Norman Jewison | l'Encyclopédie Canadienne

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Norman Jewison

Norman Frederick Jewison, C.C., réalisateur, producteur, auteur (né le 21 juillet 1926 à Toronto en Ontario; décédé le 20 janvier 2024 à Malibu en Californie). Norman Jewison est l’un des cinéastes les plus acclamés et les plus couronnés de succès sur la scène internationale que le Canada ait jamais produits. Il est reconnu à l’échelle internationale comme étant un artiste de talent et d’intégrité. Il est surtout réputé pour avoir su balancer l’attrait populaire avec un commentaire social sérieux. Ses films incluent les lauréats d’un Oscar In the Heat of the Night (1967), Fiddler on the Roof (1971; v.f. Un violon sur le toit) et Moonstruck (1987; v.f. Éclair de lune), ainsi que The Thomas Crown Affair (1968; v.f. L’affaire Thomas Crow ), Jesus Christ Superstar (1973), A Soldier’s Story (1984) et The Hurricane (1999; v.f. Hurricane). Il a également eu une brillante carrière à la télévision, à la fois au Canada et aux États-Unis, et il a fondé le Centre canadien du film. Norman Jewison a reçu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame et sur l’Allée des célébrités du Canada, et il a reçu le Irving G. Thalberg Memorial Award de la Academy of Motion Pictures Arts and Sciences, et un prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’ensemble de sa carrière.

Jeunesse

Norman Jewison naît dans le quartier des Beaches situé dans l’est de Toronto. Son père gère un magasin général, et alors qu’il est enfant, Norman Jewison fréquente la Kew Beach Public School. La première fois qu’il prend goût aux arts du spectacle est lorsqu’il monte sur scène à six ans. Sa famille l’inscrit au Conservatoire royal de musique où il étudie le piano et la théorie musicale. Par la suite, il fréquente le Malvern Collegiate où il met en scène des spectacles et des comédies musicales dans lesquels il joue.

De 1944 à 1945, Norman Jewison sert dans la Marine royale canadienne outre-mer. Après la Deuxième Guerre mondiale, il fréquente le Victoria College de l’Université de Toronto où il écrit et met en scène la première All-Varsity Revue. Il passe ses vacances d’été en Alberta où il travaille comme serveur à l’hôtel Banff Springs et produit la Banff Revue.

Après avoir obtenu son diplôme en arts libéraux de l’Université de Toronto, Norman Jewison travaille comme chauffeur de taxi. Il travaille également à l’occasion comme acteur pour la radio de CBC. En 1950, il se rend en Angleterre pour un stage de travail-études de deux ans à la BBC. Mais en 1952, la télévision de la CBC nouvellement créée lui demande de revenir à Toronto et lui offre un poste d’assistant-réalisateur en formation.

Carrière en télévision

Au cours des sept années qui suivent, Norman Jewison écrit, réalise et produit certaines des comédies musicales, émissions de variétés/comédies et certaines des émissions spéciales les plus populaires et les plus réussies du Canada, incluant The Big Revue (1952-1953, la première série régulière de la jeune chaîne télévisée), Denny Vaughan (1954-1957), The Barris Beat (1956-1957) et Wayne & Shuster.

En 1958, à l’invitation de CBS, il déménage à New York pour mettre à jour l’émission musicale hebdomadaire Your Hit Parade. Ceci le mène à travailler régulièrement sur l’émission The Andy Williams Show et sur des émissions spéciales mettant en vedette certains des artistes les plus en vue de l’époque : Harry Belafonte (une première pour un artiste afro-américain), Danny Kaye, Pat Boone, Jackie Gleason et la très célèbre Judy Garland. Au cours de cette période, Norman Jewison se fait connaître comme le meilleur réalisateur d’émissions de variétés musicales de la télévision américaine. Son Judy Garland Special, qui est tourné à Los Angeles au début de 1961 et reçoit des invités comme Frank Sinatra et Dean Martin, demeure un classique de cette époque et obtient quatre nominations pour les Emmy Awards.

