Dakelh (Porteurs ou Carrier) | l'Encyclopédie Canadienne

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Dakelh (Porteurs ou Carrier)

Les Dakelh, également appelés Porteurs ou Carrier, sont des Dénés ayant traditionnellement vécu dans différentes régions centrales du nord de la Colombie‑Britannique. Le nom Porteurs provient de l’ancienne coutume voulant qu’une veuve porte, pendant une période de deuil, un sac contenant les cendres de son mari décédé jusqu’à ce qu’une distribution cérémonielle de ses biens la libère de cette obligation. Ce nom constitue également une traduction française du terme Aghele désignant les Dakelh en sékani, un dialecte issu de l’athapaskan (déné). Les Porteurs s’appellent eux‑mêmes Dakelh (les personnes qui « se déplacent sur l’eau »). Pour désigner des groupes spécifiques, ils ajoutent le suffixe xwoten, signifiant « originaires de », ou t’en signifiant « gens de », à des noms de villages ou de lieux (par exemple Tl’azt’en, Wet’suwet’en, etc.) Lors du Recensement de 2016, 7 810 personnes ont déclaré avoir une ascendance dakelh.

Première Nation Saik’uz
Cabanes de la Première Nation Saik’uz, au bord du lac Nulki, 2006. La Première Nation Saik’uz est une communauté dakelh (Porteurs/Dénés).
Première Nation Nadleh Whut’en
Première Nation Nadleh Whut’en, partie de la nation Yinka Dené (Porteurs), et lac Fraser; vue depuis le mont Fraser, 2006.
Première Nation Saik’uz
Petit totem à l’extérieur de Potlatch House, Première nation Saik’uz, 2006. La Première Nation Saik’uz est une communauté dakelh (Porteurs/Dénés).

Population et territoire

Le territoire dakelh couvre environ 76 000 km2 dans la région du plateau intérieur de la Colombie‑Britannique. Il est borné à l’est par les Rocheuses, au nord par les monts Omineca et à l’ouest par la côte pacifique. Lors du Recensement de 2016, 7 810 personnes ont déclaré avoir une ascendance dakelh (voir également Peuples autochtones du Plateau au Canada et Territoire autochtone).

Vie avant l’arrivée des Européens

Pendant l’hiver, les Dakelh vivent dans des villages situés principalement aux décharges des lacs ou aux confluences de cours d’eau, ou le long de canyons de rivière stratégiques. L’économie traditionnelle des Dakelh est basée sur la pêche, en particulier la pêche au saumon et aux poissons des lacs. La pêche au saumon s’effectue en utilisant des nasses (enclos) placées aux embouchures des rivières ou en harponnant le poisson le long des rivières.

Les Dakelh chassent également le gros et le petit gibier, notamment les ours, les marmottes et les castors. Jusqu’au milieu du 19e siècle, le caribou joue un rôle particulièrement important pour leur mode de vie traditionnel. Puis, à compter du début du 20e siècle, c’est l’orignal qui prend le relais. Les Dakelh stockent des baies sauvages et d’autres végétaux pour compléter leur régime alimentaire.

Les Dakelh empruntent les routes commerciales côtières pour échanger des peaux, des baies séchées et de la viande. Ces itinéraires sont alors connus sous le nom de « pistes de la graisse », car de nombreux produits qui y sont transportés pour être échangés sont fabriqués à partir d’huiles ou de graisses de poisson. Les Dakelh entretiennent également des liens commerciaux étroits avec d’autres groupes autochtones voisins, notamment les Nuxalks, les Gitksans et les Sékanis.

Société et culture

L’organisation sociale des Dakelh du Sud est fondée sur des groupes de parenté bilatéraux centrés sur des familles élargies composées des frères, de leurs épouses et de leurs enfants, ainsi que des familles des fils mariés. Un territoire de chasse et des sites de pêche et de cueillette sont attribués à chaque groupe (appelé sedeku).

Les Dakelh du Nord et du Centre sont organisés en groupes d’ascendance matrilinéaire associés à des zones d’utilisation des ressources (appelées keyoh) et à des sites de pêche. On nomme Deneza les chefs de groupes de parenté et de clans.

Des potlatchs, cérémonies de distribution de biens et de nourriture, sont organisés par les clans pour marquer des décès, la transmission de noms et d’autres occasions spéciales. Les membres de chaque communauté sont liés par des liens de parenté étendus servant de cadre pour la transmission des lignes de piégeage et l’échange de biens et de services. Les missionnaires oblats établissent une mission à Stuart Lake en 1873 et découragent la tenue de potlatchs et les autres coutumes des Dakelh.

