Pierre Poilievre | l'Encyclopédie Canadienne

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Pierre Poilievre

Pierre Poilievre, politicien, député de la Chambre des communes depuis 2004, ministre de cabinet et chef de l’opposition officielle depuis 2022 (né le 3 juin 1979 à Calgary, en Alberta). Pierre Poilievre est député de la circonscription de Carleton (auparavant Nepean-Carleton), à Ottawa, depuis 2004. Après avoir été le plus jeune député de la Chambre des communes, Pierre Poilievre est devenu ministre du cabinet dans le gouvernement du premier ministre Stephen Harper. Reconnu comme un politicien pugnace, Pierre Poilievre a été un critique acharné du premier ministre Justin Trudeau et de son gouvernement. Il est devenu le chef du Parti conservateur et de l’opposition officielle en septembre 2022.

Jeunesse et formation

Pierre Poilievre naît à Calgary, en Alberta. Fils d’une mère adolescente, pas encore mariée, il est placé en adoption dès sa naissance auprès de deux enseignants, Donald et Marlene Poilievre. Pierre Poilievre confiera plus tard que le fait d’avoir été adopté a été un des fondements de ses valeurs conservatrices, car il y a vu la démonstration que c’est la « générosité bénévole » qui est au cœur des communautés, plutôt que l’interventionnisme gouvernemental dans la vie des gens.

Alors qu’il grandit dans la région de Shawnessy, au sud-ouest de Calgary, Pierre Poilievre aime le hockey, la plongée et la lutte. Mais devenu jeune homme, il découvre sa vraie passion, la politique. Tandis qu’il fréquente l’école secondaire Henry Wise Wood, il est membre du club conservateur et participe à une modélisation des Nations Unies à l’Université de Calgary. Pierre Poilievre vend des cartes de membre du Parti réformiste du Canada pour le futur ministre du cabinet fédéral et premier ministre de l’Alberta Jason Kenney. En 1996, à l’âge de 17 ans, il assiste à un congrès du Parti réformiste.

Études et engagements politiques

En 2008, Pierre Poilievre obtient un baccalauréat ès arts en relations internationales à l’Université de Calgary. Pendant ses études, il devient vice-président du Reform Club. Il fait aussi partie des 10 finalistes qui remportent 10 000 $ au concours de dissertation « As Prime Minister ». Son texte de 2 500 mots est intitulé « Building Canada through Freedom » (Construire le Canada dans la liberté). Il affirme, comme il continuera de le faire tout au long de sa future carrière politique, que la liberté est la base de la prospérité personnelle des Canadiens et Canadiennes et de la démocratie au pays. Les idées exprimées dans le texte reflètent sa lecture de Capitalism and Freedom, de Milton Friedman, un livre dont Pierre Poilievre dira plus tard qu’il a joué un rôle fondateur pour sa pensée politique.

La dissertation de Pierre Poilievre lui donne l’occasion de rencontrer le premier ministre Jean Chrétien. Témoignant d’une propension précoce pour les coups d’éclat, il déclare au Calgary Herald : « J’espère seulement qu’aucune de mes idées n’offensera le premier ministre, parce que beaucoup d’entre elles entrent en conflit avec le système dépassé qu’il a maintenu au cours des dernières années. »

Quand le Parti réformiste devient l’Alliance canadienne, en janvier 2000, Pierre Poilievre se porte volontaire pour recueillir des fonds pour aider Stockwell Day à se faire élire à la direction du nouveau parti. Il accepte ensuite l’offre de Stockwell Day et devient un de ses adjoints parlementaires à Ottawa.

Député de la Chambre des communes (2004-2008)

En décembre 2003, le Parti progressiste-conservateur et l’Alliance canadienne se fusionnent pour former le Parti conservateur du Canada, dirigé par Stephen Harper. Peu après, Pierre Poilievre remporte la nomination pour la circonscription de Nepean-Carleton à Ottawa. Quelques mois plus tard, le premier ministre libéral Paul Martin déclenche une élection qui se tiendra le 28 juin 2004.

Pierre Poilievre affronte le libéral David Pratt, député depuis deux mandats et ministre de la défense. Poilievre confie à ses parents qu’il s’attend à perdre, mais il défait David Pratt par 3 700 votes. Âgé de 25 ans, il est le plus jeune député de la Chambre des communes.

Il acquiert rapidement une notoriété nationale pour ses attaques cinglantes contre les personnes et les politiques auxquelles il s’oppose. Il est filmé alors qu’il profère des jurons contre des collègues dans un comité, et doit ensuite s’excuser d’avoir posé un geste désobligeant dans la Chambre des communes. Il utilise une expression raciste, « tar baby » (bébé de goudron) en référence à une politique fédérale de tarification du carbone. Certains le qualifient de « chien d’attaque » de Stephen Harper. Pierre Poilievre justifie ainsi son style combatif : « Je crois que les idées pour lesquelles je travaille valent qu’on se batte pour elles, et pour faire cela, il faut fréquemment souligner les faiblesses des autres options. » En 2006, il est élu comme le député travaillant le plus fort par le personnel du Parlement.

