Harry DeWolf | l'Encyclopédie Canadienne

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Harry DeWolf

Harry George DeWolf, officier de marine et ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, vice‑amiral, chef d’état‑major de la Force maritime, Marine royale canadienne (né le 26 juin 1903, à Bedford, en Nouvelle‑Écosse). Harry DeWolf est surtout connu pour avoir commandé le NCSM Haida, l’un des huit destroyers canadiens de la classe Tribal ayant servi pendant la Deuxième Guerre mondiale. Entré dans la Marine royale canadienne en 1918, il a pris sa retraite en 1961. Une nouvelle classe de patrouilleurs hauturiers a été nommée en son honneur.

Le commandant H.G. DeWolf

Le Capitaine de frégate H.G. DeWolf, commandant du NCSM Haida, sur le pont du bâtiment, en Angleterre, le 18 septembre 1943.
(Photo par le Lt Herbert J. Nott, Canada. Ministère de la Défense nationale, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA‑141695).

Début de carrière dans la Marine royale canadienne

Harry DeWolf naît en 1903, à Bedford, en Nouvelle‑Écosse. Il est âgé de 15 ans lorsqu’il intègre la Marine royale canadienne, en tant que cadet, au Collège royal de la Marine du Canada, à Esquimalt, en Colombie‑Britannique. Entre 1921 et 1925, il parfait sa formation et son entrainement au sein de la Royal Navy. Il revient au Canada en 1925 et devient membre de l’équipage du NCSM Patriot, l’un des deux destroyers canadiens. Ultérieurement, il sera notamment affecté, en tant que lieutenant (second) sur les destroyers NCSM Vancouver, en 1932, et Skeena, en 1933. En 1934, il est promu capitaine de corvette et, en 1935, il est nommé directeur adjoint du renseignement et des plans au Quartier général de la Défense nationale, à Ottawa.

Deuxième Guerre mondiale

Peu de temps après le début de la Deuxième Guerre mondiale, le Capitaine de corvette Harry DeWolf est nommé commandant du NCSM St. Laurent. Ce bâtiment remplit des missions d’accompagnement de convois à partir de Halifax (voir Bataille de l’Atlantique), jusqu’à ce qu’il soit chargé de l’évacuation de Dunkerque, fin mai / début juin 1940. (Pour de plus amples renseignements sur Dunkerque, voir James Campbell Clouston.) En juillet 1940, alors que son bâtiment accomplit une mission anti‑sous‑marine, à l’ouest des côtes irlandaises, Harry DeWolf réussit à sauver 857 survivants d’un paquebot britannique qui avait été torpillé, l’Arandora Star. Ce navire transportait des prisonniers de guerre et des étrangers internés, allemands et italiens, de Liverpool, en Angleterre, à St. John’s, à Terre‑Neuve, quand il a été coulé par un sous‑marin allemand. Au total, 805 personnes, qui se trouvaient à bord du navire, sont décédées. Le Capitaine de corvette Harry DeWolf, cité à deux reprises à l’ordre du jour, en 1940, est promu capitaine de frégate.

À la suite de cette promotion, il est nommé officier d’état‑major – opérations auprès du commandant, côte atlantique, un poste auquel il est, lui‑même, promu en 1941. L’année suivante, il rejoint le Quartier général du service naval (QGSN), en tant que directeur des plans.

Le saviez-vous?
Harry DeWolf a été l’un des officiers de la Marine les plus décorés du Canada. Ironiquement, il a souffert du mal de mer pendant toute sa carrière de marin, déclarant que, lorsqu’il était sur un navire, il ne pouvait dormir qu’en position assise.

NCSM Haida, 1944

Équipage du NCSM Haida, Plymouth, Angleterre, le 22 mai 1944.
(Photo par le Lt Richard Graham Arless, Canada. Ministère de la Défense nationale, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA‑176124).

NCSM Haida

En 1943, Harry DeWolf est nommé commandant du NCSM Haida, l’un des huit destroyers de la classe Tribal de la Marine royale canadienne, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le Haida commence par escorter des convois de ravitaillement jusqu’au port arctique de Mourmansk, en Union soviétique, avant de partir patrouiller dans la Manche, en 1944, dans le cadre des préparatifs du Débarquement allié en Normandie. Sous l’autorité de son commandant, le Haida, surnommé « Hard‑Over Harry » (« Harry la barre toute »), en raison de ses manœuvres spectaculaires et de sa capacité à virer de bord dans les angles les plus serrés, coule plus d’une douzaine de navires ennemis, un record pour un bâtiment canadien. Cependant, les Britanniques critiquent Harry DeWolf pour s’être montré trop « tenace » lors du naufrage du croiseur de guerre allemand Scharnhorst, un épisode qui a valu au Haida son premier honneur de guerre pour sa première « victime ». L’ancien commandant du Haida, alors âgé de 95 ans, réfléchit à ce qui s’est passé alors, à l’occasion d’un documentaire de 1999, Sinking Ships and Saving Men, sur le bâtiment qu’il commandait. Il explique que la critique dont il avait fait l’objet à l’époque était juste, car les bombardements s’étaient poursuivis trop longtemps, les Canadiens souhaitant être sûrs qu’ils avaient bien coulé le bâtiment ennemi, ajoutant que, selon lui, cette conduite impitoyable était essentiellement motivée par la peur.

Harry DeWolf est également connu pour avoir secouru les survivants du navire‑parent du Haida, le NCSM Athabaskan, qui, touché par une torpille allemande, avait coulé au cours de la nuit du 29 au 30 avril 1944. À l’approche du Jour J, les destroyers canadiens partent régulièrement de nuit de Plymouth, en Angleterre, pour chasser les navires ennemis de la Manche. Après le naufrage de l’Athabaskan, le capitaine du Haida poursuit un destroyer allemand, le forçant à s’échouer sur la côte française, et en endommage un autre. Avec son équipage, il récupère ensuite 42 marins de l’Athabaskan, en s’arrêtant brièvement sur les lieux de la catastrophe. Toutefois, alors que le soleil est sur le point de se lever, et que des hommes sont encore à la mer, il ordonne un retrait, inquiet que le Haida puisse se transformer en une cible facile pour les bombardiers allemands opérant en piqué. Il déclarera plus tard : « Nous avions déjà perdu un bâtiment, nous ne pouvions pas nous permettre d’en perdre un autre », ajoutant qu’il était plus facile de donner un tel ordre depuis le pont (où il ne pouvait pas voir les visages des hommes qu’il devait abandonner à leur triste sort). Le naufrage de l’Athabaskan fera 128 victimes, 85 autres hommes étant secourus par les Allemands et faits prisonniers de guerre.

NCSM Haida, patrouilleur motorisé, 1944

Le patrouilleur motorisé du NCSM Haida qui a été utilisé pour secourir les survivants du naufrage du NCSM Athabaskan, le 29 avril 1944. De gauche à droite : le graisseur William Cummins, le Matelot de 1re classe William MacLure, le Matelot de 2e classe Jack Hannam.
(Photo par le Lt William Sclater, Canada. Ministère de la Défense nationale, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA‑152033).

L’un des survivants, Bill Connolly, a été interviewé pour le documentaire sur le Haida, expliquant qu’il était en train de nager vers le navire et ne se trouvait plus qu’à 6 m, lorsque le bâtiment salvateur s’est éloigné. Des années plus tard, il racontera sa rencontre avec Harry DeWolf lors d’une cérémonie de la Marine, précisant que ce dernier s’était excusé de l’avoir laissé à la mer, et qu’il lui avait tout de même serré la main, en disant qu’il lui avait pardonné. Dans le documentaire, Bill Connolly fait remarquer que, selon lui, le Haida n’aurait pas dû rester aussi longtemps et que son commandant avait pris une décision insensée en ne s’éloignant pas plus rapidement.

Malgré ses succès au combat, Harry DeWolf ne considérait pas la guerre comme une période glorieuse. Ultérieurement, il se souviendra avoir été hanté, à chaque fois que Noël revenait, par l’idée que des familles allemandes n’avaient pas été en mesure de célébrer la fête réunies, parce que les pères étaient absents à cause de lui. Selon Fred Ware, un opérateur radio ayant travaillé sur le Haida, sous les ordres de son commandant : « Il avait une aura de gentillesse et de bienveillance… en toutes circonstances, il faisait le bon choix. »

Harry DeWolf

Le Capitaine de frégate Harry G. DeWolf, commandant du destroyer NCSM Haida, sur le pont du bâtiment, le 5 mai 1944.
(Photo par le Maître Guy J.A. Goulet, Canada. Ministère de la Défense nationale, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA‑134298).

Carrière ultérieure

En 1944, Harry DeWolf est promu au grade de capitaine de vaisseau. Il obtient le grade de commodore en 1947, prenant le commandement des porte‑avions NCSM Warrior, en 1947, et NCSM Magnificent, en 1948. Après sa promotion, au rang de contre‑amiral, en 1948, il est nommé officier général – Côte du Pacifique. Deux ans plus tard, il est nommé Vice‑chef d’état‑major de la Force maritime. En 1952, il devient conseiller militaire principal de l’ambassadeur du Canada aux États‑Unis et président de l’état‑major interarmées de l’Armée canadienne, à Washington. Il est promu vice‑amiral, en 1956, et nommé Chef d’état‑major de la Force maritime. Il est honorablement libéré de la Marine royale canadienne, en 1961, après plus de quatre décennies de service.

Décès et héritage

Harry DeWolf décède le 18 décembre 2000, à l’âge de 97 ans. Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreux honneurs et de nombreuses récompenses (voir liste ci‑dessous). Le parc Amiral‑Harry‑DeWolf, un parc au bord de l’eau à Bedford, en Nouvelle‑Écosse, porte son nom. Une nouvelle classe de patrouilleurs hauturiers est également nommée en son honneur. Le premier navire de la classe Harry DeWolf, le NCSM Harry DeWolf, est livré à la Marine royale canadienne, en juillet 2020.

Distinctions et récompenses

Compagnon de l’Ordre du service distingué (1944)
Croix du service distingué (1944)
Commandeur du Most Excellent Order of the British Empire (1946)
Officier diplômé, Légion du Mérite (1946)
Officier, Légion d’honneur (1947)
Croix de la Libération du roi Haakon VII (1948)
Médaille du couronnement de la reine Elizabeth II (1953)