John Redpath | l'Encyclopédie Canadienne

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John Redpath

John Redpath, homme d’affaires, philanthrope (né en 1796 à Earlston, en Écosse; décédé le 5 mars 1869 à Montréal, au Québec). John Redpath a joué un rôle central dans l’émergence de Montréal comme grand centre industriel au milieu du 19e siècle. Maçon en pierres de formation, il a participé à la construction à la fois du canal de Lachine et du canal Rideau. Il a également fondé la raffinerie de sucre Redpath, qui a aidé à établir une industrie du sucre domestique au Canada (voir Sucrerie Redpath). John Redpath a eu une longue carrière d’homme d’affaires et de philanthrope. Il a pris part à de nombreux projets et initiatives d’importance qui ont aidé à faire de Montréal la première métropole et la capitale commerciale du Canada.

Portrait de John Redpath

Jeunesse

On connaît peu de choses de la jeunesse de John Redpath. On sait qu’il fait son apprentissage de maçon en pierres auprès de George Drummond, un bâtisseur d’Édimbourg. Malgré ses modestes moyens, John Redpath arrive à immigrer au Bas-Canada en 1816. Il fait le voyage accompagné de plusieurs de ses frères ainsi que de Robert Drummond, le frère de son ancien maître. Ils arrivent à Québec. Incapables de se trouver un emploi, ils décident de se diriger à pied vers Montréal. La légende familiale veut que le groupe ait marché pieds nus afin de préserver ses chaussures pour de futurs emplois en ville.

John Redpath travaille rapidement dans le domaine de la construction. Il collabore avec Thomas McKay pour fournir les pierres nécessaires à la construction de l’Église Notre-Dame (qui s’appelle aujourd’hui Basilique Notre-Dame) et du canal de Lachine. John Redpath, en tant que bâtisseur et maçon en pierres, participe aussi à la construction des édifices de la British and Canadian School, du Theatre Royal et de la Banque de Montréal. En 1818, il épouse Janet McPhee, avec qui il aura six enfants survivants en une décennie.

Canal Rideau

Les premiers ouvrages auxquels John Redpath contribue à Montréal lui permettent d’acquérir la réputation d’être un bâtisseur compétent. En 1826, il participe à la construction du canal Rideau. Son travail consiste alors à construire un barrage à Jones Falls, ce qui implique de bloquer le cours d’une rivière. Une fois terminé, il s’agit du plus important barrage de l’Empire britannique. John Redpath supervise le déroulement de son travail au canal Rideau d’une habitation temporaire à Jones Falls, où sa famille habite brièvement avec Elspeth, sa sœur mariée. Le projet du canal Rideau permet à John Redpath d’accumuler une petite fortune, ce qui lui permet de cimenter davantage sa réputation en tant que bâtisseur et homme d’affaires.

Entreprises commerciales et vie personnelle

Après avoir terminé de travailler sur le projet du canal Rideau, John Redpath rentre à Montréal. Il achète alors une grande propriété sur le flanc sud du mont Royal avec sa famille. Son objectif est de diviser la propriété en lots pour la construction résidentielle. Grâce à cet achat, il participe au développement du quartier du « Mille carré doré » de Montréal, où se trouverait la plus importante concentration de richesses au Canada à la fin du 19e et au début du 20e siècle.

Au cours des années 1830, John Redpath s’établit comme dirigeant d’entreprise à Montréal. Il investit dans l’immobilier, le transport fluvial et les banques. Il siège également au conseil d’administration de certaines des sociétés montréalaises en expansion. En 1833, il est nommé membre du conseil d’administration de la Banque de Montréal. À l’époque, il s’agit de l’institution financière la plus importante de la ville, mais aussi d’une des principales banques du Canada d’avant la Confédération. (Voir aussi Banques à charte au Canada; Confédération.) Comme beaucoup de ses contemporains, il investit dans de nombreuses entreprises, notamment dans l’exploitation minière de charbon et de cuivre, les fonderies de cuivre, les compagnies d’ assurance, le transport et la tourbe comme combustible (voir Métallurgie). Il est également un des premiers investisseurs et président du conseil d’administration de la Montreal Telegraph Company.

