Evelyn Cavendish Duchesse de Devonshire | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Evelyn Cavendish Duchesse de Devonshire

Evelyn Emily Mary Cavendish, duchesse de Devonshire, consort vice-royale du Canada (1916-1921) et Maîtresse de la garde-robe de la reine Mary (1910-1916 et 1921-1953) (née le 27 août 1870 dans le Wiltshire, au Royaume-Uni; décédée le 2 avril 1960 à Londres, au Royaume-Uni).

Duchess of Devonshire

Jeunesse au Canada

Evelyn est la fille aînée de lady Maud Evelyn Hamilton (1850-1932) et d’Henry Charles Keith Petty-Fitzmaurice, 5emarquis de Lansdowne et 6ecomte Kerry (1845-1927). Lorsqu’elle atteint l’âge de 13ans, elle accompagne ses parents à Rideau Hall puisque son père, lord Lansdowne, est nommé gouverneur général du Canada (1883-1888). Pendant le mandat, la famille profite de ses vacances pour pêcher le saumon sur la rivière Cascapédia, au Québec. En 1888, lord Lansdowne devient vice-roi de l’Inde, où la famille habite pendant un certain temps avant qu’Evelyn retourne à Londres pour faire son «début» social et se présenter à la reine Victoria.

Mariage et enfants

Le 30 juillet 1892, Evelyn Petty-Fitzmaurice épouse Victor Christian William Cavendish (1868-1938) qui, succédant à son oncle, devient le 9educ de Devonshire en 1908. Le couple habite à Chatsworth House, au Derbyshire, à Lismore Castle, en Irlande, et à Devonshire House, à Londres.

Le couple a sept enfants: Edward, lord Hartington (qui devient plus tard le 10educ de Devonshire) (1895-1950), Maud (1896-1975), Blanche (1898-1987), Dorothy (1900-1966), Rachel (1902-1977), Charles (1905-1944) et Anne (1909-1981). Les six plus jeunes enfants accompagnent leurs parents au Canada. Rachel devient une patineuse accomplie et participe à des compétitions de patinage artistique au Minto Skating Club d’ Ottawa.

En 1919, pendant qu’elle est au Canada, Dorothy se fiance à l’un des aides de camp de son père, le futur premier ministre britannique Harold Macmillan. Sa sœur Maud s’éprend elle aussi d’un aide de camp, le capitaine Angus Mackintosh, qu’elle épouse à la cathédrale Christ Church, à Ottawa, le 3novembre1917. Le couple tient ensuite sa réception à Rideau Hall. Le Globe de Toronto décrit l’événement comme l’«un des plus remarquables mariages dont le Canada a été témoin, lady Maud Cavendish étant la première fille d’un gouverneur général en service à se marier dans la capitale». L’épouse reçoit pour les noces ce qu’Evelyn Cavendish qualifie de «trousseau tout à fait canadien» créé par des designers locaux.

Spectators at Baseball Game, 1916

Consort vice-royale du Canada

Bien qu’elle connaisse bien le Canada depuis son adolescence, Evelyn Cavendish tente de dissuader son mari d’accepter le poste de gouverneur général. La nomination les éloignerait de la gestion de leurs domaines et de la possibilité de prendre soin de leurs parents, en plus de les séparer davantage de leur fils aîné, en service avec son régiment en France.

En tant que consort vice-royale, Evelyn Cavendish a un calendrier social rempli d’événements caritatifs liés à la guerre, et ce, malgré son soutien moins grand pour les causes militaires que sa prédécesseure, la duchesse de Connaught. Elle devient mécène du club May Court, un organisme féminin de services fondé par lady Aberdeen, et visite des hôpitaux, des maisons de santé et des bureaux de la Croix-Rouge avec ses filles. En 1918, elle assiste à la première conférence canadienne d’organismes gérés par des femmes en tant que présidente de la Croix-Rouge canadienne et des Infirmières de l’Ordre de Victoria. Elle fait également la rencontre de femmes canadiennes importantes, notamment la suffragette Nellie McClung.