Dans l’élection fédérale de 2006, Pierre Poilievre est réélu avec 55 % des votes dans sa circonscription. Le Parti conservateur forme un gouvernement minoritaire. Le premier ministre Stephen Harper nomme Pierre Poilievre secrétaire parlementaire du président du Conseil du trésor. Sa réalisation la plus notable est sa contribution à la rédaction et à l’adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité. Promulguée en décembre 2006, celle-ci vise à assurer une transparence accrue au financement des campagnes, au lobbying, aux approvisionnements et à la protection des lanceurs d’alerte.

En juin 2008, un jour avant que Stephen Harper présente ses excuses aux peuples autochtones pour la responsabilité du gouvernement dans le système des pensionnats indiens, Pierre Poilievre dénigre la compensation financière qui doit accompagner les excuses. Il déclare : « Mon point de vue est que nous devons encourager les valeurs de travail assidu, d’indépendance et d’autonomie. C’est la solution à long terme – plus d’argent ne résoudra rien. » Le lendemain, il présente ses excuses dans la Chambre des communes pour cette remarque.

Député de la Chambre des communes (2008-2013)

À l’élection fédérale d’octobre 2008, Pierre Poilievre conserve son siège avec 55,8 % du vote. En novembre 2008, il est nommé secrétaire parlementaire du premier ministre et du ministre des Affaires intergouvernementales.

En 2009, le chef libéral Michael Ignatieff et le premier ministre Stephen Harper acceptent de former un groupe de travail pour préparer la réforme de l’assurance chômage. Mais la réputation belliqueuse de Pierre Poilievre est si bien établie que sa nomination dans le groupe est interprétée par beaucoup comme une tentative réussie de Stephen Harper pour saboter l’entreprise.

En 2012, Pierre Poilievre défend l’idée de rendre les cotisations syndicales facultatives pour les employés de la fonction publique. Aux critiques qui l’accusent de vouloir détruire les syndicats, il répond : « Vous pouvez appeler cela comme ça. Je considère que cela accroîtrait les droits et libertés des travailleurs. » Son travail contribue à l’adoption des projets de loi C‑377 et C‑525, deux législations anti-syndicales qui seront abrogées ultérieurement par l’adoption du projet de loi libéral C‑4 en 2017.

Ministre du cabinet (2013-2015)

Dans le remaniement ministériel de juillet 2013, Pierre Poilievre est nommé ministre d’État (Réforme démocratique). En février 2014, il dépose le projet de loi C‑23 sur l’intégrité des élections. L’opposition, les experts et les éditorialistes affirment que cette loi rendrait le vote plus difficile. Après un affrontement parlementaire et l’adoption de nombreux amendements, le projet de loi C‑23 est adopté en mai.

Dans un remaniement ministériel en février 2015, Pierre Poilievre est promu ministre de l’Emploi et du Développement social. À un moment où les conservateurs se concentrent déjà sur les enjeux économiques dans le but de remporter l’élection qui s’en vient, cette nomination démontre la confiance accordée aux aptitudes de Pierre Poilievre.

En juillet 2015, Pierre Poilievre annonce que les paiements d’allocation familiale pour les enfants de moins de six ans passeront de 100 $ à 160 $ par enfant. Plus encore, cette augmentation sera rétroactive pour six mois, de telle sorte que les parents avec enfants de moins de six ans recevront 420 $ par enfant, tandis que ceux qui ont des enfants âgés de six à dix‑sept ans recevront 520 $ par enfant. Le déclenchement des élections étant imminent, les critiques y voient une annonce bassement partisane. On reproche aussi à Pierre Poilievre d’avoir porté un polo bleu avec un logo du parti conservateur lorsqu’il a annoncé la nouvelle. Deux ans plus tard, le commissaire aux élections détermine que l’événement a violé les règles du financement électoral.

Député de l’opposition (2015-2022)

Le 19 octobre 2015, 184 candidats libéraux sont élus et le parti forme un gouvernement majoritaire dirigé par Justin Trudeau. La circonscription de Pierre Poilievre fait partie de celles qui ont été modifiées avant l’élection et a été renommée Carleton. Il est réélu avec 47 % du vote, comparativement à 44 % pour le candidat libéral Chris Rodgers.

Après la démission de Stephen Harper, à la suite de l’élection, le Parti conservateur est dirigé pendant plusieurs années par des chefs intérimaires et par deux leaders décevants. Pendant cette période, Pierre Poilievre est critique du Conseil du Trésor, du ministère de l’Emploi et du Développement social et du ministère des Finances.

