Coalition Avenir Québec (CAQ) | l'Encyclopédie Canadienne

article

Coalition Avenir Québec (CAQ)

La Coalition Avenir Québec (CAQ) est un parti politique québécois fondé en 2011 par Charles Sirois et François Legault, ancien député et ministre du Parti Québécois. Situé au centre et à droite de l’échiquier politique, ce parti a fusionné en 2012 avec l’Action démocratique du Québec (ADQ). À l’issue du scrutin du 1er octobre 2018, la Coalition avenir Québec est appelée à former un gouvernement majoritaire. Suite à une victoire décisive lors des élections de 2022, la CAQ forme un deuxième gouvernement majoritaire avec 90 députés.

François Legault
Par Jimmy Hamelin (Coalition pour l'avenir du Québec), Wikimedia Commons

Fondation de la Coalition Avenir Québec

Le 21 février 2011, Charles Sirois et François Legault, ancien député et ministre au sein du cabinet du Parti québécois, mettent sur pied un organisme sans but lucratif, la Coalition pour l'avenir du Québec. L’objectif est de relancer le Québec, qu'ils jugent inerte et ancré dans les vieilles querelles de partis. La Coalition entreprend alors une tournée des 17 régions administratives de la province afin de promouvoir ses idées.

Le 4 novembre 2011, la Coalition devient un parti politique autorisé par le Directeur général des élections du Québec en vertu de la Loi électorale. Elle prend le nom de Coalition Avenir Québec (CAQ). Quelques semaines plus tard, l’exécutif de l’Action démocratique du Québec décide de fusionner avec la CAQ. Cette décision est entérinée par un référendum tenu auprès des membres en janvier 2012. La fusion entre les deux formations politiques est effective le 14 février 2012. Entretemps, quatre députés indépendants décident de rallier la CAQ. Il s’agit des ex-adéquistes Éric Caire et Marc Picard, ainsi que des ex-péquistes Daniel Rattée et Benoît Charrette. Au début de l’année 2012, un député du Parti québécois, François Rebello, quitte également son caucus afin de rejoindre la CAQ.

La plateforme du parti compte cinq priorités : la valorisation de l'éducation, l'accessibilité à un système de santé fiable, le développement d'une économie de propriétaires, le rayonnement de la culture québécoise et l'intégrité de la vie publique. Le cinquième objectif fait bien entendu référence aux allégations de collusion dans le milieu de la construction et aux liens possibles entre cette industrie, le crime organisé et le financement des partis politiques. Ce dossier explosif conduit d’ailleurs à la formation d’une Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (plus communément appelée la Commission Charbonneau) le 19 octobre 2011.

Élections provinciales de 2012

Lors de la campagne électorale de l’été 2012, François Legault affirme que son parti ne fera la promotion d'aucune position constitutionnelle, qu'elle soit souverainiste (un changement de cap majeur pour Legault qui s'affichait comme un ardent souverainiste) ou fédéraliste, et ce, parce qu’il considère que le Québec fait face à des défis beaucoup plus urgents, tels que la santé, l’éducation et le développement économique (voir Séparatisme).

Venant s'interposer entre les deux routiers politiques que sont Jean Charest et Pauline Marois, Legault présente une équipe de 125 candidats. Il propose aux électeurs québécois de faire « un grand ménage » dans le but de vaincre la corruption et de favoriser la transparence des institutions publiques. La CAQ compte d’ailleurs sur un candidat vedette, l’ex-policier Jacques Duchesneau, afin de rallier l’électorat sur le thème de l’intégrité. Aux élections du 4 septembre, la vague caquiste annoncée par les médias n'a pas lieu et le parti ne fait élire que 19 députés sur les 125 que compte l’Assemblée nationale. En revanche, la CAQ récolte 27 % des suffrages, soit quelques points derrière le Parti libéral du Québec (31,2 %) appelé à former l’Opposition officielle face au gouvernement péquiste élu.

Controverses

À l’automne 2013, la CAQ se voit contrainte de défendre l’héritage politique de Mario Dumont et de l’ADQ à la suite d’allégations de financement illégal. En effet, une enquête du Directeur général des élections montre que l’ADQ, comme les autres partis politiques québécois, a possiblement eu recours à la stratégie des prête-noms pour financer ses activités politiques. Afin de contrer cette révélation, qui a pour effet de jeter un doute sur l’intégrité d’un parti qui a fait de cette question son cheval de bataille, la CAQ propose, au début octobre 2013, de rembourser au nom de l’ADQ toute somme acquise par l'entremise de prête-noms qui contrevient à la loi sur le financement des partis politiques.

Au même moment, le Québec est divisé par le projet d’une Charte des valeurs québécoises proposée par le gouvernement de Pauline Marois. Le Projet de loi 60 déposé à l’Assemblée nationale le 7 novembre 2013, par le ministre Bernard Drainville, propose d’interdire le port de tout signe religieux visible et à caractère démonstratif chez les fonctionnaires de l’État québécois. En réponse à ce débat, la CAQ et le Parti libéral du Québec font une proposition surprenante aux yeux de plusieurs observateurs politiques, soit celle d’accueillir des candidates qui portent le tchador au sein de leur formation politique respective. Les deux partis nuancent cependant cette position dans les semaines qui suivent.

Héritage : le projet Saint-Laurent

En octobre 2013, le chef du parti, François Legault publie un ouvrage intitulé Cap sur un Québec gagnant : Le Projet Saint-Laurent.Dans celui-ci, il invite les Québécois à faire de la vallée du Saint-Laurent un lieu d’innovation, d’éducation de haut niveau et d’entrepreneuriat. Legault y propose de reproduire en quelque sorte le modèle de la Silicon Valley en Californie et de faire du fleuve, et de la voie maritime du Saint-Laurent, la pierre angulaire du développement économique du Québec.

