Canada et le G7 (Groupe des sept) | l'Encyclopédie Canadienne

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Canada et le G7 (Groupe des sept)

Le G7, ou Groupe des sept, est un groupe international qui réunit les gouvernements des plus grandes puissances économiques du monde, soit l’Allemagne, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada. Il a été fondé en 1975 sous le nom de G6, et est devenu le G7 après l’ajout du Canada en 1976. Le groupe est un bloc informel. Il n’est régi par aucun traité ou constitution, et ne possède ni bureaux, ni personnel, ni secrétariat permanents. Les leaders des États membres se réunissent chaque année dans des sommets afin de discuter d’enjeux d’intérêt commun et de coordonner les mesures à prendre pour y remédier. Les États membres de l’organisation accueillent les sommets et en assument la présidence à tour de rôle. L’Union européenne est également membre du G7, bien qu’elle ne soit pas énumérée et qu’elle n’assume jamais la présidence.

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Origines et développement

En mars 1973, pendant la Guerre froide, les ministres des Finances de la France, de la République fédérale d’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis se rencontrent à Washington à l’initiative du secrétaire au Trésor américain George Shultz. La réunion permet de mieux comprendre certains problèmes communs et de coordonner les mesures à prendre pour y répondre.

Après la réunion de Washington, le président français Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt proposent que les dirigeants nationaux se rencontrent sur une base régulière. La France accueille la première réunion du G6, qui inclut le Japon et l’Italie, au château de Rambouillet, du 15 au 17 novembre 1975. À la tête de l’agenda se trouve la forte hausse du prix du pétrole provoquée par l’action de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEC) à partir de 1973 et la récession mondiale qui en résulte. C’est aussi à Rambouillet que les membres décident de se réunir annuellement. (Voir aussi Politique pétrolière et gazière au Canada, 1947 à 1980.) L’organisation informelle est alors surnommée le Groupe des six, ou G6.

Dans la déclaration en 15 points de Rambouillet, les six pays affirment qu’ils se sont réunis car ils partagent « les mêmes convictions et les mêmes responsabilités » et s’engagent à « intensifier [leur] coopération sur tous ces problèmes au sein des institutions existantes aussi bien que de toutes les organisations internationales appropriées ». Le groupe proclame son soutien au multilatéralisme, au libre-échange et à l’accroissement de la coopération entre les démocraties libérales et avec les pays socialistes.


Changements dans la composition du groupe

Le G6 devient le G7 lorsque le Canada est invité à s’y joindre en 1976. Un an plus tard, la Communauté économique européenne (aujourd’hui l’Union européenne) est invitée à assister aux réunions du groupe. Elle se joint au G7 à titre de membre non énuméré, n’assumant jamais la charge de la présidence.

L’Union soviétique (aujourd’hui la Russie) commence à assister aux réunions en 1989. Bien que son économie reste petite comparativement à celle des autres membres, la Russie est invitée à se joindre au groupe en 1997. L’objectif est d’aider le pays à accomplir sa transition du communisme au capitalisme et à s’intégrer pacifiquement dans les affaires internationales.

Toutefois, en 2014, la Russie envahit et annexe la Crimée, une région de l’Ukraine. Les autres membres du G8 condamnent cette action et la Russie est expulsée du groupe. Le G8 redevient le G7. Lors des sommets du G7 de 2018 et 2019, le président américain Donald Trump plaide pour le retour de la Russie dans le groupe. Les autres dirigeants refusent, croyant que cela contribuerait à légitimer l’agression de la Russie.

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Organisation et fonctionnement

Le G7 est un bloc informel. Il n’est régi par aucun traité ou constitution, et ne possède ni bureaux, ni personnel, ni secrétariat permanents. Les dirigeants des États membres se réunissent chaque année dans des sommets pour discuter d’enjeux d’intérêt commun et pour coordonner les actions à prendre pour y remédier. Les membres accueillent les sommets à tour de rôle, et le chef du gouvernement du pays hôte en assume la présidence. Le président rédige l’agenda, après avoir consulté les autres membres, et préside la réunion. Chaque sommet se conclut par la publication d’un communiqué non contraignant. Celui-ci résume la matière des discussions ainsi que les décisions qui ont été prises.