Carrière en cinéma

En 1963, on offre à Norman Jewison un contrat de trois films avec les Universal Studios. On lui assigne deux comédies légères mettant en vedette Doris Day, soit The Thrill of It All (1963; v.f. Le piment de la vie) et Send Me No Flowers (1964; v.f. Ne m’envoyez pas de fleurs). Le troisième film, The Art of Love (1965; v.f. Gare à la peinture) met en vedette James Garner et Dick Van Dyke. C’est alors que Norman Jewison obtient sa plus grande chance en cinéma. Sam Peckinpah, un réalisateur notoirement très difficile, est congédié d’un film à budget relativement petit de la MGM qui porte sur le poker et est intitulé The Cincinnati Kid (1965). Norman Jewison est embauché pour réaliser ce film. Il contribue à la réécriture du scénario, et le film, qui met en vedette Steve McQueen et Edward G. Robinson, devient un petit succès commercial et reçoit d’extrêmement bonnes critiques. La carrière hollywoodienne de Norman Jewison est lancée.

Par la suite, Norman Jewison maintient principalement le contrôle artistique complet de tous les films qu’il réalise, pour lesquels il est également producteur et parfois scénariste. Le premier film qu’il réalise et produit est une comédie sur le thème de la guerre froide, The Russians Are Coming, the Russians Are Coming (1966; v.f. Les Russes s’en viennent), mettant en vedette Carl Reiner et Alan Arkin. Il est en nomination pour quatre Oscars, dont celui pour le meilleur film. C’est avec le film suivant que Norman Jewison demeure gravé à jamais dans les mémoires; le drame racial intense In the Heat of the Night (1967; v.f. Dans la chaleur de la nuit) qui met en vedette Sidney Poitier et Rod Steiger.

Norman Jewison, qui participe aux manifestations pour les droits civiques des années 1960 aux côtés de ses amis Robert Kennedy, alors procureur général des États-Unis, et Martin Luther King Jr, est consterné par le sort des Afro-américains des États du Sud. À bien des égards, Norman Jewinson, un Canadien libéral de classe moyenne, est le choix idéal pour réaliser le film le plus chargé de connotations raciales des années 1960. Le choc que cause la vue d’un personnage noir (Sidney Poitier) frappant un riche propriétaire blanc abasourdit le public américain. Le film est en nomination pour huit Oscars, dont celui du meilleur réalisateur, une première pour Norman Jewison. Le film remporte l’Oscar du meilleur film, du meilleur acteur (Rod Seiger), du meilleur scénario, du son et du montage.

Après In the Heat of the Night, Norman Jewison est responsable de certains des plus gros succès commerciaux de la fin des années 1960 et du début des années 1970 : The Thomas Crown Affair (1968; v.f. L’Affaire Thomas Crown) avec Steve McQueen et Faye Dunaway est en nomination pour deux Oscars, Fiddler on the Roof (1971; v.f. Un violon sur le toit) remporte trois Oscars et vaut à Norman Jewison sa deuxième nomination pour celui du meilleur réalisateur ainsi que sa première nomination pour l’Oscar du meilleur film, et Jesus Christ Superstar (1973), qui est son film le plus réussi à cette époque et qui lui vaut d’être reconnu comme scénariste. Le style de découpage rapide du montage agace certains critiques, mais d’autres le considèrent maintenant comme le précurseur des vidéoclips.

Après avoir terminé le film Gaily Gaily (1969), Norman Jewison devient désillusionné face à la tournure violente que prennent les luttes raciales aux États-Unis et il déménage avec sa famille à Londres en Angleterre. Fiddler on the Roof (v.f. Un violon sur le toit) est tourné en Yougoslavie, Jesus Christ Superstar, en Israël et Rollerball (1975) en Allemagne.

