Bataille de Sainte-Foy | l'Encyclopédie Canadienne

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Bataille de Sainte-Foy

La bataille de Sainte-Foy est un affrontement survenu le 28 avril 1760 sur les hauteurs de Québec entre les armées britannique et française au cours de la guerre de Sept Ans. Elle oppose les 7 000 hommes du général français François-Gaston de Lévis aux 3 400 soldats du général James Murray dans un violent combat qui se conclut par une importante victoire française. Après la bataille, les Français mènent un siège infructueux contre la ville de Québec et sont finalement forcés à la retraite par l’arrivée de renforts britanniques sur le fleuve Saint-Laurent.

Une situation précaire

Au lendemain de la capitulation de la ville de Québec, le 18 septembre 1759, les armées française et britannique se retrouvent toutes deux dans une situation précaire. La bataille des plaines d’Abraham, survenue quelques jours plus tôt, a causé la mort des deux généraux ennemis, Louis-Joseph de Montcalm et James Wolfe, laissant leur état-major respectif prendre le relais.

Les Britanniques ont conquis la ville, mais cette dernière est en partie détruite en raison des bombardements intensifs qu’elle a subis pendant l’été. De plus, le pillage des récoltes et du bétail environnants auquel se sont livrés les Britanniques pendant le siège de Québec a aggravé l’état de famine qui sévissait déjà dans la colonie. Hormis quelques navires, la flotte britannique se retire pour aller mouiller à Halifax. Une garnison de 7 000 hommes demeure à Québec sous le commandement du colonel James Murray, qui devient commandant britannique de la ville. L’hiver est difficile pour ces hommes que le scorbut, la fièvre et la dysenterie déciment. Le nombre de soldats valides est réduit à 4 000. Malgré les pertes, James Murray utilise ses forces pour améliorer les défenses de la ville. Il fait construire des fortifications supplémentaires, incluant une série de petits forts en bois appelés blockhaus.

Du côté français, la situation est délicate mais prometteuse. Le moral des troupes est bas après la défaite de la bataille des plaines d’Abraham et l’armée est désorganisée. Or, bien qu’affaiblie, l’armée française demeure une force considérable. À la mort du général Louis-Joseph de Montcalm, le commandement des troupes échoit au chevalier François-Gaston de Lévis, un officier ambitieux et compétent. Aussitôt promu, ce dernier rassemble l’armée en déroute et la fait marcher sur la ville. C’est lors de cette marche qu’il apprend la reddition de la ville. Il doit se résigner à rebrousser chemin et passer l’hiver à Montréal avec ses troupes.

Le saviez-vous?
La coutume militaire du 18e siècle commande un respect mutuel entre les officiers qui s’affrontent. Ces militaires sont le plus souvent issus de la noblesse et ont bénéficié d’une éducation supérieure qui se traduit dans leurs comportements, y compris sur les champs de bataille.

Pendant l’hiver 1760, James Murray et François-Gaston de Lévis entretiennent une correspondance polie, notamment sur la question d’échanges de prisonniers. François-Gaston de Lévis fait même parvenir à James Murray une quantité de remèdes contre le scorbut, et ce dernier répond en lui envoyant un fromage du Cheshire.


Bataille de Sainte-Foy

Le 20 avril 1760, François-Gaston de Lévis met son armée en branle et marche vers Québec. Il dispose d’environ 7 000 hommes, dont près de la moitié sont des soldats réguliers, le reste étant composé de miliciens et d’alliés autochtones. Il veut reprendre la ville rapidement avant la fonte des glaces afin de surprendre la garnison britannique. James Murray a vent de l’avance des Français et il rapatrie ses détachements avancés de Lorette et de Sainte-Foy pour concentrer ses forces à Québec. Malgré cela, il ne peut déployer que 3 400 hommes pour faire face aux Français. Il dispose cependant d’une puissante artillerie de 22 canons qu’il aligne sur les hauteurs des buttes à Neveu, l’endroit le plus surélevé des environs. La bataille aura lieu un peu plus à l’ouest que l’endroit où s’est déroulée la bataille des plaines d’Abraham, mais cette fois la situation est inversée : ce sont les Britanniques qui défendront Québec.

