Erin O’Toole | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Erin O’Toole

Erin O’Toole, député (2012‑), chef du Parti conservateur du Canada et chef de l’opposition (2020‑2021), (né le 22 janvier 1973 à Montréal, Québec). Erin O’Toole a servi dans l’Aviation royale canadienne et a travaillé comme avocat de société avant d’être élu député de la circonscription de Durham, en Ontario, en 2012. Il a été ministre des Anciens Combattants en 2015. En août 2020, il a été élu chef du Parti conservateur du Canada et est devenu le chef de l’opposition. À la suite de la défaite du parti aux élections fédérales de septembre 2021, Erin O’Toole a démissionné de son poste de chef le 2 février 2022 après que le caucus conservateur a voté en faveur de sa destitution. Il continue d'être député de Durham.

Erin O’Toole

Jeunesse

Erin O’Toole naît à Montréal. Il est l’aîné de cinq enfants. Alors qu’il a un an, sa famille déménage à Port Perry, en Ontario, où il fréquente l’école primaire. Sa mère meurt d’un cancer du sein alors qu’il a neuf ans. Peu après, sa famille déménage à nouveau, cette fois à Bowmanville, où il reçoit son diplôme d’études secondaires du Bowmanville High School.

Études et service militaire

À l’âge de 18 ans, Erin O’Toole fréquente le Collège militaire royal du Canada à Kingston. Après avoir obtenu un baccalauréat ès arts en histoire et science politique en 1995, il devient officier commissionné dans l’Aviation royale canadienne. Il fait son service à Trenton et obtient son brevet de pilote à Winnipeg. Il est ensuite affecté à la 12e Escadre à Shearwater, en Nouvelle-Écosse. Membre du 423e Escadron, Erin O’Toole est navigateur tactique à bord d’hélicoptères CH‑124 Sea King. (Voir aussi Aviation militaire.) Il participe à des missions de recherche et sauvetage et soutient les activités de surveillance maritime et les opérations anti-sous-marines de la Marine royale canadienne à bord de la frégate NCSM St. John’s.

En 2000, ayant atteint le rang de capitaine, Erin O’Toole est transféré à la Force de réserve pendant trois ans. Tout en servant en tant qu’officier de formation auprès du 406e Escadron, il obtient un diplôme en droit de l’Université Dalhousie. À Halifax, il rencontre et épouse sa femme, Rebecca. Ils ont deux enfants, Mollie et Jack.

Carrière juridique

Après avoir obtenu son diplôme en droit en 2003, Erin O’Toole déménage avec sa famille à Toronto où il se spécialise en droit des sociétés. Il travaille pour la grande compagnie Stikeman Elliott puis chez Procter & Gamble avant de passer chez Heenan Blaikie. Il s’occupe des dossiers litigieux et conseille la haute direction sur des questions relatives au commerce, à la concurrence et à l’environnement.

Service public

Les grands-pères d’Erin O’Toole, qui ont tous deux combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale, ainsi que sa mère, qui travaille auprès des réfugiés vietnamiens, lui ont instillé une grande appréciation de la valeur du service public. En 1995, Erin O’Toole aide son père, John, dans sa campagne pour devenir député du parlement provincial de Durham, en Ontario. John O’Toole est élu et conserve son poste pendant 19 ans.

Parallèlement à sa carrière en droit des sociétés, Erin O’Toole travaille bénévolement pour la Légion royale canadienne et le Club Rotary. Il siège au conseil du Collège militaire royal, contribue à la création du Clarington Youth and Community Leadership Dinner et recueille des fonds pour construire des écoles en Afrique. Il est aussi co-président du projet River Runs Through Us, qui vise à protéger l’habitat des poissons et à établir une zone récréative dans le ruisseau de Bowmanville. Erin O’Toole est le fondateur de La Patrie gravée sur le cœur, une organisation qui recueille des millions de dollars pour soutenir les anciens combattants et leurs familles. Il est aussi directeur de la Churchill Society, qui promeut des programmes éducatifs sur la démocratie parlementaire. Il est à la tête de la campagne pour créer un mémorial pour les Canadiens morts en service en Afghanistan et il est ambassadeur de la Fondation Vimy, qui a contribué à la commémoration du 100e anniversaire de la Bataille de la crête de Vimy.

Député de la Chambre des communes

En 2012, Erin O’Toole se présente dans une élection partielle pour devenir député de Durham à la Chambre des communes. Il l’emporte haut la main avec 50,7 % des voix. (Le candidat néo-démocrate Larry O’Connor finit deuxième avec 26,3 %.) C’est la première fois qu’un père et son fils représentent la même circonscription aux niveaux provincial ou fédéral. De septembre 2013 à janvier 2015, Erin O’Toole est secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international dans le gouvernement du premier ministre Stephen Harper.

En janvier 2015, Erin O’Toole est nommé ministre des Anciens Combattants. Le portefeuille est chargé : à l’époque, d’anciens combattants poursuivent le gouvernement, principalement au sujet des coupures dans leurs prestations. Erin O’Toole s’efforce de rétablir des liens de confiance entre les anciens combattants et le gouvernement. Finalement, le recours collectif des anciens combattants, mené par la société Equitas, est débouté en cour.