L’élection fédérale d’octobre 2019 reporte les libéraux au pouvoir avec un gouvernement minoritaire. Pierre Poilievre est à nouveau réélu dans Carleton. Lorsque le chef du Parti conservateur Andrew Scheer donne sa démission, Pierre Poilievre se prépare d’abord à se présenter comme chef puis se retire, invoquant qu’il a besoin de temps pour s’occuper de sa jeune famille.

Pierre Poilievre remporte à nouveau sa circonscription à l’élection du 20 septembre 2021. Beaucoup de partisans du Parti conservateur et de membres du caucus considèrent que le chef du Parti conservateur Erin O’Toole a mal géré la campagne, qui a reporté les libéraux au pouvoir avec un autre gouvernement minoritaire. Erin O’Toole démissionne le 4 février 2022, deux jours après que 73 des 118 membres du caucus ont voté pour son remplacement.

Le lendemain, Pierre Poilievre annonce sa candidature à la chefferie du Parti conservateur. Conformément aux vues qu’il défend depuis l’école secondaire, il déclare que son objectif est que le peuple canadien devienne « le peuple le plus libre sur Terre ».

Campagne à la chefferie

Tout au long de sa campagne à la chefferie, Pierre Poilievre affirme qu’il ne se présente pas pour devenir chef du Parti conservateur mais pour devenir premier ministre, ce qui lui permettra de rendre le peuple canadien plus libre. Au début de 2022, le Convoi de la liberté bloque temporairement un passage frontalier entre le Canada et les États-Unis en Alberta, puis occupe le centre-ville d’Ottawa du 29 janvier au 21 février. Les militants réclament la fin de la vaccination obligatoire contre la COVID‑19 et la démission du premier ministre Justin Trudeau. Pierre Poilievre appuie sans réserve les manifestations. Le 28 janvier, il se laisse filmer avec les dirigeants de la manifestation et affirme qu’ils représentent « les gens qui veulent se tenir debout et défendre leurs libertés ».

Les sondages indiquent que Pierre Poilievre est en tête tout au long de la campagne au leadership. Ses détracteurs rappellent ses déclarations les plus controversées, comme sa promesse de congédier le gouverneur de la Banque du Canada et sa suggestion que la population canadienne échappe à l’inflation en investissant dans les cryptomonnaies. Toutefois, les foules, dans plus de 80 événements de campagne, sont nombreuses, et les sondages montrent que son avance s’accroît devant d’autres candidats comme l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest et le maire de Brampton Patrick Brown. La campagne de Pierre Poilievre vend 311 958 cartes de membre du parti. Ce chiffre est stupéfiant, quand on considère qu’Andrew Scheer a remporté le leadership du parti en 2017 après en avoir vendu moins de 10 000.

Au moment où Pierre Poilievre remporte la chefferie du Parti conservateur, le 10 septembre 2022, au premier tour avec 68,2 % du vote, sa victoire apparaissait déjà comme évidente. Dans son discours de victoire, Pierre Poilievre s’engage à aider les personnes éprouvées par la volatilité de l’économie post-pandémique. Il affirme que les Canadiens et Canadiennes « ont besoin d’un premier ministre qui les écoute, qui leur redonne l’espoir d’avoir à nouveau les moyens de s’acheter une maison, une voiture, de payer leurs comptes, de se nourrir, d’avoir une retraite sûre, et même, Dieu nous en préserve, de réaliser leurs rêves s’ils travaillent fort. »

Chef du Parti conservateur

Le 13 septembre, Pierre Poilievre présente son équipe de neuf personnes qui dirigera l’opposition officielle. Sa première tâche, dit-il, sera de stopper les augmentations d’impôt proposées par le gouvernement et de juguler l’inflation, qu’il surnomme « Justinflation » dans un effort pour en rejeter le blâme sur Justin Trudeau.

Le premier ministre Trudeau manque les deux premières périodes des questions de la nouvelle session de la Chambre des communes pour assister aux funérailles de la reine Elizabeth II et à une assemblée générale des Nations Unies. La première occasion pour Pierre Poilievre de confronter le premier ministre en tant que nouveau chef de l’opposition se présente le 22 septembre. Il annonce clairement qu’il compte conserver sa combativité partisane lorsqu’il déclare, en français : « C’est bon de voir le premier ministre, qui est venu au Canada pour faire le plein d’essence de son avion privé. » Dans les questions qui suivent, il reproche au gouvernement de n’avoir pas su mettre fin à l’inflation.

Vie personnelle

Pierre Poilievre a rencontré Anaida Galindo, d’origine vénézuelienne, alors qu’elle travaillait comme adjointe parlementaire. Ils se sont mariés au Portugal en décembre 2017. Ils ont eu deux enfants, Valentina et Cruz.