Duke and Duchess of Devonshire at the Deer Lodge Military Hospital

La duchesse de Devonshire est une hôtesse généreuse à Rideau Hall, où elle organise deux soupers par semaine pour les ministres ainsi que des activités de patinage le samedi après-midi. En 1918, elle plante un arbre commémoratif, un érable, sur le domaine de Rideau Hall, devenant ainsi la première femme à participer à la tradition (les cérémonies de plantation d’arbres à la demeure du gouverneur général débutent en 1906). Harold Macmillan décrit l’atmosphère à Rideau Hall comme étant «une grande fête joyeuse rassemblant la famille, un flot continu d’invités, jeunes et vieux, et nos très sympathiques employés». Dès 1918, aucun alcool n’y est servi en raison de la Prohibition à l’échelle fédérale, qui reste en place jusqu’en 1920. Evelyn Cavendish remarque que les ministres du gouvernement, loin de suivre leur exemple, «ont rempli à ras bord leurs caves, ne pouvant pas boire dans les clubs».

Le duc et la duchesse de Devonshire accueillent deux fois à Rideau Hall le futur roi ÉdouardVIII pendant sa tournée au Canada en 1919. Evelyn Cavendish, préoccupée par la réputation du prince, écrit à son mari avant la visite: «S’il risque de mal agir, il serait mieux de demeurer loin; nous ne voulons pas de scandale au Canada.» La tournée s’avère cependant être un succès, et la duchesse en conclut que «le Canada tout entier s’est exalté de sa présence et nous croyons que sa visite aura des effets très positifs».

Voyages au Canada

Evelyn Cavendish considère qu’Ottawa est bruyante et que Rideau Hall se trouve en «banlieue», mais apprécie ses séjours prolongés au Québec, où la famille loue (et plus tard achète) une résidence secondaire au lac Blue Sea, dans les collines de la Gatineau. Selon elle, ses enfants adorent ces vacances estivales passées sur le lac à «pagayer dans des canots, en maillot de bain». Elle écrit également à sa belle-mère à propos des aurores boréales qu’elle peut observer depuis sa véranda, qui sont «comme de grands phares qui dominent les collines».

Bien qu’elle trouve les longs voyages épuisants et qu’elle ne soit pas à l’aise de parler en public, la duchesse de Devonshire profite de ses lettres pour faire des remarques détaillées sur la société canadienne. Elle écrit notamment à sa belle-mère, depuis le nord de l’Ontario: «Nous avons visité des mines d’or et d’argent, des industries de pâtes et papiers, des établissements indiens et des fermes-écoles pour les anciens soldats, et ce, en plus des multiples discours près des chemins de fer et des nombreux élèves chantant "Grand Dieu sauve le Roy" et "Oh Canada" [sic], une courte chanson agaçante qui est en train de devenir leur hymne national.» Evelyn Cavendish se rend également à Washington, d’abord en 1917 à titre personnel puis en 1918 pour une visite officielle où elle rencontre le président Woodrow Wilson.

Maîtresse de la garde-robe de la reine Mary

Lorsque le roi George V accède au trône en 1910, Evelyn Cavendish devient la Maîtresse de la garde-robe de son amie d’enfance, Mary de Teck (qui devient la reine Mary). Elle conserve le poste, le plus haut de la cour de la reine, jusqu’au décès de la reine Mary en 1953 (à l’exception des cinq ans qu’elle passe au Canada comme consort vice-royale). En tant que Maîtresse de la garde-robe, Evelyn Cavendish organise les emplois du temps des dames de compagnie et assiste la reine lors des cérémonies d’État. En 1937, elle devient la première femme ne faisant pas partie de la famille royale à être nommée Dame Commandeur de l’Ordre royal de Victoria, en reconnaissance des services rendus à la reine Mary.

Fin de vie

Après le décès de son mari en 1938, Evelyn Cavendish demeure à Hardwick Hall. Brodeuse et jardinière de talent, elle restaure la tapisserie de la Great Chamber (la grande chambre) et plante un jardin de roses, encore présent aujourd’hui. En 1956, elle accorde une entrevue au biographe officiel de la reine Mary, James Pope-Hennessey. Celui-ci décrit alors la duchesse comme une «dame grande, éveillée, d’une certaine beauté [et] âgée, avec des cheveux blancs fins et des manières d’un grand mérite; un visage très délicat». Elle vit sur le domaine jusqu’à son décès en 1960.