Course au leadership 2016

Le Parti conservateur perd l’élection de l’automne 2015, mais Erin O’Toole est réélu. Dans une autre victoire décisive, il reçoit 45,1 % des suffrages, comparativement à 35,8  % pour la candidate libérale Corinna Traill.

Lorsque Stephen Harper quitte son poste de chef du parti, Erin O’Toole ne cache pas son désir d’être nommé chef intérimaire. Néanmoins, il n’obtient pas le soutien nécessaire du caucus conservateur. À sa place, la chef intérimaire Rona Ambrose nomme Erin O’Toole critique du cabinet fantôme du parti en matière de sécurité publique.

En octobre 2016, Erin O’Toole devient l’un des 13 candidats à la chefferie du Parti conservateur. Il se présente comme le représentant de l’aile progressiste du parti, et évoque souvent le besoin d’unité du parti. Il finit troisième, derrière Maxime Bernier et le vainqueur Andrew Scheer.

Élection de 2019

Andrew Scheer nomme Erin O’Toole critique des Affaires mondiales dans son cabinet fantôme. Dans l’élection fédérale d’octobre 2019, Erin O’Toole conserve son siège; il obtient 42,3 % du vote, comparativement à 32,2 % pour le candidat libéral Jonathan Giancroce. Le gouvernement libéral de Justin Trudeau est réduit à un gouvernement minoritaire. Andrew Scheer est fortement critiqué pour son échec à conduire les conservateurs vers une victoire prédite par les sondages. En décembre, Andrew Scheer démissionne, après la révélation qu’il a utilisé de l’argent du parti pour payer les études de ses enfants dans une école privée.

Course à la chefferie de 2020

En 2020, Erin O’Toole se porte à nouveau candidat à la chefferie du Parti conservateur. Cette fois, son principal opposant est Peter MacKay, ancien ministre du cabinet de Stephen Harper et dernier chef du Parti progressiste-conservateur fédéral. Erin O’Toole laisse tomber plusieurs idées progressistes de sa campagne précédente. À la place, il soutient qu’il est le seul candidat « entièrement bleu » représentant les idées conservatrices. Son slogan est « Take Back Canada » (« reprendre le Canada »). Erin O’Toole précise qu’il entend par là sortir le Canada des « politiques de taxations et de dépenses » des libéraux de Justin Trudeau. Son programme, d’une cinquantaine de pages, met de l’avant la création d’emplois, l’abandon de la tarification du carbone, le retrait du financement de Radio-Canada, le soutien au secteur de l’énergie et l’établissement de peines obligatoires pour les crimes.

En raison de la pandémie de COVID-19, la campagne au leadership est menée virtuellement. Le dépouillement du vote par la poste est retardé jusqu’au 23 août 2020. Une machine à ouvrir le courrier défectueuse ayant coupé un grand nombre de bulletins, le résultat final n’est connu que le 24 août à une heure du matin. Erin O’Toole remporte 57 % des votes au troisième tour, devenant ainsi chef du Parti conservateur et chef de l’opposition.

Chef de l’Opposition, 2020 à 2021

Les premiers mois du mandat de chef d’Erin O’Toole sont éclipsés par la crise de la pandémie et le ralentissement économique qui en résulte. Il travaille à unifier le parti et à le présenter comme un gouvernement en devenir. Il s’efforce aussi d’ouvrir le parti à des groupes qui se sont parfois plaints de se sentir mal accueillis ou ignorés par les conservateurs. Ceci comprend les Québécois francophones, les membres de la communauté LGBTQ, et ceux qui craignent que les conservateurs imposent de nouvelles restrictions au droit à l’avortement.

Alors qu’Erin O’Toole s’efforce de construire le parti et de se présenter aux Canadiens, ses efforts sont souvent contrariés par les restrictions sur les voyages et les rassemblements en personne rendues nécessaires par la pandémie. Par ailleurs, Maxime Bernier, l’ancien ministre du cabinet Harper qui a quitté le Parti conservateur en 2018 après avoir perdu l’élection à la direction du parti en 2017 contre Andrew Scheer et contesté les résultats, forme le Parti populaire du Canada (PPC). Le nouveau parti défend des politiques à la droite des conservateurs et commence à attirer de nombreux électeurs conservateurs d’extrême droite.

Élections fédérales de 2021

Le 15 août 2021, le premier ministre Justin Trudeau convoque une élection pour le 20 septembre. Erin O’Toole publie alors la plateforme de 160 pages du Parti conservateur au premier jour complet de la campagne. Les programmes ne sont pas chiffrés, mais les promesses de la plateforme comprennent des mesures sur le changement climatique, un crédit d’impôt pour soutenir les services de garde d’enfants, un financement soutenu des soins de santé et un soutien aux entreprises qui se remettent de la pandémie.

