Wilton Littlechild | l'Encyclopédie Canadienne

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Wilton Littlechild

Jacob Wilton (Willie) Littlechild, CC, AOE, athlète, avocat, chef cri, politicien, militant pour les droits des Autochtones (né le 1er avril 1944 à Hobbema [aujourd’hui Maskwacîs], en Alberta). Wilton Littlechild a formé et entraîné la première équipe junior de hockey entièrement autochtone et a fondé de la National Indian Athletic Association (association sportive nationale pour les Indiens). Il est intronisé à sept panthéons des sports. En 1976, Wilton Littlechild a décroché un diplôme en droit de l’Université de l’Alberta., Il a été la première personne ayant le statut d’Indien inscrit à occuper le poste de député au Parlement au Canada, en 1988. En 2009, il a agi à titre de commissaire de la Commission de vérité et réconciliation. Tout au long de sa carrière, il a fait la promotion des droits des Autochtones au pays et à l’international.

Jeunesse et éducation

Wilton Littlechild voit le jour dans la nation crie Ermineskin. Il grandit sur des terres de réserve traditionnellement connues sous le nom de Bear Hills (ou Maskwacheesihk), à 80 km au sud d’Edmonton, en Alberta. Issu d’une grande famille, il est élevé par ses grands-parents, Mary Jane Minde et Dan Minde, un chef autochtone. Avec eux, il apprend l’importance de l’éducation et du respect de la culture crie traditionnelle.

À l’âge de six ans, Wilton Littlechild est envoyé au pensionnat indien Ermineskin. Il fréquente par la suite d’autres pensionnats, où il ressent non seulement la douleur de la séparation physique d’avec sa famille, mais aussi celle de la séparation spirituelle d’avec sa culture. Comme trop d’enfants ayant fréquenté ces établissements au Canada, il subit des violences physiques et sexuelles. Il réussit toutefois à survivre aux pensionnats indiens en se consacrant au sport et à ses études.

Wilton Littlechild obtient un baccalauréat en éducation physique de l’Université de l’Alberta en 1967. Huit ans plus tard, il décroche une maîtrise. Athlète talentueux, il excelle au hockey, en natation et au baseball. Au cours de sa carrière, il devient également entraîneur et gérant d’autres sports. Wilton Littlechild forme et entraîne la première équipe junior de hockey entièrement autochtone et est le fondateur de la National Indian Athletic Association (association sportive nationale pour les Indiens), qui organise des événements sportifs au Canada et aux États-Unis. Au fil de sa carrière d’athlète, Wilton Littlechild remporte plus de 70 championnats provinciaux, nationaux et internationaux. Il est intronisé à sept temples de la renommée du sport.

En 1976, Wilton Littlechild obtient un diplôme en droit de l’Université de l’Alberta. La Nation crie, reconnaissant sa réussite, le nomme alors chef honorifique et lui attribue le nom cri de son grand-père : Mahihgan Pimoteyw (loup qui marche).

Wilton Littlechild rencontre sa femme, Helen, lors d’un match de football en 1967. De leur union naissent trois enfants.

Droit et militantisme international

Wilton Littlechild fonde un cabinet juridique dans la réserve Ermineskin en 1977. La même année, il est sélectionné pour faire partie de la délégation autochtone aux Nations Unies, où il participe à la rédaction de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cette expérience marque le début de ses nombreuses contributions à l’amélioration des droits des Autochtones partout dans le monde.

Wilton Littlechild se présente notamment devant les cours britanniques pour empêcher le rapatriement de la Constitution canadienne avant qu’elle garantisse les droits des Autochtones. Il aide également à fonder l’Initiative autochtone pour la paix et agit à titre de président du comité à l’origine de la Déclaration américaine relative aux droits des peuples autochtones de l’Organisation des États américains. Malgré ses voyages à l’étranger, c’est toujours à Maskwacîs qu’il se sent le plus chez lui.

Député fédéral

Wilton Littlechild se présente aux élections fédérales de 1988 comme candidat pour le parti progressiste-conservateur dans le comté de Wetaskiwin, en Alberta. Il récolte alors 50 % du vote populaire, ce qui lui permet de devenir le premier député ayant le statut d’Indien inscrit. Pendant son premier discours à la Chambre des communes, il prononce quelques phrases en cri.

