Géographie de Terre-Neuve-et-Labrador | l'Encyclopédie Canadienne

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Géographie de Terre-Neuve-et-Labrador

Terre-Neuve-et-Labrador est divisée par trois des sept régions physiographiques du Canada. Ces trois régions sont le Bouclier canadien au Labrador, les Appalaches, et les basses-terres du Saint-Laurent à l’est, sur l’île de Terre-Neuve.

La région côtière du nord du Labrador est montagneuse, elle est composée de profonds fjords et il n’y pousse que de la végétation subarctique au niveau du sol. La région côtière au sud est constituée d’un estran de mer accidenté et dénudé, et d’un hinterland boisé. L’intérieur du Labrador est un plateau bien boisé et sectionné. La plupart des villes les plus peuplées du Labrador, incluant Happy Valley-Goose Bay et Labrador City, sont situées dans cet intérieur.

Sur l’île de Terre-Neuve, la côte ouest est dominée par les monts Long Range aux sommets à surface plane. La côte nord-est, caractérisée par ses nombreuses baies, ses îles et ses promontoires, fait face à l’océan Atlantique, le long de la péninsule Great Northern jusqu’à la presqu’île Avalon. La côte sud de Terre-Neuve présente les caractéristiques profondément enfoncées d’un rivage submergé. Les régions intérieures sont généralement vallonées et accidentées. Les marécages et la végétation de la bruyère couvrent la majeure partie des terres. La plupart des villages et des villes de Terre-Neuve sont situés dans les baies et les anses des côtes ouest et nord-est de l’île.

Régions physiographiques

Géologie

Labrador

Le Labrador occupe la partie la plus à l’est du Bouclier canadien. Le Bouclier est principalement constitué de roches dures, ignées, et métamorphiques de l’époque précambrienne. Il existe des zones de roches sédimentaires plus molles, notamment à l’ouest dans une formation appelée la fosse du Labrador. Cette région contient certains des plus vastes gisements de minerai de fer d’Amérique du Nord. La région intérieure ressemble à un plateau. En moyenne, cette région est d’environ 450 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est disséquée par de larges rivières coulant vers l’est, comme le fleuve Churchill et ses affluents. Ces rivières traversent la bordure est du bouclier en forme de soucoupe, et se déversent dans la mer du Labrador. Cette bordure est largement montagneuse, surtout dans le nord, où les monts Torngat s’élèvent à plus de 1500 mètres d’altitude. Parmi ces derniers, le mont Caubvick est le plus haut, à 1652 mètres.

Parc national des Monts-Torngat

En 1993, on découvre un gisement important de nickel, de cuivre et de cobalt à Voisey Bay (à environ 35 km au sud-ouest de Nain). Il est considéré comme le gisement le plus riche découvert depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Terre-Neuve

L’île de Terre-Neuve fait partie du système des Appalaches et présente l’alignement typique sud-ouest au nord-est de ses principales baies, péninsules, réseaux fluviaux, et chaînes de montagnes. Les roches sont plus variées sur l’île qu’au Labrador. La dérive des continents a été suivie de fréquentes périodes de déformation de la croûte terrestre, et entrecoupée de longues périodes d’érosion et de dépôts. Ces événements se sont combinés pour produire une variété de roches d’âges différents.

Les roches les plus anciennes sont de l’époque précambrienne et se trouvent dans l’est, dans la presqu’île Avalon et la péninsule de Burin, ainsi qu’aux alentours. Ces roches sont essentiellement des roches sédimentaires plissées, mais dans quelques régions, des intrusions ultérieures se sont solidifiées en roches volcaniques. Quelques vestiges de roches sédimentaires ordoviciennes et cambriennes formant des pentes douces se trouvent dans des poches le long de la côte. Les plus importantes se trouvent dans la baie de la Conception, où les roches ordoviciennes qui forment l’île de Bell contiennent des couches de minerai d’hématite.

Les parties centrales et ouest de l’île ont des sous-couches d’une grande variété de roches d’origines sédimentaires, ignées et métamorphiques. De longues périodes d’érosion suivant des périodes de soulèvement ont laissé un paysage polycyclique. Les restes d’anciennes surfaces d’érosion sont exposés à l’intérieur, qui est formé comme un plateau, ainsi que sur les monts Long Range, dont les sommets ont une surface plane. Une ceinture minéralisée qu’on trouve dans ces roches paléozoïques s’étend d’une région de la côte sud juste à l’est de Channel-Port aux Basques, jusqu’à la région ouest de la baie Notre Dame sur la côte nord-est, et cette ceinture est composée de minerais de cuivre, de plomb, de zinc, d’or et d’ argent.

