Fusillade de Danforth à Toronto | l'Encyclopédie Canadienne

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Fusillade de Danforth à Toronto

Peu avant 22 h dimanche 22 juillet 2018, un homme de 29 ans est entré dans un quartier animé de Toronto et a commencé à tirer sur les gens de façon aléatoire. Arpentant l’avenue Danforth, il a fait plusieurs victimes avant d’échanger des coups de feu avec la police et de retourner son arme de poing contre lui-même. Reese Fallon, 18 ans, et Julianna Kozis, 10 ans, ont trouvé la mort ce soir-là. La tuerie a également fait 13 blessés. Ce triste événement a suscité des appels en faveur d’un contrôle accru des armes à feu au Canada.

Danforth Shooting

Tuerie

Connu sous le nom de Greektown, le quartier de Toronto longeant l’avenue Danforth dans l’est de la ville est un endroit populaire pour les habitants comme pour les touristes, offrant de nombreux restaurants, cafés et boutiques. Peu avant 22 h dimanche 22 juillet 2018, le quartier déborde comme à l’habitude de groupes d’amis et de familles profitant d’une belle soirée d’été.

C’est alors qu’un homme de 29 ans, tout de noir vêtu, s’approche du parc Alexander the Great, à l’angle nord-est des avenues Danforth et Logan. Il lève son arme et tire froidement sur Reese Fallon, sa première victime, âgée de 18 ans. Il ouvre ensuite le feu sur six autres personnes avant de quitter le parc et de se diriger vers l’ouest, empruntant le côté nord de l’avenue Danforth. Il se déplace rapidement et de manière agressive sur le trottoir, brandissant son arme et vociférant à une famille qui s’y trouve de « dégager le chemin ».

Il se met alors à tirer sur les gens au hasard. Il s’immobilise plusieurs fois pour faire feu sur les occupants des restaurants et des terrasses en bordure de rue. Il traverse du côté sud de l’avenue Danforth, sans arrêter de tirer. Les gens, pris de panique, crient, courent et se mettent à l’abri à l’arrière des magasins et des restaurants. Des passants aident à déplacer les personnes blessées vers des endroits plus sécuritaires. Lorsque le tireur choisit pour cible la fenêtre du café Demetres, l’un de ses tirs atteint Julianna Kozis, 10 ans, qui déguste une crème glacée avec sa famille, venue de Markham pour explorer la ville ce jour-là. La fillette décédera plus tard à l’hôpital des suites de ses blessures.

Les services de police de Toronto réagissent rapidement. Deux officiers de police identifient le tireur et le confrontent après qu’il ait tourné sur la rue Bowden, à environ 400 m de l’endroit où le carnage a commencé. Les officiers crient en direction du tireur et échangent plusieurs coups de feu avec lui. Le tireur prend alors la fuite au coin de la rue pour se réfugier devant l’église Danforth, à l’angle Bowden-Danforth. On le retrouve sans vie sur le trottoir, une balle dans la tête.

Enquête policière

Au cours de l’enquête policière, on découvre que le tireur de 29 ans vivait chez ses parents. Mandat de perquisition en main, les policiers fouillent la résidence. Ils y trouvent de nombreuses munitions pour un fusil AK-47, ainsi que des munitions pour d’autres armes de différents calibres. L’enquête révèle également que le tireur a utilisé une arme de poing Smith & Wesson de calibre 40, fabriquée aux États-Unis et exportée légalement à Toronto en 2013, puis déclarée volée en 2016. Les enquêteurs, à défaut de pouvoir déterminer comment le tireur a obtenu son arme, confirment toutefois que celui-ci n’avait présenté aucune demande ni obtenu de permis de port d’armes. (Voir aussi Contrôle des armes à feu au Canada.)

Aucun des appareils électroniques trouvés au domicile du tireur ne révèle de liens avec des groupes terroristes ou de propagande haineuse. Le frère du tireur déclare cependant aux policiers que ce dernier avait des antécédents de maladie mentale grave et qu’il souffrait de dépression et de psychose au moment de la tuerie. On conclut donc, dans l’enquête policière, que la maladie mentale est le facteur déterminant dans cet événement. Selon les enquêteurs, on ne connaîtra probablement jamais le véritable motif du tireur.