Élections provinciales de 2014

Le Projet Saint-Laurent sert d’ailleurs de plateforme lors de la campagne électorale du printemps 2014. Bien que la CAQ récolte des suffrages moins importants que lors de l’élection précédente (23 % contre 27 % en 2012) et qu’elle perd quatre circonscriptions dans la région de Québec, elle fait élire 22 députés (soit trois députés de plus qu’en 2012) et réussit une percée dans la couronne de l’île de Montréal aux dépens du Parti québécois. Alors que le Parti libéral dirigé par Philippe Couillard est appelé à former le nouveau gouvernement, le Parti québécois est relégué au rang d’Opposition officielle. La CAQ demeure le troisième parti en importance à l’Assemblée nationale.

Élections provinciales de 2018

Le 23 août 2018, le premier ministre Philippe Couillard déclenche les élections pour le 1er octobre 2018. Il s’agit de la première élection à date fixe à se tenir au Québec.

La Coalition avenir Québec fait campagne avec pour slogan un mot tout simple : Maintenant. Le programme électoral prévoit notamment dans le secteur de l’éducation une baisse des taxes scolaires et la prématernelle universelle et gratuite pour les enfants de quatre ans. En matière de santé, l’équipe de François Legault promet davantage d’accès aux soins de première ligne et une prise en charge des patients dans des délais raisonnables par les médecins de famille. Les propositions de réduire les seuils d’immigrants à 40 000, soit une baisse de 23,5 % par rapport à 2017 (voir aussi Politique d’immigration du Québec), et l’obligation pour les nouveaux arrivants de réussir un test de connaissance des valeurs québécoises ainsi qu’un examen de langue française après quatre ans sèment la controverse.

À l’issue du scrutin du 1er octobre, la Coalition avenir Québec est appelée à former un gouvernement majoritaire. Cette victoire met fin à l’alternance du PLQ et du PQ qui avait cours depuis l’élection du Parti libéral de Robert Bourassa en 1970. Avec 74 députés élus sur 125 et 37,42 % des suffrages exprimés (soit 52 sièges de plus qu’à l’élection précédente), la formation politique de François Legault est loin devant ses principaux adversaires. En effet, le Parti libéral ne fait élire que 31 députés (donc 39 de moins qu’en 2014) et le Parti québécois que 10 (alors qu’il occupait 28 sièges à la dissolution de l’Assemblée nationale). Québec solidaire est le seul autre parti à faire des gains, voyant sa députation passer de 3 à 10 élus. Un nombre sans précédent de femmes sont aussi élues à l’Assemblée nationale, soit 53 (dont 28 députées caquistes), ce qui représente 42,4 % des parlementaires.

Élu dans la circonscription de L’Assomption, François Legault devient le 32e premier ministre de l’histoire du Québec.

Premier gouvernement de la CAQ

Le premier mandat de la CAQ est marqué par l’adoption controversée d’importantes lois à caractère nationaliste et identitaire. La Loi 21 (Loi sur la laïcité de l’État) impose une interdiction à certains employés de l’état en position d’autorité de porter des signes religieux. (Voir aussi La Charte des valeurs québécoises.) Le gouvernement adopte également une grande réforme de la Charte de la langue française qui vise les cégeps anglophones ainsi que l’usage du français comme langue exclusive du gouvernement et comme langue du travail dans les entreprises avec plus de 25 employés. (Voir Politiques linguistiques du Québec.) Ces politiques mobilisent l’opposition des groupes anglophones ainsi que des minorités religieuses. Les deux projets de loi sèment aussi la controverse en raison de leur emploi de la clause nonobstant qui permet d’ignorer certaines clauses de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le bilan de la CAQ en matière de la pandémie de COVID-19 est controversé. Comparé au reste du Canada, le Québec a souffert le plus grand nombre de décès en lien avec la COVID-19. Selon certaines critiques, le gouvernement de François Legault a réagi à la pandémie en adoptant des mesures particulièrement strictes. Celui-ci met en place plusieurs confinements ainsi qu’un passeport vaccinal pour les personnes souhaitant accéder à certains évènements et restaurants. La mesure la plus controversée du gouvernement est probablement l’imposition de deux couvre-feux lors de la pandémie. D’autres critiques reprochent au gouvernement de ne pas en faire assez, notamment en gardant les écoles ouvertes pendant certaines périodes de la pandémie. La gestion des centres d’hébergement de soin de longue durée (CHSLD) au début de la pandémie est particulièrement critiquée.

Élections provinciales de 2022

La CAQ débute la campagne électorale avec une énorme longueur d’avance sur ses rivaux dans les sondages. Les débats sont surtout axés sur l’immigration et la langue française, le système de santé et l’inflation. Malgré une campagne jugée malhabile par certaines critiques, la CAQ de François Legault remporte néanmoins de façon décisive les élections du 3 octobre 2022. Le parti récolte près de 41 % des votes et fait élire 90 députés sur 125 sièges disponibles. Face à la CAQ, le Parti libéral du Québec n’a que 21 députés avec moins de 14,4 % des votes alors que le Parti québécois peine à gagner 3 sièges avec 14,6 % des suffrages. Québec solidaire réussit à faire élire 11 députés et récolte environ 15,4 % des votes. Le Parti conservateur du Québec reçoit 12,9 % des suffrages, mais ne gagne aucun siège.