Black Lives Matter-Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Black Lives Matter-Canada

Le mouvement Black Lives Matter (BLM) est un mouvement décentralisé qui vise à mettre fin au racisme anti-noir. Il a été fondé dans une communauté en ligne aux États-Unis en 2013, en réponse à l’acquittement d’un homme qui avait tué l’adolescent Trayvon Martin. Le mouvement a déclaré que sa mission est de mettre fin à la suprématie blanche et à la violence sanctionnée par l’État, et de libérer les Noirs et leurs communautés. Le mot-clic #BlackLivesMatter a été utilisé pour attirer l’attention sur la discrimination et la violence subies par les Noirs. BLM a des chapitres aux États-Unis et à travers le monde entier. On trouve cinq chapitres au Canada: à Toronto (BLM-TO), à Vancouver (BLM-VAN), à Waterloo, à Edmonton et au Nouveau-Brunswick.

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Les manifestants de Black Lives Matter font une pause au Dundas Square de Toronto, en Ontario, suite aux décès de Regis Korchinski-Paquet et de George Floyd (2020)
(Photo de Beth Baisch, Dreamstime.com)


Origines et buts

Le 26 février 2012, durant une altercation, Georges Zimmerman tue par balle Trayvon Martin, âgé de 17 ans, à Sanford en Floride. George Zimmerman plaide la légitime défense, bien que Trayvon Martin, un adolescent noir, n’était pas armé. En 2013, George Zimmerman est acquitté du meurtre du Trayvon Martin. En réponse, Patrisse Khan-Cullors, Alicia Garza et Opal Tometi cofondent le mouvement Black Lives Matter. Le mot-clic #BlackLivesMatter est inventé par Khan-Cullors après que celui-ci ait lu un message écrit sur Facebook par Alicia Garza à la suite de l’acquittement de George Zimmerman.

En août 2014, Michael Brown, un homme noir non armé, est tué par balle à Ferguson, au Missouri, par le policier blanc Darren Wilson. Ceci projette la lumière de Black Lives Matter sur le racisme anti-noir qui circule dans les forces policières. Les activistes de BLM demandent de plus en plus la fin du racisme systémique et la suppression du financement de la police.

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On trouve cinq chapitres de Black Lives Matter au Canada : à Toronto (fondé en 2014), à Vancouver (2016), à Waterloo (2016), à Edmonton (2016) et au Nouveau-Brunswick (2020).

Les cinq chapitres partagent le mandat du mouvement original. Ils établissent des liens et travaillent avec les communautés noires, les réseaux axés sur les Noirs et les alliés. Ils déclarent que leur but est de démanteler toutes les formes d’oppression, de violence et de brutalité sanctionnées par l’État contre les Africains, les Antillais, les Noirs cis, queer, trans et handicapés. Black Lives Matter-Canada s’engage également à mettre un terme à l’islamophobie et à la suprématie blanche. Le mouvement étend son champ d’action pour inclure les peuples autochtones du Canada.

Depuis 2020, les activistes de BLM et leurs alliés font de plus en plus de demandes pour mettre un terme au financement de la police et rediriger les fonds vers d’autres services et communautés affectés par le racisme. Ceci comprend du financement pour des logements sociaux, de l’éducation, du transport en commun et la sécurité alimentaire.

Black Lives Matter-Canada : Histoire, tactiques et résultats

Le premier chapitre canadien de Black Lives Matter est crée à Toronto en 2014. En novembre, des milliers d’activistes organisent un rassemblement contre la brutalité policière à l’extérieur du consulat des États-Unis. Ils manifestent contre la mort par balle de Jermaine Carby, qui est tué par un policier de la région de Peel en Ontario, au mois de septembre, ainsi que contre la décision d’un grand jury au Missouri d’acquitter le policier qui a tué Michael Brown. Le rassemblement de Toronto est dirigé par la militante Sandy Hudson. Peu de temps après, elle crée le chapitre torontois du mouvement avec Janaya Khan. En juillet 2015, BLM-Toronto organise un rassemblement pour manifester contre les morts de Jermaine Carby et de Andrew Loku, un immigrant soudanais tué par balle par la police de Toronto, le 5 juillet 2015.