Auteur du crime

Le tireur s’appelle Faisal Hussain. Il souffre de problèmes de santé mentale remontant – du moins, selon la documentation disponible – à 1996. Sa première interaction avec la police survient en mai 2010, lorsqu’il doit être transporté à l’hôpital après s’être lacéré le visage avec une lame de rasoir à l’école. Un mois plus tard, la police doit de nouveau intervenir à l’école pour un incident similaire. En juin 2010, on diagnostique chez Faisal Hussain un trouble de la personnalité antisociale. En février 2012, il appelle la police pour signaler des pensées suicidaires.

Mémorial de la fusillade de Danforth

Lors de la conférence de presse tenue après la fusillade, le chef de police de Toronto, Mark Saunders, décrit le tireur comme un « individu perturbé, traité cliniquement pour des actes violents contre lui-même et une expression de pensées violentes ». La dernière demande d’aide en santé mentale de Faisal Hussain remonte à mai 2014, malgré ses problèmes de longue date et les inquiétudes de la police concernant une éventuelle violence envers lui-même ou d’autres personnes. Deux jours avant l’attaque, il est arrêté à la suite d’une tentative de vol de crème glacée; aucune accusation n’est toutefois portée à cet égard.

Poursuite judiciaire

En décembre 2019, un recours collectif est déposé par des survivants et les parents de certains survivants contre Smith & Wesson, le fabricant américain de l’arme de poing utilisée lors de la tuerie. On réclame des dommages-intérêts de 150 millions de dollars. La poursuite allègue que Smith & Wesson aurait pu intégrer certains dispositifs de sécurité dans la conception de ses armes – comme le fait de permettre uniquement au propriétaire légal d’une arme donnée d’appuyer sur la gâchette –, mais a choisi de ne pas le faire. On affirme que si une telle fonction avait été mise en place, le tireur n’aurait pas été en mesure d’utiliser l’arme volée. Smith & Wesson cherche alors à faire rejeter la demande, mais en février 2021, la Cour supérieure de l’Ontario autorise la poursuite.

Héritage

Les victimes de la tuerie ont entre 10 et 59 ans. Reese Fallon et Julianna Kozis meurent, tandis que 13 autres personnes s’en tirent avec des blessures. Danielle Kane est au nombre des 13 survivants; elle a subi une fracture vertébrale et ne pourra plus jamais marcher.

Trois jours après la tuerie, des centaines de personnes se rassemblent le long de l’avenue Danforth lors d’une veillée aux chandelles pour honorer et pleurer les victimes. On observe également un moment de silence au parc où la tragédie a commencé.

La tuerie de l’avenue Danforth donne lieu à une reprise des appels en faveur d’un contrôle accru des armes à feu au Canada. Le 20 septembre 2019, le premier ministre Justin Trudeau visite le quartier Greektown de Toronto pour annoncer l’intention de son gouvernement de mettre de l’avant un projet de loi visant à interdire les armes d’assaut au Canada. C’est aux municipalités que reviendra l’autorité d’interdire les armes de poing. Le maire de la ville, John Tory, se dit satisfait de cette annonce, bien qu’il ait espéré, comme de nombreuses familles des victimes de la tuerie de l’avenue Danforth, que le premier ministre aille plus loin en interdisant les armes de poing partout au Canada.

En février 2021, le gouvernement Trudeau dépose le projet de loi C-21, la Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu). Si cette loi est adoptée, elle mettra en place un programme de rachat volontaire des armes à feu interdites, donnera aux municipalités le droit d’adopter des règlements interdisant les armes de poing et permettra aux tribunaux d’ordonner le retrait temporaire des armes à feu d’une personne pour assurer sa sécurité ou celle d’un tiers. (Voir Contrôle des armes à feu au Canada).

Voir aussi Attaques de 2020 en Nouvelle-Écosse; Fusillade à la mosquée de Québec; Fusillade sur la Colline du Parlement; Fusillade contre la police à Moncton; Tragédie de Polytechnique.