Les roches les plus jeunes et les moins altérées de cette série paléozoïque sont situées sur la plaine côtière ouest. Elles sont mississippiennes et pennsylvaniennes. Elles contiennent du calcaire et une bonne quantité de gypse, que l’on extrait. Il y a également quelques gisements de charbon et des signes de pétrole, mais rien qui aurait une valeur commerciale n’a été découvert. Au large des côtes de Terre-Neuve, de vastes dépôts de roches du crétacé s’étendent le long des Grands Bancs.

Paysage

Toutes les régions de la province montrent les effets de la glaciation continentale de l’époque du Pléistocène, dont les dernières étapes sont survenues il y a 7000 ans. Des calottes glaciaires en mouvement ont frotté et sculpté la surface de la province. La plupart des matériaux d’origine non consolidés sous les sols actuels sont constitués de débris glaciaires ou de sédiments marins.

Les régions intérieures de l’île et du Labrador sont parsemées de lacs et couvertes de moraines. Ces caractéristiques sont la preuve de la présence d’une immense calotte glaciaire. Elle s’est initialement déplacée radialement vers l’extérieur à partir du centre ouest du Labrador, mais dans les derniers temps de la période du Pléistocène, elle s’est décomposée en calottes glaciaires plus petites et séparées, avec des centres au Labrador, au milieu ouest de l’île et sur la presqu’île Avalon.

La plupart des régions côtières sont des fjords là où la glace s’est canalisée dans les vallées du système fluvial préglaciaire. Les fjords les plus longs et les plus abruptes se trouvent dans le nord du Labrador et autour de la péninsule Great Northern de l’île. Cependant, il existe plusieurs endroits où ces traces de décapage provoquées par le mouvement de la glace sont absentes. La majorité des baies ont été approfondies et elles possèdent souvent les caractéristiques des fjords. Au nord de l’île et au Labrador, de nombreux endroits présentent, en raison du soulèvement postglaciaire, des rives surélevées et de grandes étendues de sédiments marins.

Les dépôts marins les plus vastes et les plus impressionnants sont dans les vestiges des deltas soulevés qui se trouvent autour de la baie St-Georges et de Happy Valley-Goose Bay, au Labrador. Les caractéristiques côtières, comme les îles au large, les flèches littorales, les tombolos et les pouliers sont courantes dans les régions côtières du sud et du sud-est.

Végétation

Chutes Churchill, Terre-Neuve-et-Labrador

Dans le nord du Labrador et dans les endroits élevés de la province, les sols sont généralement grossiers et jeunes. En raison des températures fraîches et de l’exposition à des conditions environnementales difficiles, la végétation est soit complètement absente, ou soit seulement composée de variétés subarctiques, de lichen, de toundra, ou de variétés au niveau du sol.

En raison de dépôts de surface profonds, il existe d’excellents peuplements forestiers dans les régions intérieures, comme sur les bassins hydrographiques du fleuve Churchill et des rivières Exploits, Humber et Gander. De vastes tourbières se sont développées dans les nombreux creux de ce paysage glaciaire. La forêt se compose de plusieurs espèces communes à la forêt boréale qui s’étend dans le nord de l’Amérique du Nord.

Le sapin baumier est l’arbre le plus répandu à Terre-Neuve, et il est le deuxième le plus répandu au Labrador. L’épinette noire représente environ le tiers des forêts de Terre-Neuve et le deux tiers des forêts du Labrador. Parmi les espèces moins dominantes figurent le mélèze, le pin et les espèces feuillues comme le bouleau à papier, le peuplier tremble, l’aulne, le cerisier de Pennsylvanie et le sorbier.

Plusieurs des régions non boisées abritent des plantes moussues au niveau du sol, dont certaines servent de nourriture à la faune. D’autres, comme le bleuet, l’airelle et la chicouté (mûres blanches), sont récoltées pour la consommation humaine.

