Mary “Bonnie” Baker | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Mary “Bonnie” Baker

Mary Geraldine « Bonnie » Baker (née George), joueuse professionnelle de baseball, commentatrice (née le 10 juillet 1919 à Regina, en Saskatchewan; décédée le 17 décembre 2003 à Regina). Mary « Bonnie » Baker est une receveuse et joueuse de relève dans la All-American Girls Professional Baseball League pendant neuf saisons. En 1950, elle devient la seule gérante d’équipe permanente au cours des 12 années de vie de la ligue. Fougueuse sur le marbre et d’un naturel enjoué, elle devient l’une des inspirations du personnage de Dottie Hinson, incarné par Geena Davis, dans le film hollywoodien A League of Their Own (1992; v.f. Une équipe hors du commun). Après avoir pris sa retraite comme joueuse de baseball et de softball, elle devient la première femme canadienne commentatrice sportive.

Jeunesse

Mary Geraldine George naît à Regina. Ses parents, Elizabeth (née Lorenz) et Michael George, sont des immigrants de l’Autriche-Hongrie qui s’identifient à l’ethnie hongroise. En plus de Mary, ceux-ci ont quatre filles et cinq fils. L’enfant fréquente l’école publique Wetmore et l’école Balfour Technical, toutes deux dans sa ville natale, où son père travaille comme mécanicien. Sa mère rend l’âme lorsqu’elle a 11 ans.

Softball en Saskatchewan

Mary Baker commence à jouer au softball à l’âge de 13 ans, avec des filles plus âgées et des jeunes femmes. Elle devient receveuse, soit la position de jeu défensive la plus difficile. À la fin de son adolescence, elle joue avec les Maefairs de Regina, dans la Girls’ Intercity Softball League (Ligue féminine de softball d’Intercity). En 1938, elle rejoint les rangs des Army and Navy Bombers, une équipe commanditée par un grand magasin où elle travaille comme commis. Sous la direction d’Arnold « Kappy » Kaplan, les Bombers remportent le championnat provincial de softball en 1940.

All-American Girls Professional Baseball League

En 1943, alors que la Deuxième Guerre mondiale fait des ravages outre-mer, Philip K. Wrigley, magnat de la gomme à mâcher et propriétaire des Cubs de Chicago, ainsi que Branck Rickey, propriétaire des Dodgers de Brooklyn, fondent la All-American Girls Professional Baseball League (Ligue féminine professionnelle américaine de baseball). Les équipes, situées dans des villes du Midwest américain, visent à divertir les travailleurs de guerre et à encourager les femmes à demeurer en forme grâce au sport (voir aussi Les femmes et le sport).

Les joueuses de la ligue reçoivent un salaire allant de 45 à 85 dollars américains par semaine, soit plus que les ouvriers d’usine qualifiés. Chaque équipe est composée de 15 joueuses, d’un chaperon, d’un directeur administratif et d’un directeur sur le terrain, qui s’avère généralement être un ancien joueur de la ligue majeure. La société cosmétique d’Helena Rubenstein est mandatée d’enseigner l’étiquette aux joueuses. La ligue demeure en activité jusqu’en 1954. Environ une joueuse sur dix est canadienne.

Carrière professionnelle de joueuse de baseball

Mary Baker et d’autres femmes sont sélectionnées depuis la Saskatchewan par Hubert « Hub » Bishop, recruteur et personnalité bien connue dans le monde du sport. En mai 1943, elle participe au camp de sélection à Wrigley Field, à Chicago, puis est envoyée dans l’équipe des Blue Sox de South Bend, en Indiana.

Pendant son parcours dans la ligue, plusieurs modifications sont apportées aux règlements. Lors de la saison d’inauguration, le sport joué est celui de la balle rapide, où la balle est lancée par en dessous. Avec le temps, la taille de la balle diminue et les lanceuses peuvent la lancer de côté puis, en 1948, par au-dessus.

En neuf saisons dans la ligue professionnelle, Mary Baker joue 930 matchs et marque 244 points. Dans sa carrière, elle frappe 44 doubles, 20 triples et un seul coup de circuit, qu’elle réalise pendant sa première saison. Elle compense son manque de puissance par une grande vitesse entre les buts. Elle accumule au cours de sa carrière 506 buts volés. Derrière le marbre, elle est considérée comme la meilleure receveuse défensive de la ligue. Elle est également connue pour attraper les balles empêchant les coureuses adverses de marquer des points. En 1946, elle est nommée receveuse étoile de la ligue.

Mary Baker, qui joue aussi parfois au deuxième but, en est à sa huitième saison avec les Blue Sox lorsqu’elle est échangée aux Lassies, une équipe du Michigan. (Une de ses sœurs, Gene McFaul, a également joué 15 matchs avec les Lassies en 1948.) La joueuse ne participe pas à la saison de 1951, mais revient en 1952 pour une dernière saison professionnelle avec les Lassies.

Culture populaire

La sympathique athlète, qui reçoit le surnom de « Bonnie » par un commentateur, figure dans de nombreux journaux quotidiens et magazines à grand tirage. En 1945, le magazine Life présente un essai photographique sur la ligue comprenant une image spectaculaire de Mary Baker portant son masque de receveuse et son plastron. Le magazine SPORT rédige quant à lui un profil de la joueuse en mai 1947, intitulé « Bonnie’s the Belle of the Ball Game », ou « Bonnie est la belle du (jeu de) bal(le) ».

