Langues autochtones au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Langues autochtones au Canada

On compte environ 70 langues autochtones distinctes au Canada, réparties en 12 familles linguistiques. À de nombreux endroits, la transmission linguistique a diminué d’une génération à l’autre. Cependant, plusieurs peuples autochtones, ayant réalisé ce fait, font des efforts marqués pour revitaliser et renforcer leurs langues. (Voir aussi Revitalisation des langues autochtones au Canada.) Le Canada et l’Amérique du Nord en général forment une région linguistique très complexe : elle comporte de nombreuses langues et une grande diversité linguistique. Les langues autochtones sont largement parlées. Plusieurs sont des langues officielles du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest. Le Yukon, pour sa part, reconnaît leur importance. Le 5 février 2019, le gouvernement canadien a adopté la Loi sur les langues autochtones, qui vise à protéger et à revitaliser les langues autochtones au Canada.

Répartition géographique

Les langues autochtones au Canada.
(avec la permission de Native Land Digital / Native-Land.ca)

La répartition des familles linguistiques, qui regroupent des langues ayant un ancêtre commun, est très variée au Canada. À l’est du lac Winnipeg, on trouve traditionnellement les langues de deux familles : algonquienne et iroquoienne. Dans les Prairies se trouvent des locuteurs de langues algonquiennes, sioux et dénées (athapaskan/athabaskan/athabascan et tlingit), tandis que le territoire subarctique est principalement habité par des locuteurs de langues dénées, inuites et algonquiennes. La Colombie-Britannique est une province à la diversité linguistique impressionnante : on y parle les langues des familles salishane, tsimshianique, wakashane, dénée (athapaskan/athabaskan/athabascan et tlingit) et algonquienne, en plus des dialectes haida/xaad kil et kutenai/ktunaxa. Des langues apparentées se trouvent également dans d’autres régions.

Les langues des familles algonquienne, iroquoienne, dénée, sioux et salishane sont également parlées aux États-Unis. Des langues s’apparentant à l’inuktut sont parlées aux États-Unis, en Sibérie et au Groenland. On croit que les langues dénées sont liées aux langues iennisseïennes de Sibérie.

La concentration des familles de langues sur la côte du nord-ouest laisse entendre que l’Ouest canadien est une région linguistique ancienne. Il s’agirait aussi de la zone de transit la plus probable pour les migrations successives de locuteurs vers le sud et vers l’est, une hypothèse que confirment les recherches archéologiques et ethnologiques. En revanche, dans le centre et l’est du Canada, on retrouve surtout des langues algonquiennes, en particulier le cri et l’anishinaabemowin/ojibwé, ce qui suggère de plus récentes migrations de langues depuis l’Ouest.

Familles et régions linguistiques

Les linguistes classent les langues en familles, ou groupes de langues ayant un ancêtre commun, qui représentent des groupes généalogiques. Ces classifications sont basées sur le vocabulaire partagé, la correspondance phonétique, la structure des mots et d’autres caractéristiques linguistiques. Les familles sont parfois classées en de plus grands groupes, qu’on appelle « souches ». Les chercheurs John Wesley Powell et Edward Sapir sont à l’origine des premières classifications. Ce dernier est notamment reconnu pour avoir regroupé les familles en souches.

Les langues autochtones au Canada sont généralement regroupées en 12 familles. Les familles énumérées ci-dessous sont reconnues par les linguistes depuis longtemps. Les linguistes contemporains utilisent de plus en plus les noms autochtones pour désigner ces langues et font des divisions de plus en plus précises.

La liste de langues qui suit est basée sur la classification d’Ethnologue et sur une variété d’autres sources. Il est important de noter que les sources ne s’entendent pas sur ce qui est considéré comme une langue ou comme un dialecte, ni sur les noms ou leur orthographe. À de nombreux endroits, les noms des langues autochtones remplacent les noms anglais les désignant. Les autres noms et orthographes sont séparés d’une barre oblique; les dialectes sont entre parenthèses.

