Frank Calder | l'Encyclopédie Canadienne

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Frank Calder

Frank Sellick Calder, dirigeant du hockey (né le 17 novembre 1877, à Bristol, en Angleterre; décédé le 4 février 1943, à Montréal, au Québec). Frank Calder a été président de la Ligue nationale de hockey (LNH) depuis sa fondation, en 1917, jusqu’à son décès soudain, en 1943. Au cours de son mandat, la ligue s’est étendue dans les grandes villes américaines et s’est imposée comme le palier supérieur du hockey professionnel. Le prix de la recrue de l’année de la LNH, le trophée commémoratif Calder, et le trophée du championnat de la Ligue américaine de hockey, la Coupe Calder, ont tous deux été nommés en son honneur. Frank Calder a été intronisé au Temple de la renommée du hockey et au Panthéon des sports canadiens.

Frank Calder

Jeunesse et début de carrière

Frank Calder naît de parents écossais, à Bristol, en Angleterre. Son père est médecin. Le jeune Frank, animé par un vif désir de découvrir le monde, tire au sort pour choisir entre le Canada et Terre‑Neuve, à l’époque une colonie britannique. Il part pour le Canada et, en 1900, il est maître principal à l’école Abingdon, une école primaire privée anglophone de Montréal.

Frank Calder épouse Amelia Cope, une immigrante anglaise, née près de Bristol. Le couple donne naissance à trois garçons, Frank fils, John et Thomas, et à une fille, Edith.

Frank Calder arrive au Canada avec de solides connaissances sur les sports les plus répandus en Grande‑Bretagne : le soccer, le rugby et le criquet. Jeune homme, il joue au soccer et au cricket pour les équipes de l’Association des athlètes amateurs de Montréal, se mettant également au golf et au handball. Il contribue à la mise en place d’une ligue interscolaire de rugby à Montréal et occupe ultérieurement les fonctions de trésorier de l’association provinciale de soccer. Il se plonge alors dans un sport relativement nouveau, le hockey sur glace, avec, comme objectif, de l’enseigner à ses élèves.

En 1907, Frank Calder devient journaliste. Il débute sa carrière dans ce nouveau métier comme rédacteur sportif au Daily Witness, un poste qu’il occupe également, ultérieurement, dans un autre journal plus influent, le Montreal Herald. Il se bâtit la réputation de n’avoir peur de rien dans son métier de journaliste, condamnant les arrangements lors des matchs de lutte professionnelle et rendant public l’état déplorable des pistes sur lesquelles se déroulent les courses équestres.

Dirigeant du hockey

Le 15 novembre 1914, Frank Calder est élu secrétaire‑trésorier de l’Association nationale de hockey, un circuit professionnel regroupant six équipes en Ontario et au Québec. (Voir La naissance de la Ligue nationale de hockey.) Sa candidature a été promue par George Kennedy, propriétaire des Canadiens de Montréal. L’ANH, qui a institué le hockey à six, en éliminant le poste de maraudeur, connaît une histoire mouvementée. La concurrence avec des ligues rivales, la perte de joueurs participant aux combats de la Première Guerre mondiale et les querelles entre les propriétaires rendent l’avenir de cette ligue incertain. (Voir aussi Jack « Doc » Gibson.)

Les choses atteignent leur paroxysme trois ans après l’arrivée de Frank Calder au sein de l’équipe de direction. Afin de se débarrasser d’E.J. (Eddie) Livingstone, propriétaire d’une franchise à Toronto qui pose de nombreux problèmes, les autres propriétaires décident de constituer un nouveau circuit appelé Ligue nationale de hockey. La décision de créer cette nouvelle ligue est prise lors d’une réunion dans une salle de l’hôtel Windsor de Montréal, le 22 novembre 1917. Frank Calder est élu président et secrétaire de la nouvelle organisation.

La ligue ainsi créée compte alors quatre équipes : les Canadiens, les Wanderers de Montréal, les Sénateurs d’Ottawa et le Toronto Hockey Club (également appelé les Blues ou les Blue Shirts) qui jouera sous le nom des Arenas de Toronto, pendant la saison 1918‑1919.

La première saison de la ligue s’avère pour le moins mouvementée. Les Wanderers sont surclassés par les autres équipes. Le propriétaire formule des demandes pour l’intégration de meilleurs joueurs dans son équipe. Plus tard, le 2 janvier 1918, un incendie détruit l’aréna de Westmount, laissant les Canadiens et les Wanderers sans patinoire où disputer leurs matchs à domicile. Frustré, le propriétaire des Wanderers retire son équipe, les Canadiens élisant, quant à eux, domicile dans un aréna beaucoup plus petit, la patinoire Jubilee. La ligue se rend ainsi, tant bien que mal, jusqu’au terme de sa première saison, avec seulement trois équipes.

La franchise de Toronto est dissoute vers la fin de la deuxième saison de la LNH, Frank Calder décidant alors d’annuler les deux derniers matchs prévus. Les Canadiens battent ensuite les Sénateurs en cinq matchs dans une série au meilleur des sept matchs, remportant le droit de voyager en direction de l’Ouest pour affronter les champions de l’Association de hockey de la côte du Pacifique, les Metropolitans de Seattle, pour la Coupe Stanley. Après cinq matchs, la série est suspendue et ne sera jamais achevée, en raison du déclenchement de l’épidémie de grippe espagnole, qui met à mal de nombreux joueurs des deux équipes, rendant impossible la poursuite de cet affrontement; Joe Hall, un joueur des Canadiens, décède à Seattle.