Eau

Grâce au décapage et aux dépôts, la glaciation a laissé un paysage grêlé capable d’emmagasiner de vastes quantités d’eau dans les milliers de lacs, d’étangs et de tourbières. De nombreux lacs se trouvent dans les larges et anciennes vallées qui ont été creusées par le décapage glaciaire et endiguées par les dépôts glaciaires. À l’intérieur du Labrador, des centaines de lacs ont été combinés avec des canaux, des digues et des barrages pour créer le réservoir Smallwood situé derrière l’énorme développement hydroélectrique des chutes Churchill. Le réservoir mesure environ le tiers de la taille du lac Ontario.

En raison du climat humide et des chutes de neige abondantes, la nappe phréatique demeure élevée dans toutes les régions. Les lacs sont généralement pleins et les rivières coulent en permanence. Il existe naturellement quelques fluctuations saisonnières, et certaines années sont soit très humides ou très sèches, mais les pénuries d’eau pour usage domestique ou industriel sont rares.

Climat

Le climat varie considérablement à travers la province. Le climat du nord du Labrador est réellement subarctique en raison de sa température fraîche et sèche tout au long de l’année. À Nain, la température maximale moyenne en janvier est d’environ -13 °C et de 15 °C en juillet. Quant à la température minimale moyenne, elle est d’environ -20 °C en janvier et de 5 °C en juillet. Les hivers de l’intérieur du Labrador sont aussi extrêmement froids.

Les précipitations varient selon la région, même dans le nord du Labrador. Par exemple, les précipitations annuelles moyennes à Nain sont de 892,7 mm, dont environ la moitié proviennent de la neige. Toutefois, les précipitations annuelles du cap Chidley sont d’environ 460 mm. Dans les régions côtières, l’influence de l’océan modifie et réduit les écarts de température entre l’été et l’hiver. Dans le sud du Labrador, les régions côtières sont froides en hiver et fraîches en été, alors que les régions intérieures sont souvent très froides en hiver, mais chaudes en été.

Trinity, Terre-Neuve-et-Labrador

À Terre-Neuve, le climat est presque le même, mais les différences sont moins grandes entre les régions côtières et intérieures. À St. John’s, la température moyenne en janvier est de -1 °C et de 20 °C en juillet. Quant à la température minimale moyenne, elle tombe à environ -8 °C en janvier et à 11 °C en juillet.

Les précipitations varient sur l’île du nord-ouest au sud-est. Les précipitations sont assez régulières tous les mois, mais dans les régions du nord, près de la moitié tombe sous forme de neige, alors que dans le sud-est, qui est plus doux, les chutes de neige ne représentent qu’environ 12 %. La moyenne annuelle des précipitations dans les environs de Burin et Avalon est supérieure à 150 cm.

Le mélange des masses d’air au large du courant du Labrador et du Gulf Stream crée fréquemment du brouillard sur les Grands Bancs et dans les régions côtières de l’est et du sud, plus particulièrement au printemps et au début de l’été.

Faune

Comme la majeure partie de l’intérieur de la province est relativement inhabitée, elle offre un vaste espace et un habitat convenable pour la faune. Certaines espèces constituent une ressource importante. On trouve une plus grande variété au Labrador que sur l’île. Parmi les gros gibiers, on trouve le caribou, l’orignal, l’ours noir, ainsi que l’ours polaire dans les régions côtières du nord. On trouve également beaucoup de petits animaux à fourrure, les plus importants étant le castor, le renard, le lynx, le lapin, la loutre et le rat musqué.

Conservation

Parc national Gros Morne

Dans de nombreuses régions côtières, des colonies de millions d’oiseaux marins nichent chaque année, principalement les goélands, les fous de Bassan, les guillemots, les mouettes et les macareux. Des écologistes ont établi des sanctuaires pour protéger ces oiseaux dans six réserves écologiques provinciales, par exemple dans les îles Gannet au large de la côte du Labrador, sur l’île Funk qui est située sur la côte est de la presqu’île Avalon, et au cap Ste-Marie sur la côte sud. Trois refuges pour oiseaux migrateurs se trouvent sur les îles Grey et dans le parc national Terra Nova.

En plus du parc national Terra Nova, Terre-Neuve-et-Labrador est le foyer de autres trois parcs nationaux, dont le parc national du Gros-Morne. Il existe également 32 parcs provinciaux.