Langues algonquiennes

Il existe de nombreuses langues algonquiennes aux États-Unis et au Canada, les communautés de langues algonquiennes se trouvant dans les deux pays. Parmi ces langues, au Canada, on compte :

  • le pied-noir (deux dialectes : pikanii, siksika),
  • le cri (dialectes : cri des Plaines/nehiyawewin/ᓀᐦᐃᔭᐍᐏᐣ, cri des bois/nthithawīwin, cri de la Moose, cri des marais, cri du Nord‑Est, cri du Sud‑Est) et le montagnais, qui lui est étroitement apparenté (dialectes du montagnais de l’Ouest : piyekwâkamî, betsiamites),
  • le montagnais de l’Est/innu-aimûn (naskapi, atikamekw/nēhinawēwin/nehirâmowin),
  • le delaware (dialecte : munsee),
  • le micmac, le malécite-passamaquoddy,
  • l’anishinaabemowin/ojibwé/ojibwa (dialectes : algonquin, algonquin central, algonquin de l’Est, nipissing, algonquin du Nord-Ouest, odawa, oji-cri/ojibwé severn, saulteaux, saulteaux de l’Ouest), le potawatomi/neshnabémowen, l’abénaki de l’Ouest.

Le mitchif est une langue créole construite à partir du cri et du français.

Le saviez-vous?
En avril 2019, un clip vidéo d’une adolescente micmac du Cap-Breton, Emma Stevens, en train de chanter Blackbird en micmac, devient viral. Cette reprise du classique des Beatles est produite par l’enseignant d’Emma Stevens, Carter Chiasson, traduite par l’enseignante Katani Julian et son père, Alberta « Golydada » Julian, et filmée par Emma et ses camarades de classe à l’école secondaire Allison Bernard Memorial, dans la Première Nation Eskasoni, au Cap-Breton. L’objectif de la traduction de cette chanson en micmac est de sensibiliser les gens aux conséquences de la mise en péril des langues autochtones dans le cadre de l’Année internationale des langues autochtones de l’ONU, en 2019. La vidéo fait le tour du monde et reçoit des éloges de nombreuses personnalités publiques, dont l’auteur-compositeur de la chanson, sir Paul McCartney, et fait l’objet d’un tweet du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.



Langues dénées (athapaskan/athabaskan/athabascan + tlingit)

Les langues dénées incluent celles que l’on classe sous l’athapaskan/athabaskan/athabascan (souvent appelées le déné) et le tlingit. En plus du tlingit, les langues dénées parlées au Canada et aux États-Unis sont :

  • le dane-zaa/beaver,
  • le dakelh/carrier/ᑕᗸᒡ,
  • le tsilhqot’in/chilcotin,
  • le witsuwit’en/babine-wistuwit'en,
  • le déné suliné/chipewyan,
  • l’esclave du Sud/dene zhatié/dene dhah,
  • le tɬi̜cho̜ yatìi/dogrib,
  • le gwich'in,
  • le hän/han (dialecte Dawson),
  • le tsuut’ina/sarcee/sarsi,
  • le tsek’ene/tse’khene/sekani,
  • le déné/esclave du Nord (dialectes : bearlake/déli̜ne, hare/k’ásho, mountain/shúhta/shíhta),
  • le tahltan/Tāɬtān,
  • le kaska/danezāgé,
  • le tagish,
  • le tutchone du Nord,
  • le tutchone du Sud,
  • le haut tanana.

Langues eskimo-aléoutes/eskaléoutes

Les langues de cette famille sont parlées au Canada, aux États-Unis, au Groenland et en Sibérie. Parmi ces langues qui se trouvent au Canada, on compte :

  • l’inuktun de l’Ouest canadien (dialectes : siglitun, inuinnaqtun, natsilingmiutut),
  • l’inuktitut de l’Est canadien (dialectes : kivalliq, aivilik, nord de Baffin, sud de Baffin, nunavik, nunatsiavut) (voir Inuktitut).