Ces deux saisons chaotiques n’augurent rien de bon pour l’avenir de la LNH. Toutefois, la ligue survit, essentiellement grâce à la ténacité de Frank Calder qui réussit à contrecarrer les projets des ligues rivales. Après la fin de la Première Guerre mondiale, le nombre de spectateurs assistant aux matchs de la LNH augmente notablement. Les années 1920 sont une décennie d’expansion qui voit la LNH connaître un véritable essor. Les Maroons de Montréal se joignent à la ligue, pour la saison 1924‑1925, jouant au forum de Montréal qui vient d’ouvrir ses portes. Cette saison-là, les Bruins de Boston intègrent également la LNH, devenant ainsi la première équipe américaine à y jouer. À la fin de la décennie, la LNH compte 10 équipes. Pendant ce temps, l’effondrement du hockey professionnel majeur dans l’Ouest canadien laisse la LNH aux commandes de la Coupe Stanley; la période au cours de laquelle la compétition pour le trophée de la Coupe Stanley se déroulait sous la forme d’un défi prend ainsi fin.

La LNH ne tarde pas à ressentir les effets de la Grande Dépression. Avant de mettre la clé sous la porte, la franchise d’Ottawa se voit contrainte de déménager à St. Louis. L’équipe de Pittsburgh s’installe à Philadelphie, pour une saison, avant de cesser ses activités en 1931. En 1938, les Maroons suspendent leurs activités et ne les reprendront jamais. Les Americans de New York suivent le même chemin à l’issue de la saison 1941‑1942, ne laissant que six équipes en activité au sein de la LNH : les Canadiens, les Bruins, les Black Hawks de Chicago, les Rangers de New York, les Red Wings de Detroit et les Maple Leafs de Toronto, que l’on appellera plus tard les « six équipes originales ».

Comme si la lutte contre les problèmes financiers ne constituait pas un défi suffisant, la ligue doit également faire face à la mort subite de deux joueurs vedettes : Charlie Gardiner, des suites d’une hémorragie cérébrale, à 29 ans, en 1934, et Howie Morenz, de complications liées à une jambe cassée, à 34 ans, en 1937.

En tant que président de la ligue, Frank Calder joue un rôle clé pour mettre fin à la grève des joueurs menée par les Tigers de Hamilton, avant le début des séries éliminatoires de 1925. La suspension, pendant 16 matchs, d’Eddie Shore, de Boston, pour une agression contre Irvine « Ace » Bailey de Toronto, lors d’un match disputé le 12 décembre 1933, constitue un autre épisode marquant du mandat du premier président de la LNH. Le joueur de Toronto passe tout près de la mort après avoir heurté la glace avec sa tête et ne rejouera plus jamais. Un match‑bénéfice, organisé le jour de la Saint‑Valentin suivant à Toronto, permet de recueillir des fonds en faveur du joueur. On considère aujourd’hui que cette partie préfigurait le match annuel des étoiles de la LNH.

Le déclenchement de la guerre en Europe, juste avant le début de la saison 1939‑1940, débouche sur le départ de nombreux joueurs, beaucoup d’entre eux s’enrôlant, au cours des saisons suivantes, pour servir dans les Forces armées canadiennes.

Décès

Le 25 janvier 1943, Frank Calder subit une crise cardiaque lors d’une rencontre de la LNH à Toronto. Il est alors transporté d’urgence à l’hôpital. Après avoir suffisamment récupéré, il est transféré à l’Hôpital général de Montréal où, le matin du 4 février, il prend son petit déjeuner dans sa chambre, entouré de sa famille. Il décèdera peu après.

Bien que Frank Calder ait été très critiqué en tant que président, son décès inattendu conduit à une réévaluation de ce qu’il a accompli en guidant la LNH vers une place dominante dans le hockey professionnel. Le chroniqueur Jim Coleman écrit à ce sujet : « Les 25 années pendant lesquelles M. Calder aura réussi à calmer des magnats querelleurs et à guider la ligue avec sagesse et impartialité resteront éternellement inscrites à son crédit. »

Trophée commémoratif Calder

À la fin de la saison 1933, Frank Calder nomme Carl Voss recrue de l’année de la LNH, donnant ainsi le coup d’envoi d’une tradition annuelle. Quatre ans plus tard, le président de la ligue acquiert un trophée à remettre à la meilleure recrue de l’année, Syl Apps, que le joueur est autorisé à conserver. Après la mort de son président, en février 1943, la LNH rebaptise ce prix trophée commémoratif Calder. Depuis, il est venu récompenser certains des plus grands joueurs de l’histoire du hockey, notamment Terry Sawchuk, Bobby Orr, Ken Dryden et Mario Lemieux.


Calder Trophy


Coupe Calder

La Ligue américaine de hockey professionnelle, qui comprend maintenant des équipes qui fonctionnent comme les filiales des équipes de la LNH en ligue mineure, a nommé Coupe Calder le trophée récompensant le vainqueur du championnat, en l’honneur de Frank Calder. Ce trophée est remis, pour la première fois, en 1937.

Distinctions

Frank Calder a été intronisé au Temple de la renommée du hockey dans la catégorie Bâtisseur, en 1947. Il a également été intronisé, à titre posthume, au Panthéon des sports canadiens, en 2015.