Tout en représentant les électeurs, Wilton Littlechild participe également à plusieurs comités parlementaires, comme le Comité permanent des affaires autochtones, le Comité spécial d’examen de la Loi constituant le SCRS et de la Loi sur les infractions en matière de sécurité, le Comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes relatif à la Constitution et le Comité permanent de l’énergie, des mines et des ressources. Il est également vice-président du Comité permanent de la justice et du Solliciteur général.

Wilton Littlechild est choisi comme délégué parlementaire aux Nations Unies à Genève et à New York. Là-bas, il s’efforce de réunir des représentants des peuples autochtones de plusieurs pays pour obtenir un statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU. Il ne se représente pas aux élections de 1993.

Commission sur les peuples des Premières Nations et des Métis et sur la réforme judiciaire

En Saskatchewan, Wilton Littlechild devient président de la Commission on First Nations and Métis Peoples and Justice Reform (commission sur les peuples des Premières Nations et des Métis et sur la réforme judiciaire). Formée en novembre 2001 et composée de cinq membres, la Commission a pour mandat d’enquêter et de formuler des recommandations quant au traitement subi par les Premières Nations et les Métis dans le système judiciaire et policier en Saskatchewan.

Le rapport final de la Commission, Legacy of Hope (L’espoir en héritage), est déposé le 21 juin 2004. Il indique notamment que le racisme systémique est à la base de la méfiance et de l’hostilité envers la police et le système judiciaire chez bon nombre de peuples autochtones. Le rapport contient 122 recommandations pour résoudre les problèmes soulevés.

Commission de vérité et réconciliation

En 2009, Wilton Littlechild devient commissaire de la Commission de vérité et réconciliation (CVR). La CVR est mise sur pied dans le cadre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2007. La journaliste Marie Wilson de la CBC se joint à Wilton Littlechild à titre de commissaire, tandis que le poste de président est attribué au juge Murray Sinclair.

Le rapport final de la CVR est publié en 6 volumes le 15 décembre 2015. Il avance notamment que le programme de pensionnats indiens a entraîné un génocide culturel et propose 94 appels à l’action. (Voir aussi Génocide et peuples autochtones au Canada.) Wilton Littlechild se dit fier d’avoir participé à la CVR.

Rencontres avec le pape

L’un des appels à l’action de la CVR consiste à recevoir les excuses de l’Église catholique pour le rôle qu’elle a joué dans le système de pensionnats indiens. Au terme de longues années de négociations, Wilton Littlechild est l’une des 200 personnes autochtones envoyées au Vatican en mars 2022 pour y entendre les excuses du pape François. Wilton Littlechild raconte : « J’ai espéré des excuses. J’ai prié pour des excuses. J’en ai rêvé. Mais je ne m’étais jamais attendu à les vivre, à les voir et à les ressentir. » Peu après cette visite, le pape reconnaît que pour donner encore plus de poids à ses excuses, il devra les répéter en sol canadien.

Le pape François visite le Canada du 24 au 29 juillet 2022. Son parcours débute à l’ancien pensionnat indien d’Ermineskin à Maskwacîs, en Alberta, que Wilton Littlechild a fréquenté. Le militant est d’ailleurs présent lorsque le pape François réitère ses excuses au Canada pour le rôle tenu par l’Église catholique dans le système de pensionnats indiens.

Prix et distinctions

En plus d’être titulaire de diplômes honorifiques et d’autres distinctions, Wilton Littlechild a reçu les prix suivants :

  • Prix Tom Longboat (1967 et 1974)
  • Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada (1993)
  • 2 000 intellectuels remarquables du 21e siècle (2004)
  • Prix de reconnaissance pour services exceptionnels de l’Association canadienne des ex-parlementaires (2006)
  • Doctorat honorifique en droit, Université de l’Alberta (2007)
  • Médaille du Jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)
  • Prix Indspire pour le droit et la justice (2014)
  • Ordre d’excellence de l’Alberta (2014)
  • Croix du service méritoire (2017)
  • Intronisation au Panthéon des sports canadiens (2018)
  • Médaille Pearson pour la paix (2018)
  • Compagnon, Ordre du Canada (2023)
Fanny Rosenfeld
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