Langue xaad kil/xaaydaa kil/haïda (isolée)

La langue haïda est parlée en Alaska et en Colombie-Britannique. Les dialectes au Canada comprennent le skidegate et le masset.

Langues iroquoiennes

Les langues de la famille iroquoienne sont parlées au Canada et aux États-Unis. Les groupes cayuga, mohawk, oneida, onondaga, seneca et tuscarora forment les Six Nations.

Leurs langues comprennent le cayuga (deux dialectes), le mohawk (plusieurs dialectes), l’oneida, l’onondaga, le seneca, le tuscarora et le wendat.

Langue ktunaxa/kutenai/kootenai (isolée)

La langue ktunaxa est parlée au Canada et compte aussi un certain nombre de locuteurs aux États-Unis.

Langues salishanes

Les langues salishanes sont parlées au Canada et aux États-Unis. Parmi ces langues, on compte :

  • le nuxalk/bella coola,
  • l’éy7á7juuthem/ʔayʔjuθəm-Saɬuɬtxw (dialectes : comox, sliammon, homalco, klahoose),
  • le halkomelem (halq’eméylem, hul’q’umi’num’, halq’eméylem),
  • le lushootseed,
  • le SENĆOŦEN/saanich/salish des détroits du Nord,
  • le st’át’imcets/lillooet,
  • l’okanagan-colville (plusieurs dialectes),
  • le shashishalhem/sechelt,
  • le secwepemctsin/shuswap,
  • le squamish/sqwxwumish/skwxwu7mesh,
  • le straits (plusieurs dialectes),
  • le nɬeʔkepmxcín/thompson.

Langues sioux

Les langues sioux sont parlées aux États-Unis et au Canada. Elles comprennent le nakoda/stoney, l’assiniboine/nakota, le lakota (teton) et le dakota/sioux (yankton, santee).

Langues tsimshianiques

Les langues tsimshianiques sont parlées principalement en Colombie-Britannique et ont quelques locuteurs en Alaska. Elles comprennent le sm’algyax/le tsimshian de la côte, le ski:xs/sgüüx.s/le tsimshian du Sud, le gitsenimx/gitxsan/gitksan et le nisga’a/nishga/nass.

Langues wakashanes

Les langues wakashanes sont surtout parlées au Canada, mais aussi aux États-Unis. Elles comprennent :

  • le xenaksialak’ala/haisla,
  • le hailhzaqvla/heiltsuk-oowekyala (dialectes : heiltsuk/bella bella, oowekyala),
  • le kwak’wala,
  • le nuu-chah-nulth/nootka,
  • le diitiidʔaatx/ditidaht/nitinat/nitinaht.

On observe également des langues créoles, qui résultent du contact entre des locuteurs de langues non apparentées. À l’origine une langue commerciale, le chinook wawa/chinook en est un bon exemple. Il combine des éléments du chinook, du nuu-chah-nulth et du français canadien.

En plus des regroupements généalogiques listés ci-dessus, les langues peuvent présenter des similitudes en raison des contacts entre leurs locuteurs. La côte du Nord-Ouest de l’Amérique du Nord est reconnue depuis longtemps comme une région linguistique où les langues se ressemblent à certains égards, même si elles appartiennent à des familles différentes. Dans le nord-ouest du Canada, les langues des familles wakashane, salishane, tlingit et haïda partagent de nombreuses caractéristiques, en plus de similitudes avec des langues parlées aux États-Unis (notamment les langues chimakuan, le bas chinook, l’alsea, le siuslaw, le takelma, le kalapuya, le coos et l’athabaskan de la côte pacifique), et ce, même si elles n’ont aucun lien généalogique avec elles. Ainsi, les langues de cette région contiennent un grand nombre de consonnes et beaucoup d’entre elles utilisent des tons, c’est-à-dire qu’un changement d’intonation dans un mot entraîne un changement de sens. Par exemple, dans la langue dénée Tɬi̜cho̜ Yatiì (dogrib), jih signifie « mitaines » et jìh signifie « hameçon ». La seule différence entre les deux est que dans le mot pour « hameçon », le ton est plus bas (il est ici marqué d’un accent grave) que dans « mitaines ». Finalement, les langues autochtones ont souvent recours à la duplication. Ainsi, en st’át’imcets/lillooet, s-qwəm veut dire « montagne » et s-qwə́m-qwəm, « chaîne de montagnes »; cíʔiʕ’w veut dire « saigner » et cíʔ-cʔiʕ’w, « saigner abondamment ».