Le 28 avril 1760, les premières colonnes de l’armée française émergent du bois de Sillery et apparaissent sur le champ de bataille. L’armée britannique est déjà en formation. James Murray est impatient et désire attaquer avant que les Français ne puissent se déployer en ordre de bataille. Espérant déjouer son adversaire, il ordonne une attaque immédiate. En faisant ainsi avancer ses hommes sous le rayon du tir des canons, il ne peut plus utiliser son artillerie et perd un avantage tactique considérable.

La stratégie remporte un certain succès : l’officier François-Charles de Bourlamaque, qui commande l’avant-garde de l’armée française, est surpris et bousculé. Il ne peut déployer ses troupes correctement et essuie de fortes pertes. Mais après la confusion des premières minutes, la situation se redresse. Les troupes de la Marine et la milice canadienne, qui connaissent bien les sentiers environnants, arrivent en renfort et se jettent dans la mêlée, chargeant leurs ennemis à la baïonnette. Ce choc terrible brise l’élan des Britanniques. Progressivement, les deux armées se reforment l’une face à l’autre, à peu près là où se trouve aujourd’hui l’avenue des Braves dans le quartier Montcalm de Québec, une rue dont le nom commémore ceux qui ont sacrifié leur vie lors de cet affrontement.

Lors des batailles rangées du 18e siècle, les adversaires déployaient leurs troupes en lignes – deux ou trois de profondeur – et échangeaient des volées de balles jusqu’à ce que l’un ou l’autre engage une charge à la baïonnette. Mais au nord du champ de bataille, près du moulin Dumont situé sur le chemin Sainte-Foy, les combats sont particulièrement violents. Avec ses murs épais et sa hauteur de 10 mètres, le moulin constitue un lieu stratégique convoité. Les grenadiers français s’empressent de l‘occuper dès le début de la bataille, mais ils sont vite délogés par l’infanterie légère britannique. Les troupes du régiment de Béarn reprennent ensuite le moulin d’assaut pour être repoussées par les grenadiers du 35e régiment d’infanterie britannique.

Pendant que ses hommes tiennent les Britanniques occupés sur son flanc gauche, le général François-Gaston de Lévis porte une attaque sur sa droite et entame une manœuvre d’encerclement. La poussée de l’armée française est si vive que le front britannique commence à plier sous la pression. Après trois heures de combats acharnés, James Murray doit finalement se résigner à sonner la retraite. Les Britanniques se réfugient à l’intérieur des murs de la ville. Les Français sont victorieux, mais le prix de cette victoire est élevé.

Bilan et conséquences de la bataille

Le bilan de la bataille de Sainte-Foy est plus élevé que celui de la bataille des plaines d’Abraham. Du côté français, on déplore 193 soldats tués et 640 blessés. Chez les Britanniques, on compte 229 tués, 857 blessés et 53 soldats faits prisonniers. La victoire donne espoir aux Français de reprendre la ville de Québec, mais il faut faire vite, car les deux armées attendent des renforts d’Europe.

François-Gaston de Lévis ordonne de mettre la ville en état de siège. Il fait creuser des tranchées et installer des batteries de canons à portée des remparts. Lévis connaît bien les faiblesses des fortifications et concentre ses tirs sur le bastion de la Glacière, où se trouve une casemate. Or, les canons dont il dispose ne sont pas assez puissants pour percer les murs. Pire, le manque de poudre le force à réduire les tirs à seulement 20 par jour. Des remparts, les Britanniques bombardent les positions françaises et causent des dégâts considérables. Finalement, l’arrivée de vaisseaux britanniques achève de réduire les espoirs de François-Gaston de Lévis à néant. Il fait lever le siège et ordonne une retraite vers Montréal.

Lévis, François-Gaston de

La bataille de Sainte-Foy constitue le dernier affrontement entre Français et Britanniques dans la vallée du Saint-Laurent pendant la guerre de Sept Ans. Considérablement affaiblie et ne pouvant plus compter sur le soutien de la métropole, l’armée française est réduite à 2 100 hommes. Elle se retrouve rapidement encerclée par trois armées britanniques comptant 18 000 soldats qui convergent vers Montréal. La ville capitule le 8 septembre 1760. (Voir Capitulation de Montréal, 1760.)