En 1978, on persuade Norman Jewison de retourner aux États-Unis pour réaliser et produire un drame syndical avec Sylvester Stallone, F.I.S.T., qui est ensuite suivi d’un drame judiciaire avec Al Pacino And Justice for All (1979; v.f. Justice pour tous). Cependant, Norman Jewison n’est toujours pas à l’aise à l’idée de vivre à Hollywood. En 1978, il achète une ferme au nord de Toronto, à Caledon East, où il s’installe en permanence avec sa famille. Il retourne à ses brillantes habitudes et réalise un autre drame racial. Ce film, A Soldier’s Story (1984), reçoit des nominations pour trois Oscars, incluant celui du meilleur film pour la deuxième fois. le film Agnes of God (1985; v.f. Agnès de Dieu) est tourné en Ontario et reçoit également trois nominations aux Oscars. La comédie romantique Moonstruck (1987; v.f. Éclair de lune), tournée à Toronto et mettant en vedette Cher et Nicolas Cage, connaît un énorme succès de salle. Cher gagne l’Oscar de la meilleure actrice et Norman Jewison est en nomination pour ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Les films de Norman Jewison qui suivent Moonstruck ne sont pas aussi populaires, mais Norman Jewison ne connaît presque jamais d’échec commercial, à l’exception de la comédie musicale Gaily Gaily (1969) et de son seul film canadien The Statement (2003; v.f. Exposé). Ses autres films incluent Best Friends (1982; v.f. Les meilleurs amis), In Country (1989; v.f. Un héros comme tant d’autres), Other People's Money (1991; v.f. L’argent des autres), Only You (1994; v.f. Seulement toi), Bogus (1996) et The Hurricane (1999; v.f. Hurricane). Ce dernier vaut à Denzel Washington une nomination pour un Oscar pour le rôle du boxeur américain Rubin « Hurricane » Carter, condamné à tort.

Norman Jewison produit également un certain nombre de films qu’il ne réalise pas, entre autres The Landlord (1969), Billy Two Hats (1974), The Dogs of War (1980; v.f. Les chiens de guerre), Iceman (1984), The January Man (1989; v.f. Calendrier meurtrier) et Dance Me Outside (1994) de Bruce McDonald. Il produit également l’émission du gala de remise des Oscars de 1981. En 2002, il est en nomination pour le prix Emmy du téléfilm exceptionnel pour Dinner with Friends (v.f. Dîner entre amis).

Norman Jewison et Cher

Vie personnelle et autres activités

Norman Jewison est marié à Margaret Ann Dixon de 1953 jusqu’au décès de celle-ci en 2004. Ils ont trois enfants : Kevin, Michael et Jennifer.

Norman Jewison et son épouse créent la Norman and Margaret Jewison Charitable Foundation, qui attribue des fonds à la recherche sur le sida et à la culture des Premières Nations. L’autobiographie de Norman Jewison, This Terrible Business Has Been Good to Me, est publiée en 2005.

Centre canadien du film

En 1988, Norman Jewison fonde le Centre canadien du film, un centre de formation situé dans le nord de la ville de Toronto. Le Centre offre aux nouveaux cinéastes des cours de réalisation, de production et de scénarisation. Il devient une importante école de formation en cinéma et télévision dont la réputation d’excellence est bien méritée. Ses anciens élèves notables incluent John Greyson, Bruce McDonald, Daniel MacIvor, Don McKellar, Sarah Polley, Clement Virgo, Charles Officer, Jeff Barnaby, Midi Onodera et Ingrid Veninger.

L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision décerne à Norman Jewison le prix Special Achievement en 1988 en reconnaissance des efforts qu’il a déployés pour fonder le Centre.

Distinctions

Norman Jewison reçoit de nombreux prix et distinctions au cours de sa carrière, notamment des diplômes honorifiques de l’Université Trent, de l’Université Western et de l’Université de Toronto. Il reçoit trois nominations de la Directors Guild of America (DGA) pour la meilleure réalisation, et trois nominations de la Hollywood Foreign Press Association pour les Golden Globes. Le film Moonstruck remporte le Silver Bear au festival du film de Berlin en 1988, et Norman Jewison remporte le Gloden Prize Festival international du film de Moscou pour A Soldier’s Story.

En 1981, Norman Jewison est nommé Officier de l’Ordre du Canada et en 1991, il est promu au grade de Compagnon. Il reçoit également une étoile sur le Hollywood Walk of Fame et il est intronisé à l’Allée des célébrités du Canada.

En 1992, il reçoit le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’ensemble de son œuvre. En 1999, la Academy of Motion Pictures Arts and Sciences lui remet le Irving G. Thalberg Memorial Award en l’honneur des normes de production qu’il a maintenues tout au long de sa carrière.

En 2002, il reçoit le prix de la Directors Guild of Canada pour l’ensemble de sa carrière et en 2010, il devient le premier Canadien à recevoir un Lifetime Achievement Award de la DGA. Il reçoit la Médaille du jubilé de la reine Elizabeth en 2002, et en 2004 il est nommé chancelier du Victoria College, son alma mater.