Langue

Linguistiquement, les Dakelh sont des Dénés et comprennent trois sous‑groupes principaux classés en fonction de différences linguistiques et culturelles : les Dakelh du Nord ou Babines, vivant le long de la rivière Bulkley et du lac Babine dans le bassin versant de la rivière Skeena, les Dakelh du Centre, installés dans les bassins des lacs Stuart et Fraser au sein du bassin du Fraser et les Dakelh du Sud dans la région de la rivière Blackwater. Le recensement canadien ne fait pas la différence entre les locuteurs du babine, du dakelh du Centre et du dakelh du Sud et, en 2016, on recensait environ, tous dialectes confondus, 1 265 locuteurs du porteur (dakelh) (voir également Langues autochtones au Canada).

Histoire coloniale

Alexander Mackenzie et d’autres négociants en fourrures de la Compagnie du Nord‑Ouest sont les premiers Européens à pénétrer en territoire dakelh en 1793 (voir également Traite des fourrures). Cependant, pour atteindre cette région, ils doivent traverser des terres des Sékanis et c’est par ces derniers qu’ils apprennent l’existence des Dakelh. C’est pour cette raison que le nom donné par les Sékani aux Dakelh, Aghele, sera utilisé, dans sa traduction anglaise et française, par les Européens pour désigner les Dakelh.

Après la création de postes de traite des fourrures sur leur territoire au début du 19e siècle (par exemple Fort St. James au lac Stuart en 1806), les Dakelh font la traite des saumons et des fourrures (avec la Compagnie du Nord‑Ouest jusqu’en 1821 et avec la Compagnie de la Baie d’Hudson après cette date). Grâce à une mission et à un poste de traite situés au lac Stuart, Fort St. James devient un centre important pour les réunions saisonnières de Dakelh venus de toute la région. Les populations de Dakelh vont fortement diminuer pour atteindre un creux à la fin des années 1920 sous le coup des maladies, comme la variole et la rougeole au 19siècle et la grippe en 1918. Des réserves sont attribuées aux Dakelh en 1871 et dans les années 1890.

Une fois la ligne de chemin de fer intérieure du Nord achevée en 1914, les Dakelh s’engagent dans la coupe de bois et dans des travaux saisonniers rémunérés tout en continuant à chasser, à trapper et à pêcher, un mode de vie qui reste essentiel, de nos jours, dans certaines communautés dakelh.

Dès 1911, on interdit l’usage de nasses (enclos) dans les rivières à saumons des bassins versants du Fraser et de la rivière Skeena. En 1913‑1914, des éboulements de rochers dans la gorge Hells Gate du canyon du fleuve Fraser réduisent considérablement les populations de saumons atteignant la région des lacs Stuart et Fraser; les Dakelh doivent donc s’en remettre plus largement à la pêche lacustre, à la chasse et au trappage.

Militantisme

Dans les années 1980, les groupes de Dakelh les plus occidentaux, les Wet’suwet’en et les Gitksans de la rivière Skeena, se pourvoient en justice pour la reconnaissance de leur titre autochtone : c’est l’affaire Delgamuukw (1997). La Cour suprême du Canada fait observer que le titre autochtone constitue un droit ancestral protégé par le paragraphe 35(1) de la Loi constitutionnelle de 1982. La décision de la Cour dans l’affaire Delgamuukw, influencée par l’affaire Calder (1973), aura des répercussions sur d’autres affaires liées aux droits ancestraux et aux titres autochtones, notamment l’affaire Tsilhqot’in (2014). (Voir également Autochtones : organisations et activisme politiques.)

Vie contemporaine

Le Conseil tribal carrier‑sekani est une organisation politique représentant sept Premières Nations : les Ts’il Kaz Koh (bande du lac Burns), les Nadleh Whut’en, les Saik’uz, les Stellat’en, les Takla Lake, les Tl’azt’en et les Wet’suwet’en. Cette organisation indique offrir également « des services techniques et professionnels aux nations membres dans les domaines des pêcheries, de l’éducation, du développement économique, de la planification et des infrastructures communautaires, de la foresterie, de la gestion financière et des négociations ».

Le conseil tribal carrier‑chilcotin compte quatre communautés membres : la nation Lhoosk’uz Dené, la nation Lhtako Dené, les Tl’esqox des Tsilhqot’in et la Première Nation Ulkatcho. Il se décrit comme « une organisation efficace et progressiste qui contribue à l’unité et au bien‑être des communautés membres et de leurs citoyens grâce à la prestation de programmes et de services de qualité qui respectent notre culture, nos traditions et nos valeurs autochtones ».

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones