Jackson Beardy | l'Encyclopédie Canadienne

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Jackson Beardy

Jackson Beardy (Quincy Pickering Jackson Beardy), artiste oji-cri (né le 24 juillet 1944 à Island Lake, au Manitoba; décédé le 8 décembre 1984 à Winnipeg). Jackson Beardy est d’abord associé à la New Woodland School avant de devenir, en 1973, membre d’un groupe d’artistes autochtones appelé le Groupe indien des Sept. Ses œuvres stylisées, peintes sur toile, écorce de bouleau ou peau de castor, portent souvent sur l’interdépendance des humains et de la nature, et dépeignent des personnages issus des traditions orales ojibwée et crie. De la fin des années 1960 à son décès au début des années 1980, Jackson Beardy fait la promotion de la légitimité de l’art autochtone au sein du paysage de l’art contemporain. Son influence en tant qu’artiste de Woodland a contribué au développement de l’art autochtone contemporain au Canada.

« Calling the Night »

Jeunesse et éducation

Jackson Beardy naît de l’union de John Beardy et de Dinah Monias dans la Première Nation de Garden Hill, au Manitoba. Cinquième d’une famille de treize enfants, il est élevé par sa grand-mère, qui lui enseigne les traditions et légendes cries. (Voir aussi Religion et spiritualité des Autochtones au Canada.)

À 7 ans, Jackson Beardy est envoyé dans un pensionnat indien à Portage la Prairie, où il est forcé de renier son patrimoine et sa langue autochtones. À la suite de cette expérience traumatisante, Jackson Beardy commence à consommer de l’alcool pour soulager son mal-être, allant jusqu’à développer des ulcères à l’estomac. Il devient sobre à 1974.

Jackson Beardy apprend à dessiner et à peindre au pensionnat, et il finit éventuellement par étudier l’art à la Technical Vocational High School de Winnipeg de 1963 à 1964. Il termine également ses études formelles à l’Université du Manitoba en 1966. (Voir aussi Art autochtone contemporain.)

Au début des années 1960, Jackson Beardy commence à peindre des images représentant les traditions orales de sa culture. Parfois considérées taboues, les peintures ne sont pas toujours acceptées au sein de sa communauté. Malgré tout, la carrière de l’artiste prend son essor au milieu de la décennie.

Carrière artistique

En 1967, Jackson Beardy est invité à Montréal afin de travailler comme consultant pour le pavillon des Indiens du Canada de l’Exposition universelle. Il reçoit aussi des commandes d’œuvres d’art à l’occasion du centenaire du Canada en 1967 et du centenaire du Manitoba en 1970. Au grand gala du centenaire du Manitoba, tenu au Centre national des arts à Ottawa, Jackson Beardy et sa famille se font refuser l’accès par les gardiens de sécurité, même s’ils sont invités. Cette expérience de discrimination inspire son dévouement à défendre les intérêts des artistes et des individus autochtones au Canada.

En 1972, Jackson Beardy, Daphne Odjig et Alex Janvier lancent à la Winnipeg Art Gallery une exposition intitulée Treaty Numbers 23, 287, 1171 (Traités nos 23, 287, 1171). Les numéros cités dans le titre font référence aux numéros donnés aux bandes respectives des artistes lorsqu’elles ont signé des traités avec le gouvernement canadien. L’exposition est supervisée par Jacqueline Fry (1923-1991). Les trois artistes et leurs collègues Norval Morrisseau, Carl Ray, Eddy Cobiness et Joseph Sanchez fondent plus tard la Professional Native Indian Artists Incorporation (PNIAI) en 1973, mieux connue par le public sous le nom Groupe indien des Sept. Leur objectif est de promouvoir leur art au Canada, mais aussi de faire reconnaître l’art autochtone pour ses qualités plastiques et non pas pour son importance anthropologique. (Voir aussi Art autochtone au Canada.)

Pendant les années 1970, Jackson Beardy utilise son talent pour illustrer les couvertures des livres Almighty Voice (1974) de Leonard Peterson, When the Morning Stars Sang Together (1974) de John Morgan et Ojibway Heritage (1976) de Basil Johnston. En 1980, il déménage à Ottawa et, de 1982 à 1983, sert de conseiller principal des arts pour le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Au cours de ce mandat, il rédige le « Guide des beaux-arts indiens », contenant des lignes directrices pour la collection d’œuvres autochtones par le ministère.

Jackson Beardy rentre à Winnipeg en 1984. Cette année-là, le Centre indien des familles lui commande des murales ayant pour thème « la paix et l’harmonie » sur sa façade aux coins sud-est des rues Selkirk et Powers. Il s’agit de l’une des premières murales à Winnipeg. Malheureusement, l’artiste meurt avant d’avoir fini son travail. Les murales sont donc complétées de façon posthume par des artistes de la R.B. Russell Vocational High School et sont dévoilées lors d’une cérémonie le 5 septembre 1985 par la lieutenante-gouverneure du Manitoba Pearl McGonigal. Le mur nord représente la paix et l’harmonie parmi les humains, symbolisées par un calumet de paix. Le mur ouest, quant à lui, montre des échanges harmonieux entre le genre humain, le monde spirituel et la nature. En 2006, les murales sont repeintes et restaurées par une équipe dirigée par deux des premiers élèves du groupe d’art graphique de l’école, Sweetpea (Leo Neilson) et Emily Amos. Le duo travaille sous la supervision de la directrice du centre Jeanet Sybenga.

Le saviez-vous?
Une peinture de Jackson Beardy a été présentée à la reine Elizabeth II lors de son passage dans la province du Manitoba en 1979.



Expositions et œuvres importantes

La première exposition solo de Jackson Beardy a lieu à l’Université de Winnipeg en 1965. Parmi les nombreuses autres expositions le mettant en vedette dans les années 1960 et 1970, on compte notamment Images for a Canadian Heritage, présentée en 1977 à Vancouver, en Colombie-Britannique. Ses œuvres sont également présentées à la Winnipeg Art Gallery de 1993 à 1994. De plus, l’artiste fait l’objet d’une rétrospective, Jackson Beardy: A Life’s Work, en 1995 à la Thunder Bay Art Gallery, en Ontario. Au total, Jackson Beardy présente 17 expositions solos.

Parmi les expositions de groupe, on compte celle présentée au pavillon des Indiens du Canada à Montréal dans le cadre d’Expo 67, ainsi que la révolutionnaire Treaty Numbers 23, 287, 1171 en 1972 à la Winnipeg Art Gallery. En 1976, l’exposition Contemporary Native Art of Canada: The Woodland Indians, est présentée au Musée royal de l’Ontario à Toronto avant de faire la tournée des musées en Angleterre et en Allemagne. L’exposition Contemporary Indian and Inuit Art of Canada, organisée par le ministère des Affaires indiennes et du Nord, part quant à elle en tournée de 1983 à 1985. L’art de Jackson Beardy est présenté à la toute première exposition autochtone à Rideau Hall en 1983. Son art est également exposé à la galerie de l’Université de Winnipeg (2008), à la galerie Buhler de l’hôpital Saint-Boniface (2012) et à la galerie d’art Mackenzie, à Regina (2013-2014).

Les œuvres de Jackson Beardy se trouvent dans une foule de collections d’art, dont celles du Musée canadien de la civilisation (maintenant appelé le Musée canadien de l’histoire) et de la Cour suprême du Canada à Ottawa. À l’extérieur de la capitale, on peut trouver des peintures de l’artiste au musée Glenbow à Calgary, au Musée de l’Homme et de la nature du Manitoba à Winnipeg, à la McMichael Canadian Collection à Kleinburg, au Musée royal de l’Ontario à Toronto, à l’Université Simon Fraser à Burnaby, à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et à la Winnipeg Art Gallery. Ses œuvres sont également exposées à l’étranger, notamment au Mother Theresa’s Hospital en Inde, à l’Université de Wellington en Nouvelle-Zélande et au château Windsor, au Royaume-Uni.

Enseignement et mandats de conseiller

En plus de travailler pour le gouvernement fédéral au début des années 1980, Jackson Beardy a servi comme conseiller artistique et culturel pour le Musée de l’Homme et de la Nature du Manitoba. Il a également enseigné au département des études autochtones de l’Université Brandon et à l’Université du Manitoba.

Jackson Beardy a été un membre actif du Conseil indien des arts, du Conseil des arts du Manitoba, de la Prison Arts Foundation, du Front des artistes canadiens et de la Canadian Indian Artist Association. Il a également siégé au conseil d’administration du Conseil des arts du Manitoba.

Décès et patrimoine

Jackson Beardy meurt à 40 ans des complications d’une crise cardiaque. Ses funérailles en 1984 sont les premières à être célébrées dans le salon bleu de l’Assemblée législative du Manitoba. Lors de la cérémonie, des représentants fédéraux, provinciaux et civils se joignent à la famille de l’artiste et à des dirigeants autochtones pour commémorer sa vie et son œuvre.

Prix et récompenses

  • Médaille canadienne du centenaire (1967)
  • Prix Young Achievers (1974)
  • Bourse du Conseil du Canada (1982)
  • Prix des jeunes Manitobains d’exception (1982)