Le 17 août 1952, Mary Baker participe à l’émission « What’s My Line? », lors de laquelle des célébrités posent des questions à un invité mystère pour tenter de deviner sa profession. « Pendant votre travail, vous arrive-t-il d’enlever certaines parties de votre costume? », lui demande alors Hal Block. Elle répond que oui, faisant référence à son équipement de receveuse, ce qui déclenche l’hilarité dans la foule. Bien que les questions de l’homme mènent à penser que l’athlète est en fait une strip-teaseuse, la participante Dorothy Kilgallen réussit à deviner la bonne réponse et ajoute : « Je crois sans aucun doute que Mme Baker est une bonne raison de laisser jouer les femmes dans les grandes ligues. »

Carrière de gérante

Le 6 juin 1950, Mary Baker est échangée et intègre les Lassies de Muskegon, une équipe en difficulté qui déménage peu après à Kalamazoo, au Michigan. L’athlète en devient la directrice, ce qui en fait la première femme, ainsi que la seule joueuse de la ligue, à gérer une équipe. La plupart des autres gérants de la ligue ont de l’expérience en tant que joueurs dans la ligue majeure, notamment Max Carey, Dave Bancroft et Johnny Rawlings. (Un autre directeur, Johnny Gottselig, un Canadien, a quant à lui joué dans la Ligue nationale de hockey.)

Les Lassies connaissent une saison difficile et terminent en dernière place (8e) avec un record de 36 victoires et 73 défaites. La ligue interdit ensuite aux femmes de gérer une équipe. Mary Baker ne participe pas à la saison de 1951 pour donner naissance à sa fille.

Retour en Saskatchewan

Mary Baker retourne ensuite au softball, dans sa ville d’origine. En 1953, elle mène l’équipe de softball de la Légion de Regina à remporter le titre provincial et celui de l’ouest du Canada. L’équipe se voit donc accorder une place au Championnat du monde de softball féminin de 1953, qui a lieu à Toronto. Lors du tournoi, Mary Baker a une moyenne au bâton de ,500 (soit 8 coups sûrs pour 16 présences au bâton), mais la cause est tout de même perdue. En septembre, la Légion perd le match décisif pour le titre canadien contre les Kalyx de Toronto.

Mary Baker continue de jouer au softball pendant plusieurs saisons avant de se fracturer la cheville en 1958. Elle devient également une joueuse de quilles et de curling d’un certain talent et gère le club de curling Wheat City, à Regina, pendant 25 ans. En 1953, elle se joint à deux de ses frères pour administrer le Hunt Club, un restaurant situé dans un ancien manoir de Regina.

Carrière de commentatrice

En décembre 1964, Mary Baker est embauchée comme directrice de la section sportive de la station de radio CKRM. Lors d’une conférence de presse des Roughriders de la Saskatchewan, qui annonce l’arrivée d’Eagle Keys comme entraîneur-chef, Mary Baker est présentée comme la première femme commentatrice sportive dans un milieu entièrement masculin. L’ancienne athlète insiste cependant pour être traitée « comme les autres garçons ».

« Je suis passée à la radio et à la télévision plusieurs fois par le passé, mais j’ai toujours été interviewée, se confie-t-elle. Je n’ai jamais été celle qui menait l’entrevue. »

Vie personnelle

En 1936, Mary Baker épouse Maurice Griffith Baker. Celui-ci s’engage dans l’Aviation royale canadienne à la fin de 1941. Après la guerre, il participe à la publication de magazines destinés aux anciens combattants. Il décède en 1962, à l’âge de 52 ans. Le couple a une fille, Maureen, appelée Chick en raison d’un surnom donné par les coéquipières de sa mère lorsqu’elle était bébé.

A League of Their Own (1992; v.f. Une équipe hors du commun)

Un certain intérêt pour la All-American League est ravivé après la sortie du film A League of Their Own (v.f. Une équipe hors du commun) en 1992. Le film met en vedette Madonna, Tom Hanks et Geena Davis, dont le personnage, Dottie Hinson, a une sœur cadette entêtée dans la ligue et un mari combattant outre-mer, ce qui fait écho à la vie de Mary Baker. L’athlète qualifie elle-même le film de « drôle et très divertissant ».

Hommages

En 2015, une murale illustrant la carrière de Mary Baker est peinte sur un kiosque par l’artiste Carly Jaye Smith, au Central Park de Regina. Le terrain de softball du parc est également nommé en son honneur la même année.

En 2016, Maureen Ulrich fait une tournée de la Saskatchewan avec un monologue théâtral nommé « Diamond Girls: Diamonds in the Rough ». La pièce raconte l’histoire de trois femmes de la Saskatchewan qui jouent dans la ligue professionnelle. Elle raconte la vie de Mary Baker, de Daisy (née Knezovich) Junor et d’Arleene (née Johnson) Noga.

Distinctions

En 1998, les 64 Canadiennes à avoir joué dans la All-American Girls Professional Baseball League, y compris Mary Baker et sa sœur Gene McFaul, sont intronisées au Temple de la renommée du baseball canadien, à St. Marys, en Ontario. Mary Baker est également intronisée au Temple de la renommée des sports de la Saskatchewan (1985), au Temple de la renommée des sports de Regina (2004) et au Panthéon des sports canadiens (2018).

Liens externes