Philippe Falardeau | l'Encyclopédie Canadienne

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Philippe Falardeau

Philippe Falardeau, cinéaste et scénariste (né le 1er février 1968 à Hull, au Québec). Philippe Falardeau est l’un des cinéastes québécois contemporains les plus accomplis et acclamés. Ses films La Moitié gauche du frigo (2000), Congorama (2006), C’est pas moi je le jure! (2008) et Guibord s’en va-t-en guerre (2015), récipiendaires de plusieurs prix, sont des comédies dramatiques légères à fort caractère social. La percée internationale de Philippe Falardeau survient avec Monsieur Lazhar (2011), qui lui vaut une nomination aux Oscars ainsi que de nombreux prix, dont un prix Génie et un prix Jutra (aujourd’hui, prix Iris) pour le meilleur film, la réalisation et le scénario. Philippe Falardeau est au nombre des réalisateurs québécois ayant connu le succès à Hollywood, avec ses films Le beau mensonge (2014) et Chuck (2017).

Formation et début de carrière

Après des études en sciences politiques à l’Université d’Ottawa, Philippe Falardeau est retenu comme candidat à l’émission « La Course destination monde » en 1993. Aux côtés des autres concurrents, il doit parcourir le monde et réaliser 20 courts métrages dans un délai de six mois. Il remporte la compétition, en plus de se voir remettre un prix décerné par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI).

En 1997, Philippe Falardeau réalise pour l’Office national du film (ONF) Pâté chinois, un documentaire portant sur l’immigration chinoise au Canada. Le film est présenté au Festival des films du monde la même année et remporte le prix du meilleur scénario au Yorkton Film Festival.

La Moitié gauche du frigo (2000)

Philippe Falardeau entame sa carrière de cinéaste de longs métrages avec La moitié gauche du frigo, en 2000, dont il écrit également le scénario. Satire sociale ludique racontant l’histoire d’un activiste politique qui produit un documentaire sur son colocataire et sa recherche d’emploi, La Moitié gauche du frigo se veut un commentaire social mordant sur les effets naissants de la mondialisation. Le film est présenté aux quatre coins du monde et remporte de nombreux prix, dont le prix City TV du meilleur premier long métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF) et le prix Claude-Jutra (aujourd’hui, le prix Écran canadien du meilleur premier long métrage) aux prix Génie de 2001. Philippe Falardeau est aussi mis en nomination aux prix Jutra (aujourd’hui, prix Iris) pour la meilleure réalisation et le meilleur scénario.

Congorama (2006)

En 2006, Philippe Falardeau réalise Congorama, une coproduction québécoise, française et belge racontant l’histoire d’un inventeur belge qui, découvrant qu’il a été adopté, se rend au Québec pour trouver ses parents biologiques. Le film clôture le festival de Cannes et ouvre le festival des Films du monde de Montréal. Congorama se démarque par l’originalité de son scénario et reçoit nombre d’éloges. Mark Harris, chroniqueur du Georgia Straight, écrit que « bien qu’on ne puisse nier que Congorama est un film léger, cette légèreté est compensée par une ingéniosité telle qu’on se trouve parfois à la limite du génie. » Le film est couronné meilleur film canadien au Atlantic Film Festival d’Halifax et remporte le prix Génie du meilleur scénario original. Lors de la Soirée des Jutra 2007 (aujourd’hui, prix Iris), il remporte cinq prix, dont celui du meilleur film, celui du meilleur scénario et celui de la meilleure réalisation.

C’est pas moi je le jure! (2008)

Philippe Falardeau réalise ensuite un autre film à succès, C’est pas moi je le jure!, une adaptation d’un roman de Bruno Hébert. Drame humoristique racontant l’histoire d’un garçon de 10 ans qui enchaîne les mauvais coups après le départ de sa mère en Grèce pour l’été, le film est présenté dans plus de 40 pays et remporte une douzaine de prix internationaux, dont le grand prix du festival du film de Berlin et le prix du meilleur film canadien au Atlantic Film Festival. On compare C’est pas moi je le jure! au film Léolo (1992) de Jean-Claude Lauzon, un classique portant lui aussi sur le passage à l’âge adulte. Comme Brian D. Johnson l’écrit dans les pages du magazine Maclean’s, « le film n’est pas aussi ambitieux que le chef-d’œuvre de Lauzon dans sa vision ou sa virtuosité, mais, à certains égards, il semble provenir de la même source, nous rappelant ce qui fait du cinéma québécois un cinéma si unique ».


Monsieur Lazhar (2011)

Avec Monsieur Lazhar, une adaptation de la pièce Bachir Lazhar de la dramaturge québécoise Evelyne de La Chenelière qu’il réalise en 2011, Philippe Falardeau est au sommet de sa gloire, tant du point de vue commercial que de la critique. Le film retrace la vie d’un immigrant algérien à Montréal, suppléant dans une école primaire, et décrit le parcours qu’il doit emprunter pour refaire sa vie après une tragédie dans son pays d’origine, ainsi que son adaptation à sa nouvelle terre d’accueil. Le suppléant algérien jouera un rôle déterminant dans la vie de ses nouveaux élèves, en deuil à la suite du suicide tragique de leur enseignante.

Avec son histoire douce-amère, racontée avec sensibilité et retenue, Monsieur Lazhar conquiert autant le cœur du public que celui de la critique. Edgar Chaput, de Sound on Sight, écrit au sujet de Monsieur Lazhar que « le film de Falardeau est sophistiqué dans son approche de différents sujets excessivement sensibles... Monsieur Lazhar aborde ces thèmes avec classe et intelligence, révélant une maturité qui devrait d’ailleurs constituer la norme pour tout film s’attaquant à de telles problématiques. » Au Globe and Mail, Jennie Punter parle d’une « œuvre cinématographique exquise, tout en humanité et en subtilité, qui aborde des thématiques d’importance » et qui « amène le public à explorer toute une gamme d’expériences humaines ».