En 1834, John Redpath perd sa femme, Janet. Pendant son deuil, il revient à Jones Falls pour vivre avec sa sœur Elspeth. Peu après, il rencontre Jane, la nièce de son ami Robert Drummond. Suivant la mort soudaine de Robert à la fin de 1834, Jane accepte d’épouser John Redpath. Le mariage a lieu en septembre 1835. Le couple retourne à Montréal pour s’y établir. Au total, John Redpath aura eu 17 enfants.

Portrait de Jane Drummond

Le saviez-vous?
Peter Redpath, le fils de John Redpath, joue un rôle clé dans l’expansion de la raffinerie de sucre Redpath. Il fonde également la bibliothèque Redpath de l’Université McGill et le musée Redpath, le premier musée d’histoire naturelle de Montréal et le premier musée avec cette visée construit au Canada.


Rébellions de 1837

Les affaires de John Redpath (et l’économie montréalaise en général) ont été financièrement affectées par les rébellions de 1837 et 1838 (voir Rébellion du Bas-Canada (La guerre des patriotes); Rébellion du Haut-Canada). John Redpath critique particulièrement la réaction du gouvernement britannique. Il aurait même pris part, selon l’auteur Richard Feltoe, à l’organisation d’une armée clandestine destinée à résister aux Patriotes. Il loue aussi sa maison au général britannique John Colborne, qui écrase plus tard les rébellions au Bas-Canada.

Carrière politique

John Redpath siège brièvement au conseil municipal de Montréal de 1840 à 1843. Mais son service public ne s’arrête pas là. Il s’implique également à la Commission du canal de Lachine dans les années 1830 et au bureau des Travaux publics de la province au cours des années 1840. De plus, il contribue au mouvement pour l’annexion de la fin des années 1840. Il devient même président de l’Association pour l’annexion de Montréal en 1849 (voir Association pour l’annexion), poste qu’il gardera le temps d’un mandat. Dans les décennies précédant la Confédération, les personnes en faveur de l’annexion militent pour une fusion avec les États-Unis. Cette fusion semble avantageuse aux hommes d’affaires canadiens, qui souhaitent un plus grand marché pour vendre leurs biens. Par ailleurs, à l’époque, le Canada perd des artisans et d’autres travailleurs qualifiés, qui s’installent aux États-Unis. C’est le cas notamment des immigrants canadiens-français, relocalisés en Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les usines de textile (voir Franco-Américains; Émigration). L’intérêt pour ce mouvement décline dans les années 1850.

Sucre Redpath

En 1854, John Redpath commence la construction de son prochain grand investissement : la Canada Sugar Refining Company. (Voir aussi Sucrerie Redpath; Industrie du sucre.) On estime qu’il investit 40 000 livres dans l’achat du terrain, la construction de la raffinerie et l’acquisition des machines nécessaires à son exploitation. Il consacre le même capital au lancement des activités de l’entreprise.

Raffinerie de sucre Redpath

La raffinerie fleurit rapidement et aide à faire du port industriel du canal de Lachine un centre industriel canadien (voir Canal de Lachine). Quand l’entreprise commence à connaître du succès, John Redpath s’éloigne de ses activités quotidiennes. Il laisse son fils, Peter Redpath, et son gendre, George A. Drummond, prendre davantage le contrôle de l’exploitation de l’entreprise. En 1857, Peter est fait partenaire, suivi en 1861 par George, qui gérait la raffinerie pendant sa construction.

Philanthropie

John Redpath meurt en 1869. Au cours de sa vie, il verse des dons de charité importants qui contribuent à de nombreuses institutions. Certaines continuent encore aujourd’hui de desservir la population montréalaise. On compte parmi celles-ci l’Hôpital général de Montréal, le Collège presbytérien, l’Institut d’artisans de Montréal (aujourd’hui connu sous le nom de Bibliothèque et centre d’informatique Atwater) et l’ancienne Protestant House of Industry and Refuge. (Voir aussi Salle des Artisans, Montréal; Instituts d’artisans).

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