Au début de la campagne, Trudeau et les libéraux ont une avance confortable dans les sondages. Cependant, Stephen Maher écrit dans Maclean’s que « si O’Toole continue de se présenter comme un intello de la politique avec un plan détaillé, les électeurs indécis pourraient acheter ce qu’il vend ». Au milieu de la campagne de 36 jours, cela semble se concrétiser; un sondage Ipsos daté du 8 septembre montre un soutien de 35 % pour les conservateurs d’Erin O’Toole, contre 32 % pour les libéraux. Erin O’Toole se comporte bien lors de deux débats télévisés en français et un en anglais. Il commence également à se présenter davantage comme un centriste que comme un conservateur. Il revient sur son opposition à la politique de tarification du carbone de Justin Trudeau, se distancie des opinions sociales conservatrices sur l’avortement et les questions LGBTQ2S+, et fait marche arrière sur sa promesse d’annuler l’interdiction de certaines armes d’assaut par les libéraux. (Voir aussi Contrôle des armes à feu.)

Au cours de la dernière semaine de la campagne, cependant, la dynamique change une fois de plus. Erin O’Toole est incapable de défendre efficacement la décision d’un nombre indéterminé de candidats conservateurs de ne pas se faire vacciner. Il se met encore davantage dans le pétrin lorsque les taux d’infection au COVID-19 et les hospitalisations grimpent en flèche en Alberta. En effet, Erin O’Toole refuse même de reconnaître qu’il a auparavant fait l’éloge de la réponse de la province à la pandémie, dirigée par le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney.

Lorsque les votes sont comptés, les libéraux remportent de nouveau un gouvernement minoritaire et les conservateurs restent en deuxième position en tant qu’opposition officielle. Les candidats conservateurs de tout le pays obtiennent plus de 186 000 voix de plus que les candidats libéraux, mais les votes des libéraux sont concentrés dans les zones urbaines avec un plus grand nombre de circonscriptions, ce qui donne au Parti libéral plus de sièges. Le nombre final de sièges est de 159 pour les libéraux (deux de plus qu’en 2019) et de 119 pour les conservateurs (deux de moins qu’en 2019). Le Parti populaire du Canada ne remporte aucun siège, mais siphonne suffisamment de voix aux candidats conservateurs pour faire perdre au Parti conservateur une vingtaine de sièges. Maxime Bernier et Jason Kenney reçoivent le crédit et le blâme, respectivement, pour la perte des conservateurs.

Chef de l’Opposition, de 2021 à 2022

Après l’élection, Erin O’Toole annonce qu’il restera chef et qu’il poursuivra son travail de construction du parti. Cependant, son avenir dans ce rôle reste incertain. Bien que de nombreux experts aient applaudi son virage vers le centre comme étant nécessaire pour obtenir une majorité et comme étant la raison de la percée du parti dans le Canada atlantique, plusieurs membres du parti se sentent trahis par ses volte-face sur des politiques conservatrices clés. Un membre du Conseil national du Parti conservateur lance même une pétition en ligne demandant un référendum sur le leadership d’O’Toole. Au 24 septembre, elle a recueilli plus de 2700 signatures.

L’opposition interne à la direction d’Erin O’Toole continue de croître tout au long de l’automne et de l’hiver. Plusieurs associations de circonscription, ainsi que la sénatrice Denise Batters, demandent la tenue d’un vote de confiance sur le leadership d’Erin O’Toole dans les six mois, plutôt qu’au prochain congrès du parti en 2023. À la mi-novembre, Erin O’Toole exclut Denise Batters du caucus, un jour après qu’elle a fait circuler une pétition appelant au vote.

Cependant, le 31 janvier 2022, au milieu de la manifestation des camionneurs anti-vaccins à Ottawa qui semble dynamiser l’extrême droite canadienne, le président du caucus conservateur Scott Reid annonce qu’il a reçu des demandes écrites pour une révision de la direction de la part de plus de 20 % des membres du caucus. Il déclare également qu’un vote secret sur le leadership d’Erin O’Toole aura lieu dès le 2 février. En réponse, Erin O’Toole déclare dans une publication sur Facebook : « Il y a deux voies ouvertes pour le Parti conservateur du Canada. L’une est… colérique, négative et extrême. C’est une voie sans issue; une voie qui verrait le parti de la Confédération devenir le NPD de la droite. L’autre voie consiste à mieux refléter le Canada de 2022. Reconnaître que le conservatisme est organique et non statique et qu’un message gagnant est un message d’inclusion, d’optimisme, d’idées et d’espoir […] Il est temps de faire le point. De régler ça en caucus. Ici même. Ici et maintenant. Une fois pour toutes. La colère contre l’optimisme. Voilà le choix en termes simples. »

Lors du vote du caucus de 118 membres, le 2 février, 45 députés appuient le leadership d’Erin O’Toole et 73 votent en faveur de son retrait. Erin O’Toole démissionne de son poste de chef après le vote, avec effet immédiat. Il continue à servir en tant que député. Candice Bergen, députée de Portage-Lisgar depuis 2008, est élue chef intérimaire plus tard dans la journée. Pierre Poilievre a été élu nouveau chef le 10 septembre 2022. O'Toole continue d'être député de Durham.