Diversité linguistique

Les langues autochtones au Canada présentent une grande diversité dans leur structure et leur phonétique. En effet, le nombre de sons distincts dans chaque langue peut être très limité ou très grand. La langue cayuga (famille iroquoienne) compte très peu de sons différents, avec ses 10 consonnes et ses 6 voyelles. La langue nishnaabemwin (famille anishinaabemowin/ojibwée), quant à elle, compte environ 18 consonnes, 3 voyelles brèves et 4 voyelles longues. À l’autre extrême, la langue dénée witsuwit'en comporte 35 consonnes et 6 voyelles; la langue lilloet/st'at'imcets/lil'wat (famille salishane), 44 consonnes et 8 voyelles; et la langue oowekyala (famille wakashane), 45 consonnes, 4 voyelles neutres, 3 voyelles glottales et 3 voyelles longues.

Les mots de la plupart des langues autochtones sont complexes. Ils expriment souvent à eux seuls l’équivalent d’une phrase entière dans des langues comme le français ou l’ anglais. Ces langues sont souvent appelées polysynthétiques, c’est-à-dire qu’elles comportent des mots composés de plusieurs parties pourvues de sens. Des exemples de l’inuktitut (variété : sud de Baffin) et du nuu-chah-nulth (famille wakashane) l’illustrent bien. Les parties signifiantes (morphèmes) sont séparées par des tirets dans les mots ci-dessous, accompagnés de traductions.

Inuktitut (variété : sud de Baffin)

  • taqa-ju-mmari-alu-u-junga
  • fatigue-participe-vrai-beaucoup-être-participe de la première personne du singulier
  • « Je suis vraiment fatigué. »

Nuu-chah-nulth

  • ʔaapinis-ʔiic-mah.sa-ʔiiʃ-ʔaɬ
  • pomme-consommer-vouloir-sujet de la troisième personne.mode indicatif-pluriel
  • « Ils veulent manger des pommes. »

Beaucoup de langues autochtones font des distinctions qu’on ne trouve pas dans des langues comme le français et l’anglais. Par exemple, le passamaquoddy-maliseet (famille algonquienne) et d’autres langues algonquiennes distinguent deux types de première personne du pluriel : un inclusif, l’autre, exclusif. L’inclusif inclut le locuteur et son interlocuteur (nous, c’est-à-dire toi et moi, partons tôt demain), tandis que l’exclusif n’inclut pas l’interlocuteur (nous, c’est-à-dire moi et ma famille dont vous ne faites pas partie, partons tôt demain). La langue passamaquoddy-maliseet utilise le pronom nilun pour le « nous » inclusif et le pronom kilun pour l’exclusif.

Les langues algonquiennes ont également deux classes de noms : les animés et les inanimés. Les exemples de langue pied-noir ci-dessous démontrent cette distinction. Les suffixes du singulier et du pluriel utilisés dépendent du caractère animé ou inanimé du nom.