En 2016, des chapitres sont créés à Vancouver, à Edmonton, et dans la région de Waterloo. Également en 2016, BLM-Toronto organise un « sit-in » durant le défilé de la fierté gaie de Toronto. Ils protestent contre la présence de policiers en uniforme dans le défilé, et demandent plus de financement et de représentation pour les communautés racialisées. (Ces demandes ont depuis été satisfaites.)

Toujours en 2016, BLM-Vancouver décide de ne pas participer au défilé de la fierté gaie de la ville, et proteste contre l’inclusion d’un char de police. Cette même année, BLM-Edmonton organise un rassemblement pour protester contre les morts de Alton Sterling en Louisiane, et de Phillando Castille au Minnesota, tous deux abattus par les policiers. Les chapitres de Black Lives Matter au Canada continuent d’organiser des vigiles, des marches et des rassemblements, et ils ferment les rues à l’occasion.

Black Lives Matter a atteint certains de ses objectifs au Canada. Parmi ceux-ci sont inclus la reconnaissance du racisme et du préjugé de classe anti-noir au sein du Toronto District School Board (TDSB), et une formation antiracisme obligatoire à tous les niveaux du conseil. BLM-Toronto prend également part à la campagne réussie visant à retirer les agents scolaires en uniforme des écoles du TDSB. Le mouvement a également contribué à obtenir du financement et du soutien pour les jeunes queer noirs de Toronto.

Black Lives Matter crée des programmes et des espaces pour soutenir l’éducation et l’activisme. Ceci comprend la BLMTO Freedom School, un programme d’été de trois semaines, ouvert aux queer, pour les enfants noirs de la région de Toronto, ainsi que le Wildseed Centre for Activism and Art.

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Manifestation de Black Lives Matter à Queens Park, à Toronto, en Ontario (5 juin 2020).
(Photo de funguyproductions93, Dreamstime.com)


Critiques et controverses

Black Lives Matter attire l’attention du monde entier sur le racisme anti-noir et la brutalité policière contre les Noirs. Cependant, certains organismes et individus critiquent le mouvement pour ses opinions sur les forces de l’ordre et pour leurs tactiques.

Certaines critiques soutiennent que le racisme et la brutalité policière ne sont pas des problèmes importants au Canada, comparativement aux États-Unis. En fait, les comparaisons sont plus difficiles en raison du manque de données basées sur la race qui ont été recueillies par les services de police du Canada. (Depuis janvier 2020, les policiers de l’Ontario sont tenus de signaler la race des individus dans les cas où ils doivent sortir leur arme ou l’utiliser, ou lorsqu’ils sont impliqués dans une altercation causant des blessures graves.) Les demandes de Black Lives Matter et leurs alliés pour mettre un terme au financement de la police ont également été critiqués comme étant irréalistes et anti-police. Black Lives Matter soutient que le mouvement n’est pas anti-police, mais plutôt qu’il lutte pour l’égalité et la justice.

D’autres ont critiqué les tactiques du mouvement, qu’ils perçoivent comme militant et conflictuel. Par exemple, suite au rassemblement de BLM-Toronto lors du défilé de la fierté gaie de Toronto en 2016, le chapitre a été critiqué pour avoir détourné l’événement.

Certains Canadiens noirs ont également critiqué Black Lives Matter pour son élitisme et classisme; ils soutiennent que le mouvement est dirigé par, et accessible à, ceux qui ont une formation universitaire, et qu’il n’est pas représentatif de la communauté noire.

Importance

Le mouvement Black Lives Matter continue de protester contre le racisme anti-noir et la brutalité contre les Noirs, et de véhiculer de l’information sur le sujet. En 2020, les morts de Regis Korchinski-Paquet et de D’Andre Campbell au Canada, et de Breonna Taylor et George Floyd aux États-Unis ont déclenché des manifestations et des demandes de suppression du financement aux services de police. Ces décès ont également mené à des mouvements et des manifestations Black Lives Matter à l’échelle internationale dans des pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie, le Danemark, La France, l’Allemagne, le Japon et la Nouvelle-Zélande.