course de chevaux, Elizabeth Arden paraît sur la couverture de l’édition de mai 1946 du magazine TIME.

Se positionnant en faveur du mouvement des suffragettes, Elizabeth Arden marche aux côtés de celles-ci en 1912. (Voir aussi Droit de vote des femmes au Canada.) Beaucoup soutiennent qu’elle distribue à cette occasion des rouges à lèvres de couleur rouge aux autres marcheuses en signe de solidarité, mais aucun document ne permet de le prouver. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Elizabeth Arden met sur pied une gamme de produits spéciale pour les femmes réalisant un service militaire (voir Femmes dans les forces armées). Elle finance également des œuvres de bienfaisance, comme la Croix-Rouge. En 1962, le gouvernement français lui décerne la Légion d’honneur en reconnaissance de sa contribution à l’industrie des cosmétiques. Elizabeth Arden décède en raison de complications découlant d’une crise cardiaque.

Liens externes