Animé singulier

Animé pluriel

nínaa-wa

« homme »

nína-iksi

« hommes »

natáyo-wa

« lynx »

natáyo-iksi

« lynx » (pluriel)

om-wa

« celui-ci » (animé)

om-iksi

« ceux-ci » (animé)

Inanimé singulier

Inanimé pluriel

owáa-yi

« œuf »

owá-ístsi

« œufs »

aohkíí-yi

« eau »

aohkí-ístsi

« eaux »

om-i

« celui-ci » (inanimé)

om-istsi

« ceux-ci » (inanimé)


En langue dakelh/carrier (famille dénée), la forme des nombres diffère selon ce qui est compté. Voici un exemple portant sur le deux et le trois :

humains

fois

endroits

abstrait

générique

2

nane

nat

nadʌn

naxw

nanki

3

tane

tat

tadʌn

taxw

ta


De nombreuses langues comprennent ce qu’on appelle des verbes classificatoires, ce qui signifie qu’ils comportent différents radicaux selon la nature de l’objet dont on parle. Les langues dénées sont particulièrement reconnues pour ces derniers. Les exemples ci-dessous illustrent les radicaux de la langue witsuwit'en (dénée). Remarques : ils ne constituent pas des mots entiers.

objet singulier

objet pluriel

animé (vivant)

-təy

-tɛz

animé (mort, dans le coma)

-ɬ-təy

-le

ressemblant à un tissu (déplié)

-ɬ-coz

n-l-dəw

moelleux

n-l-dəw

n-l-dəw

pâteux

-tlɛɣ

-ɬ-zəɣ

liquide

-ɬ-zəɣ

-ɬ-zəɣ

granuleux

-ʔay

-dzec

compact, abstrait, aliments

-ʔay

-le

ressemblant à une corde

-le

-le

rigide

-tan

-le

contenant profond

-ɬ-tan

-le

contenant peu profond

-qay

-le, -qat


Plusieurs langues autochtones ont aussi des préfixes qui indiquent le degré de contrôle de l’agent sur l’action. Les exemples suivants proviennent de la langue salishane halkomelem, où le suffixe -namət indique que l’action est soit réfléchie, soit accidentelle ou non contrôlée.

Halkomelem

  • q’waqw-əθət « se frapper soi-même »
  • se frapper-réfléchi
  • q’waqw-namət « se frapper soi-même accidentellement »
  • se frapper-réfléchi avec un contrôle limité

Certaines langues ont également des mots pour indiquer différents degrés de proximité, comme le pied-noir (langue algonquienne) :

amo

proximité avec le locuteur, mais pas avec l’interlocuteur

om

proximité ni avec le locuteur ni avec l’interlocuteur

anno

proximité avec le locuteur et proximité ou familiarité avec l’interlocuteur

ann

proximité ou familiarité avec l’interlocuteur, mais pas de proximité avec le locuteur

am

proximité et familiarité avec le locuteur


De nombreuses langues comportent des mots qui expriment la nature de la preuve sur laquelle une déclaration est basée. Le gitksan, une langue tsimshianique, en compte beaucoup :

preuve directe, rapportée par le locuteur

-t

sihon-t John

« John travaille (nettoie, fume, met en conserve) le poisson. »

preuve indirecte (ouï-dire)

-kat

sihon-kat-t John

« On m’a dit que John travaillait le poisson. »

preuve indirecte, fondée sur des connaissances générales des activités régulières

-ima

sihon-ima-t John

« John est sûrement en train de travailler le poisson. »


La variété et la diversité de langues autochtones au Canada contribuent à une compréhension plus approfondie de la façon dont les langues se ressemblent et diffèrent entre elles.

Dialectes

En général, les langues comprennent de nombreuses variétés, appelées dialectes, et les langues autochtones du Canada ne font pas exception. Un bon nombre de ces langues comptent plusieurs dialectes qui sont plus ou moins intelligibles entre eux, particulièrement lorsqu’une langue couvre une vaste région. Par exemple, la langue crie est considérée comme une seule langue comportant plus de huit variantes parlées dans des dizaines de communautés et de réserves allant des Rocheuses jusqu’au Québec et au Labrador, tandis que la langue anishinaabemowin-ojibwée et ses nombreux dialectes sont parlés dans plusieurs communautés du centre du Canada.

Bien que les locuteurs d’une langue n’en comprennent pas toutes les variétés, celles-ci sont regroupées sur la base de caractéristiques linguistiques. Si les locuteurs d’une variété n’utilisent pas leur langue fréquemment pour communiquer avec des locuteurs d’une autre variété, l’intelligibilité mutuelle pourrait s’en trouver réduite. À un certain point, les dialectes deviennent reconnus comme des langues différentes plutôt que comme des variétés différentes d’une même langue.

Certains dialectes et langues autochtones comptent très peu de locuteurs les ayant comme langue maternelle, et d’autres ne comptent plus de locuteurs connus. Dans beaucoup de communautés, des gens tentent de faire revivre leur langue à l’aide de documents écrits dans et sur leur langue autochtone pour se la réapproprier.

Langues des signes autochtones

Le signe du soleil dans la langue des signes des Plaines

En plus de la langue parlée, certaines cultures autochtones ont historiquement fait usage de langues des signes pour communiquer. Un très petit nombre de personnes connaissent les langues des signes autochtones, la langue des signes américaine et la langue des signes québécoise ayant largement remplacé les langues des signes autochtones au Canada. (Voir aussi Culture des sourds.) Des efforts sont mis en œuvre dans diverses communautés autochtones pour revitaliser ces systèmes de communication perdus.

Le saviez-vous?
La Urban Society for Aboriginal Youth (USAY) a établi un partenariat avec une entreprise de réalité virtuelle et augmentée du nom de Mammoth afin de créer Thunder VR, un outil d’apprentissage immersif de conservation de la langue et de la culture des Pieds-Noirs. Le jeu de réalité virtuelle, basé sur le roman graphique Thunder, raconte une histoire ancienne des Pieds-Noirs dans laquelle un homme perd sa femme et doit parcourir une grande distance pour confronter l’esprit de Thunder (Ksistsikoom) et la retrouver. Le jeu, qui fait appel à une technologie de pointe, a été développé par des jeunes de USAY et Randy Bottle (Saakokoto), un aîné kainai. Narré par Saakokoto, Thunder est conçu pour enseigner la langue menacée des Pieds-Noirs à une nouvelle génération d’apprenants et est présenté comme un mélange de tradition et de technologie. USAY et Mammoth, tous deux basés à Calgary, ont reçu du financement du gouvernement du Canada et comptent introduire Thunder VR ainsi que les 27 casques Oculus Go dans des écoles de Calgary à l’automne 2019. Thunder VR est offert gratuitement sur Oculus Go.


Revitalisation des langues

De nombreuses langues autochtones du Canada sont menacées en raison des politiques coloniales restrictives adoptées au cours de l’histoire, comme la Loi sur les Indiens et le système de pensionnats, qui interdisent aux Autochtones de parler leur langue maternelle. En 2016, Statistique Canada rapporte qu’environ 40 langues autochtones au Canada comptent approximativement 500 locuteurs ou moins, ce qui est très peu. Les communautés autochtones et divers établissements d’enseignement ont donc pris des mesures pour prévenir des pertes linguistiques supplémentaires et préserver les langues autochtones. (Voir aussi Revitalisation des langues autochtones au Canada.)

Afin d’offrir une protection officielle aux langues autochtones du Canada, le premier ministre Justin Trudeau annonce le 6 décembre 2016, lors d’une réunion de l’ Assemblée des Premières Nations, que son gouvernement présentera une loi visant la préservation de ces langues menacées. Le 5 février 2019, le gouvernement canadien dépose la Loi sur les langues autochtones, qui vise à protéger et à revitaliser les langues autochtones au Canada.

Le 7 avril 2022, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse adopte la Mi’kmaw Language Act. Cette loi fait de la langue micmaque la première langue de la province. Elle soutient également les efforts de protection et de revitalisation de la langue. La loi, perçue comme un pas vers la réconciliation, entrera en vigueur le 1er octobre, Jour du traité.

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