Monsieur Lazhar remporte de nombreux prix lors de festivals internationaux, dont celui du meilleur long métrage canadien au TIFF, celui du meilleur film aux festivals de Locarno et de Valladolid et celui du public aux festivals de Rotterdam, de Locarno, de Sydney et de Washington, D.C. Il se voit également décerner des prix de la critique aux festivals de Hong Kong et de Valladolid. Il est nommé meilleur film canadien de 2011 par la Toronto Film Critics Association et est mis en nomination aux Oscars pour le prix du meilleur film de langue étrangère. Enfin, Monsieur Lazhar remporte six prix Génie et sept prix Jutra (aujourd’hui, prix Iris), dont les prix du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario aux deux galas.


Hollywood

Philippe Falardeau, rejoignant les rangs de réalisateurs québécois comme Jean-Marc Vallée et Denis Villeneuve, réalise en 2014 son premier film hollywoodien, Le beau mensonge. Le film est produit par Ron Howard et Brian Grazer. Racontant l’histoire de trois réfugiés soudanais qui, venus chercher une vie meilleure à Kansas City, reçoivent l’aide d’une employée d’une agence de placement (Reese Witherspoon), le film a droit à une réception généralement positive. Stephen Holden, du New York Times, estime que le film a une « base de décence, d’humanité et de bonne volonté qui semble absolument authentique », tandis que Chris Nashawaty, d’Entertainment Weekly, dit du film qu’il « raconte une histoire incroyablement émouvante de survie, de persévérance et d’espoir » et félicite Philippe Falardeau d’avoir su « raconter l’histoire de personnages noirs à travers l’objectif d’une vedette de cinéma blanche ». 

Succédera à ce film au succès modeste Chuck (2017), un film de sport sur le boxeur professionnel Chuck Wepner, ayant servi d’inspiration au personnage de Rocky Balboa. Mettant en vedette Liev Schreiber et Naomi Watts, le film est présenté en première au Festival du film de Venise et projeté au TIFF. Il reçoit des commentaires généralement positifs lors de son lancement commercial. Le Hollywood Reporter décrit Chuck comme un « film biographique sans prétention qui vous bouleversera tout doucement ».

Guibord s’en va-t-en guerre (2015)

 

Entre ces deux productions hollywoodiennes, Philippe Falardeau renoue avec les longs métrages francophones et la satire sociale avec Guibord s’en va-t-en guerre (2015), une comédie politique racontant l’histoire d’un immigrant haïtien qui aide un député québécois (Patrick Huard) alors qu’il s’apprête à trancher le vote sur une proposition d’engagement militaire. Le film reçoit une mention spéciale du jury au TIFF, ainsi que plusieurs nominations aux prix Écrans canadiens, pour le meilleur film et le meilleur scénario original. Il remporte également le prix Jutra du meilleur acteur de soutien et de la meilleure musique originale.


Autres projets

On annonce en mai 2018 que Philippe Falardeau écrira et réalisera l’adaptation au grand écran du roman My Salinger Year de Joanna Rakoff, qui raconte l’histoire d’une étudiante qui travaille comme assistante pour le célèbre auteur J.D. Salinger. Le film sera produit par Luc Déry et Kim McCraw.

Prix

Prix Génie

  • Prix Claude-Jutra (La Moitié gauche du frigo) (2001)
  • Meilleur scénario original (Congorama) (2007)
  • Meilleure adaptation cinématographique (Monsieur Lazhar) (2012)
  • Meilleure réalisation (Monsieur Lazhar) (2012)

Prix Iris

  • Meilleure réalisation (Congorama) (2007)
  • Meilleur scénario (Monsieur Lazhar) (2012)
  • Meilleure réalisation (Monsieur Lazhar) (2012)
  • Meilleur film international (Monsieur Lazhar) (2013)

Festival international du film de Toronto

  • Meilleur premier long métrage canadien (La Moitié gauche du frigo) (2000)
  • Meilleur long métrage canadien (Monsieur Lazhar) (2011)
  • Mention spéciale du jury – Meilleur long métrage canadien (Guibord s’en va-t-en guerre) (2015)

Autres

  • Prix spécial du jury (Congorama), London Canadian Film Festival (2007)
  • Meilleur film canadien (C’est pas moi je le jure!), Atlantic Film Festival (2008)
  • Grand prix (C’est pas moi je le jure!), Festival international du film de Berlin (2009)
  • Prix Crystal Bear (C’est pas moi je le jure!), Festival international du film de Berlin (2009)
  • Prix Variety Piazza Grande (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Locarno (2011)
  • Prix du public (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Locarno (2011)
  • Meilleur scénario (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Valladolid (2011)
  • Meilleur film (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Valladolid (2011)
  • Réalisateur à surveiller (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Palm Springs (2012)
  • Prix SIGNIS (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Hong Kong (2012)
  • Meilleur scénario (Monsieur Lazhar), Festival international du film RiverRun (2012)
  • Meilleur long métrage de fiction (Monsieur Lazhar), Festival international du film RiverRun (2012)
  • Prix du public (Monsieur Lazhar), Festival international du film de Rotterdam (2012)
  • Meilleur long métrage (Monsieur Lazhar), Washington DC Filmfest (2012)
  • Prix spécial du jury (Le beau mensonge), Festival du film de Deauville (2014)
  • Meilleur long métrage (Le beau mensonge), Festival du film Real to Reel de Winnipeg (2015)