Pavillon des Indiens du Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Pavillon des Indiens du Canada

Le Pavillon des Indiens du Canada faisait partie de l’Expo 67 à Montréal, au Québec. Il a été créé par les peuples des Premières Nations de partout au Canada. Ils ont profité de l’occasion pour partager avec le Canada et le monde des histoires provocatrices de la résistance coloniale. Le pavillon était distinct des autres pavillons provinciaux et nationaux de l’Expo 67. Il présentait des questions autochtones contemporaines et de l’art contemporain (voir Art autochtone contemporain). Il ne reste que peu de traces du Pavillon des Indiens du Canada au-delà des sources d’archives et des photographies. Il a été démantelé avec les nombreux autres pavillons créés pour l’exposition. Les artistes kwakwaka’wakw Tony Hunt et Henry Hunt avaient sculpté un totem pour l’extérieur du pavillon. Bien que presque tout le pavillon ait été détruit, le mât totémique est toujours là, sur l’île Notre-Dame de Montréal. L’impact du pavillon résonne encore aujourd’hui comme un pas important vers le changement.

Extérieur du Pavillon des Indiens du Canada
Exposition intérieure du Pavillon des Indiens du Canada
Tambours à l’extérieur du Pavillon des Indiens du Canada
Totem de Tony et Henry Hunt

Création et développement

Un groupe de dirigeants et d’artistes des Premières Nations est invité par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINCA) pour concevoir le pavillon pour l’ Expo 67 (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord). Les concepteurs du pavillon n’hésitent pas à faire face à la controverse et la réalité. Le site du pavillon comprend une imposante structure triangulaire qui symbolise un tipi. Cette structure est faite de poutres d’acier et d’un revêtement de vinyle blanc qui donnent au tipi une place dans notre époque actuelle. Des travailleurs d’acier kanyen’kehà:ka, célèbres pour avoir construit de nombreux gratte-ciels, construisent cette structure.

L’intérieur du pavillon contient 10 pièces exposant des panneaux éducatifs stimulants. Une équipe de jeunes femmes autochtones de toutes les régions du Canada est choisie pour servir de guides touristiques. Elles dirigent les visiteurs à travers le pavillon. Les visiteurs sont confrontés à des thèmes inconfortables et controversés liés aux conséquences des politiques coloniales du Canada, incluant l’éducation des enfants autochtones (voir aussi Pensionnats indiens au Canada). La visite se déroule dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Elle se termine avec une flamme symbolique qui invite à la réflexion sur les histoires que plusieurs visiteurs n’ont jamais entendu parler avant cette présentation.

L’extérieur du pavillon présente des œuvres d’art contemporaines autochtones. L’artiste dénésuline Alex Janvier, qui travaille pour MAINCA, invite un groupe d’artistes autochtones de partout au Canada pour créer des œuvres pour les espaces extérieurs. Des médaillons, des murales, et le totem emblématique attirent et accueillent les visiteurs dans le pavillon. Les artistes qui reçoivent des commandes pour créer les œuvres dans le pavillon comprennent : Alex Janvier; l’artiste anishinabé Norval Morrisseau; l’artiste tseshaht George Clutesi; l’artiste haida/ tlingit Robert Davidson; les artistes cris Noel Wuttunee et Carl Ray; l’artiste kainai (Blood) Gerald Tailfeathers; l’artiste sénéca Tom Hill; l’artiste ojibwé Francis Kagige; l’artiste lakota Ross Wood; l’artiste huron-wendat Jean-Marie Gros-Louis; les artistes kwakwaka’wakw Tony Hunt et Henry Hunt. L’art dans les espaces intérieurs inclut également des œuvres de l’artiste delaware Nathan Montour.

Controverse

Le pavillon présente des points de vue contemporains des peuples autochtones. Ils évitent les récits stéréotypés et positionnent les informations de manière directe. Une série de textes interprétatifs, des photographies, et des artefacts sont présents dans le pavillon. Ils offrent aux visiteurs un aperçu des premiers habitants de ce territoire. Des affichages pointés concernant l’histoire de l’éducation des enfants autochtones choquent et déstabilisent les visiteurs et la presse (voir aussi Pensionnats indiens au Canada).

À l’époque du pavillon, les musées des beaux-arts au Canada collectionnent les œuvres d’artistes autochtones. Bien que l’intérieur du pavillon ne soit pas censuré, MAINCA ajoute des textes supplémentaires à deux reprises pour réduire l’impact de certains messages. De plus, les craintes des organisateurs entraînent des modifications de l’art extérieur. Norval Morrisseau conçoit une murale intitulée Earth Mother and Her Children, qui dépeint la compréhension du parent et qui inclut une forme féminine allaitant des oursons. La fresque murale reflète une histoire fondamentale des Ojibwés. Norval Morrisseau a souvent peint cette histoire. Cependant, les organisateurs considèrent que la fresque est trop controversée, malgré une approbation du concept faite au préalable. Norval Morrisseau confie le projet à son ami et assistant Carl Ray. Celui-ci modifie le concept pour que la Terre mère soit avec un enfant humain. Il place un ourson au côté de leur étreinte. Il conserve également la dédicace de Norval Morrisseau à son grand-père et ses ancêtres. De plus, le titre du médaillon d’Alex Janvier est modifié en raison de connotations politiques. Le titre original de l’œuvre est changé de The Unpredictable East signé avec son numéro de traité, pour Beaver Crossing Indian Colours. L’œuvre est déplacée à l’arrière du pavillon.

Legs

Le Pavillon des Indiens du Canada constitue un moment de changement historique au sein de l’activisme autochtone au Canada (voir Organisation politique des Autochtones et activisme au Canada). Les panneaux de textes intérieurs offrent une vision directe et sans fioritures des histoires autochtones. Ces textes continuent de résonner dans les cercles autochtones. Malgré leurs efforts, Jim Miller et Myra Rutherdale ne trouvent que peu de preuves d’un impact durable sur l’opinion publique et les décideurs politiques canadiens.

Mémoire indienne, Michel Régnier, offert par l'Office national du film du Canada


Aujourd’hui, le Pavillon des Indiens du Canada est redécouvert. Les artistes, les conservateurs, et les universitaires autochtones œuvrent à restituer sa signification. Le 50e anniversaire de l’Expo 67, en 2017, coïncide avec le 150e anniversaire de la Confédération de 1867 et le 375e anniversaire de Montréal. Des projets faits par des artistes autochtones, comme l’artiste cri omaskêko Duane Linklater, et Krista Belle Stewart, membre de la bande Upper Nicola Band de la Nation Okanagan, marquent l’événement dans l’ouvrage À la recherche d’Expo 67. Le but de cet ouvrage consiste à revisiter les messages du Pavillon des Indiens du Canada. Duane Linklater crée une œuvre inspirée de la fresque murale censurée de Norval Morrisseau. Elle possède en elle-même un esprit monumental grâce à la représentation de yeux vigilants. Krista Belle Stewart crée une œuvre en lien avec Indian Memento, un film de 1967 de l’Office national du film qui documente le pavillon. Son œuvre se concentre sur sa mère qui était l’une des guides du pavillon. Le livre À la recherche d’Expo 67 de Monika Kin Gagnon et Lesley Johnstone est un catalogue de l’exposition qui offre un aperçu et un repositionnement sur le Pavillon des Indiens du Canada. À travers des essais et des œuvres d’art, ils expriment leur intérêt actif pour son impact durable.