Entre les sommets, des ministres des gouvernements membres du G7 se consultent sur des questions d’intérêt mutuel afin de coordonner la recherche, de définir les engagements des communiqués futurs et de développer des idées pour les prochaines réunions. Les ministres forment les groupes ministériels du G7, qui se penchent sur des enjeux comme l’environnement, le commerce, la santé et l’économie numérique.

D’autres travaux sont effectués par les groupes de consultation du G7. Ceux-ci sont composés d’organismes indépendants de la société civile des pays membres agissant en coordination. Ils élaborent des recommandations qu’ils essaient de faire inclure à l’agenda du sommet suivant. Des groupes de consultation du G7 interviennent dans des questions touchant les femmes, les jeunes, le travail, la science, le changement climatique, le commerce et les affaires.

Sommets du G7 au Canada

Le Canada a accueilli six sommets du G7 : Ottawa-Montebello, Ontario et Québec (1981), Toronto, Ontario (1988), Halifax, Nouvelle-Écosse (1995), Kananaskis, Alberta (2002), Muskoka, Ontario (2010) et Charlevoix, Québec (2018). Grâce à sa participation au G7, le Canada a mis de l’avant des pourparlers internationaux concernant des sujets qui reflètent ses priorités et ses valeurs. Par exemple, au sommet du G7 de Charlevoix en 2018, le Canada a joué un rôle central pour faire en sorte que 3,8 milliards de dollars soient consacrés à promouvoir l’éducation des femmes et des filles dans les régions en crise.

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Manifestations

Les initiatives du G7 reflètent l’interdépendance croissante des nations dans le contexte de la mondialisation. Toutefois, la mondialisation inspire aussi de la résistance car elle a entraîné une baisse des standards en matière d’environnement, de travail et de niveau de vie. En 1998, quelque 70 000 manifestants ont formé une chaîne humaine autour du site du sommet du G7 à Birmingham, en Angleterre. En juillet 2001, 200 000 manifestants se sont rassemblés à la rencontre du G7 à Gênes, en Italie. Les confrontations entre la police et les manifestants se sont soldées par un grand nombre de blessés et d’arrestations. Un manifestant a été tué.

Les manifestations anti-mondialisation qui marquent les rencontres du G7 sont semblables aux mouvements de contestation beaucoup plus violents qui ont marqué d’autres réunions multilatérales, notamment la réunion de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle en 1999, la réunion du Sommet des Amériques à Québec en 2001 et le sommet du G20 à Toronto en 2010. En réaction, les réunions se déroulent désormais dans des conditions de sécurité renforcées, dans des lieux plus éloignés des centres urbains.

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Critiques et changements

Les détracteurs du G7 ont noté que quand le bloc a été formé, au milieu des années 1970, il représentait 70 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Cette situation conférait aux États membres une autorité légitime pour parler et intervenir quant à des enjeux économiques internationaux. Toutefois, cette autorité est aujourd’hui contestée car la croissance d’économies n’appartenant pas au G7, particulièrement celle de la Chine, a ramené à 50 % la part du G7 dans le PIB mondial. Afin de refléter cette évolution, un groupe plus important, appelé G20, ou Groupe des vingt, a été formé en 1999. Il comprend les États membres du G7 et de nombreux pays dont les économies en développement sont devenues plus influentes. Le G20 se réunit aussi chaque année pour discuter d’enjeux de portée internationale.

Certains critiques ont également observé que le G7 échoue souvent à se conformer aux engagements annoncés dans ses communiqués annuels. Pour y remédier, le G7 a formé un groupe de recherche en 1996. Celui-ci publie chaque année une évaluation de conformité. Depuis 2010, chaque État membre doit aussi produire son propre rapport annuel afin de rendre compte de sa conformité aux objectifs et engagements du G7.

Voir aussi  : Nations Unies ; Le Canada et la Société des Nations ; Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) ; Commerce international ; Le Canada et l’Organisation mondiale du commerce ; Le Canada et l’ALENA ; OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord).